logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Des fonctionnaires (presque) au régime sec

Liaisons Sociales Magazine | Salaires | publié le : 26.01.2016 | Emmanuelle Souffi

Image

Ce mardi noir dans la fonction publique illustre le fort mécontentement face à la baisse du pouvoir d'achat. Pourtant, à y regarder de plus près, des mesures ont été prises pour enrayer le décrochage.

Mis à la diète depuis 2010, les fonctionnaires voient rouge. Après avoir été longtemps résignés, ils ont décidé de sortir les calicots ce 26 janvier à l’appel de la CGT, de Solidaires et de FO pour protester contre la baisse de leur pouvoir d’achat. Rues bloquées par les taxis en guerre contre les VTC, écoles fermées pour cause d’enseignants en grève… Ce mardi noir illustre un mécontentent général, même si les causes du malaise sont bien différentes.

Contraintes financières

Il faut dire que depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir en 2012, les coupes ont été sévères. Les 5,7 millions de fonctionnaires ont fait les frais des contraintes bugétaires. Le gel du point d’indice –qui sert à calculer le salaire de base-, couplé à la baisse puis à la stabilisation des effectifs et à la stricte tenue des primes, a permis de contenir la masse salariale de l'État à 81 milliards d'euros de 2011 à 2014, selon la Cour des comptes. Mais dans le même temps, celle de l'ensemble des fonctions publiques - d'État, hospitalière et territoriale -, a continué de progresser, de 2,3 % de 2010 à 2013. Bien loin cependant des 4,7 % de flambée entre 2008-2009…

Hausse des cotisations retraite

Pour les syndicats, la coupe est pleine. « Le point d’indice a perdu 7 % par rapport à l’inflation, alors que les cotisations retraite ont augmenté d’un peu plus de deux points en cinq ans », déplore l’Union générale des fédérations de fonctionnaires CGT. FO, de son côté, estime que "leur pouvoir d'achat a diminué de 8%."

Compensations salariales

En vérité, certaines mesures ont permis de compenser ce décrochage salarial. En 2008, l’instauration de la garantie individuelle du pouvoir d’achat a comblé l’écart entre l’évolution de la rémunération individuelle et la hausse du coût de la vie pour les fonctionnaires en poste depuis les quatre années précédentes. En 2012, 130 000 d’entre eux en ont bénéficié, pour un montant moyen de 719 euros.

Entre 2007 et 2012, dans la veine du « travailler plus pour gagner plus" cher à Nicolas Sarkozy, ils ont également pu profiter de l’exonération de cotisations sociales sur les heures supplémentaires, tout comme de la possibilité de convertir des jours de congé en espèces sonnantes et trébuchantes.

Enfin, pour les plus petits salaires, le traitement indiciaire minimum a été indexé sur le Smic qui avait fini par le rattraper. 945 000 fonctionnaires ont été réévalués en 2013.

Rendez-vous salarial en février

Reste que l’évolution du point d’indice a une portée symbolique. Marylise Lebranchu recevra les syndicats courant février pour évoquer un potentiel coup de pouce. La ministre de la Fonction publique n’y serait pas hostile, tout comme Matignon. Concéder un geste en direction d’un électorat historique, à un an des élections présidentielles, pourrait apaiser les tensions. Au risque toutefois de mettre en péril les finances publiques. Un petit point d’augmentation plombe le budget de l’État de 1,5 milliard d'euros par an. Ca fait beaucoup pour pas grand-chose au final à la fin du mois…

Auteur

  • Emmanuelle Souffi