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Une tension persistante sur les métiers de « deuxième ligne » jusqu’en 2030

Marché de l'emploi | publié le : 29.03.2022 | Gilmar Sequeira Martins

Home helper ironing clothes for an old woman

En parallèle de la diminution du taux de chômage, l’augmentation du prix du carburant pourrait entraîner le départ de certains salariés de secteurs tels que l’aide à domicile ou la sécurité.

Crédit photo thodonal - stock.adobe.com

La crise sanitaire a révélé l’importance des salariés de « deuxième ligne ». Dans sa seconde édition, le baromètre KYU Associés revient sur 17 de ces métiers (aides à domicile, agents d’entretien, caissiers et caissières…) pour analyser la relation entre la faible qualité de ces emplois et les tensions de recrutement. Il apparaît d’emblée que 10 secteurs économiques, réunissant 10 millions de salariés, sont particulièrement dépendants de ces salariés de « deuxième ligne » puisqu’ils constituent 45 % des effectifs. Ces 10 secteurs concentrent 2,9 salariés de cette « deuxième ligne », soit près des deux tiers de l’emploi total pouvant entrer dans cette catégorie.

Trois secteurs (les travaux de construction spécialisés, les transports terrestres et par conduite ainsi que l’action sociale sans hébergement) présentent un niveau élevé de tension dans le recrutement : elles sont 1,5 à 2,6 fois supérieures à la moyenne nationale. Le baromètre pointe comme facteur principal « une forte intensité d’embauche » qui tient à trois éléments : d’abord la croissance des échanges de marchandises (+ 10 % de tonnes-kilomètres transportés par route en France entre 2009 et 2018, source Insee) qui a fait croître de 12 % les effectifs salariés du transport routier entre 2009 et 2019 ; ensuite le vieillissement structurel de la population, qui a contribué à la croissance du secteur de l’action sociale sans hébergement ; enfin, la progression du marché de la construction tiré par le neuf et la rénovation a généré des besoins dans les travaux de construction spécialisés. L’étude relève aussi des facteurs plus spécifiques comme la baisse de candidats au permis poids lourd (- 13 % entre 2010 et 2020, source ministère de l’Intérieur, 2020) ainsi que le volume important d’emplois non durables dans l’action sociale (24% de CDD proposés et 63% de temps partiels alors que la moyenne nationale s’établit respectivement à 14% et à 17% en France).

Plus finement, l’étude souligne que les métiers les plus en tension se caractérisent par un manque de main-d’œuvre qualifiée. C’est le cas dans la construction, qui manque de couvreurs, de charpentiers, de plombiers ou de tailleurs de pierre, mais aussi de l’alimentation, en recherche permanente de bouchers ou de charcutiers-traiteurs. Un autre facteur peut contribuer à la difficulté : le volume d’emplois concernés. C’est ce qui explique que les aides à domicile et les aides ménagères se situent au plus haut niveau de criticité, avant les conducteurs routiers et les maçons. En conclusion, l’étude alerte sur deux risques majeurs. D’abord, la diminution de la main-d’œuvre disponible. En parallèle de la diminution du taux de chômage, l’augmentation du prix du carburant pourrait entraîner le départ de certains salariés de secteurs tels que l’aide à domicile ou la sécurité. Autre facteur de risque à prendre en compte : l’intensification des besoins de recrutement. La demande va en effet augmenter sur les métiers qui présentent déjà un niveau de tension élevé. Aides à domiciles, agent d’entretien, conducteur de véhicules, ouvrier du second œuvre et vendeurs figurent déjà parmi les professions qui rechercheront le plus de candidats à l’horizon 2030...

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins