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Quels métiers recruteront en 2030 ?

Marché de l'emploi | publié le : 10.03.2022 | Benjamin d'Alguerre

Metiers du soin

Entre 2019 et 2030, l’économie française devrait créer un million d’emplois supplémentaires, annoncent France Stratégie et la Dares dans leur rapport "Les métiers en 2030". Mais création d’emplois ne rime pas forcément avec attractivité des métiers.

Retardé presque deux ans pour cause de pandémie, le rapport "Les métiers en 2030", qui aurait dû initialement paraître au printemps 2020 a été dévoilé par la Dares et France Stratégie le 10 mars 2022. "Il est en effet apparu nécessaire de prendre du recul sur cet événement inédit qui a eu des effets très contrastés sur les entreprises et les ménages et qui pourrait conduire à des transformations significatives dans le monde du travail, en accélérant notamment des tendances déjà à l'œuvre, à l’instar du télétravail", expliquent ses auteurs. Pour échafauder leurs hypothèses, ces derniers ont d’ailleurs dû élaborer trois scénarios différents – le premier posant l’option de restrictions durables impactant fortement les secteurs professionnels soumis à l’ouverture au public ; le deuxième partant du principe d’un télétravail modéré ; et le troisième – celui retenu dans le rapport final – d’un retour à la normale.

Selon ce dernier scénario, le nombre d’emplois supplémentaires créés entre 2019 et 2030 s’élèverait à un million net (en sus des remplacements naturels qui doivent concerner 760 000 emplois déjà existant chaque année). Avec une large prédominance des emplois demandant des diplômes de l’enseignement supérieur (+ 1,8 million) au détriment des non-diplômés (- 800 000). Vieillissement de la population aidant, les métiers du "care" se taillent la part du lion dans ce besoin d’emplois. Les recrutements de 410 000 médecins, infirmiers, professionnels paramédicaux, aides à domicile et aides-soignants sont prévus dans ce laps de temps ainsi que ceux de 180 000 ingénieurs informaticiens, 135 000 ouvriers de la manutention portés par l’économie de l’achat en ligne, 120 000 professionnels du bâtiment (dont une moitié de cadres) et 45 000 professionnels de l’industrie. Principaux métiers recherchés : les ingénieurs informatiques, infirmiers et sages-femmes, aides-soignants et cadres commerciaux et technico-commerciaux.

Déséquilibres

Les créations d’emploi prévues sont la conséquence du double effet de la reprise économique et du départ en retraite de nombreux professionnels. Chez les agents d’entretien, par exemple, sur les 488 000 postes qui devraient s’ouvrir au recrutement sur la période référence, 26 000 seulement seraient des créations de postes ex-nihilo alors que le solde de 462 000 devrait correspondre à des départs en retraite. Idem chez les enseignants. 1 000 à peine correspondraient à des créations de postes contre 328 000 consécutifs aux fins de carrière de leurs actuels occupants. Situations très similaires chez les aides-soignants, conducteurs de véhicules et aides à domicile. En revanche, dans d’autres professions, comme celles de cadres administratifs, comptables et financiers, ouvriers de la manutention et ingénieurs informaticiens, la balance entre créations de postes et retraités à remplacer s’équilibre davantage.

Une situation qui inquiète la Dares et France Stratégie. La faible attractivité de certains métiers ou leur difficulté d’accès serait susceptible de renforcer les déséquilibres existant entre ces emplois à pourvoir et le nombre de candidats susceptibles de s’y engager. Le rapport distingue bien les métiers "de première expérience" attractifs pour des débuts de carrière (ouvriers qualifiés de manutention ou du gros œuvre, opérateurs informatiques, vendeurs, professionnels de l’action sociale…), de ceux qui demeureront attractifs quoi qu’il arrive (juristes, professionnels paramédicaux, cadres du bâtiment, ingénieurs informaticiens…), ou de ceux qui peinent à attirer (agents de propreté, agriculteurs, ouvriers du textile et du cuir, ouvriers du bâtiment…) ou qui sont plutôt réservés aux deuxièmes parties de carrière (aides à domicile, agents d’entretien, cadres bancaires, comptables ou financiers…) avec une vigilance particulière sur les deux dernières catégories.

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre