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Aetna révolutionne les minima sociaux aux Etats-Unis

Entreprise & Carrières | Salaires | publié le : 21.05.2015 | Caroline Talbot, à New York

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Le siège social d'Aetna à Hartford, Connecticut.

Crédit photo DR

Le patron d’Aetna, l’un des géants américains de l’assurance santé, fait passer le salaire minimum à 16 dollars de l’heure. Il va plus loin que la plupart... et cite l’économiste Thomas Piketty pour justifier son choix.

Aux États-Unis, parler des bienfaits de la sécurité sociale française équivaut à un suicide social. L’impétrant est derechef classé socialiste ou communiste… bref paria. Alors, lire Thomas Piketty est un acte quasi révolutionnaire. Pourtant, le Pdg du grand groupe d’assurance santé Aetna, Mark Bertolini, l’a fait. Et, pire encore, il incite ses cadres supérieurs à feuilleter Le Capital au XXIe siècle,l’un des derniers ouvrages de l’économiste français. Objectif : leur faire comprendre l’intérêt d’une forte hausse du minimum horaire dans le groupe.

Force de travail Mark Bertolini, 58 ans, est persuadé que le secteur privé doit être force d’innovations. « Nous gérons souvent bien le capital, déclare-t-il. Mais pour moi, la valeur rare est une force de travail douée et active. » Aetna (58 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2014 ; 2,04 milliards de bénéfices) investit donc dans « la santé et la sécurité financière de ses salariés ».
 
À la fin du mois d’avril, les collaborateurs les moins bien payés du groupe verront le minimum horaire passer de 12 à 16 dollars (près de 15 euros). La mesure touche 5 700 personnes sur un total de 50 000 salariés. Ce sont des comptables, des gestionnaires de remboursement, des employés du service clients. Un certain nombre d’entre eux n’étant pas au plus bas, la hausse moyenne horaire est donc de + 11 %, avec une pointe à + 33 % pour ceux qui figuraient tout en bas de l’échelle des rémunérations. Dans la foulée, la direction d’Aetna s’est engagée à prendre en charge une part plus importante des coûts de la santé pour 7 000 personnes en 2016. Ce qui pourrait entraîner 4 000 dollars d’économies par an dans les foyers contraints aux plus fortes dépenses.

Pour Mark Bertolini, la générosité de l’initiative se justifie totalement d’un point de vue économique : « Quand on regarde la taille de notre entreprise, le coût des mesures annoncées n’est pas important. » La hausse des minima reviendra à 14 millions de dollars en 2015...

Auteur

  • Caroline Talbot, à New York