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Présidentielles: demandez les programmes sociaux !

Marché de l'emploi | publié le : 08.04.2022 | Benjamin d'Alguerre et Maxime François

Salaires, pouvoir d’achat, emploi, dialogue social, assurance-chômage, formation, apprentissage, retraites… que proposent les principaux candidats à l’élection présidentielle pour le quinquennat à venir ? 

 

Emmanuel Macron, La République en marche

Une candidature officialisée à la dernière minute, des mesures programmatiques savamment distillées pour tester l’opinion et un programme finalement dévoilé lors d’une conférence de presse fleuve de près de quatre heures : le président-candidat a su jouer le suspense jusqu’au bout. Un objectif : « le plein-emploi à l’horizon 2027 ». Une méthode : la continuité avec le quinquennat écoulé qui s’est achevé avec « la plus grande baisse du chômage depuis quinze ans, le plus bas taux de chômage des jeunes depuis quarante ans, le plus haut taux d’activité depuis qu’on le mesure ».

Salaires et pouvoir d’achat. Pas d’augmentation directe des salaires chez le candidat Macron, qui a cependant déjà contraint les branches « de deuxième ligne » à engager des négociations de revalorisation des rémunérations en fin de période Covid, mais des coups de pouce au pouvoir d’achat. D’abord par le passage du plafond de la prime de pouvoir d’achat désocialisée et défiscalisée de 2 000 à 3 000 euros chaque année (et même 6 000 en cas de signature d’un accord d’intéressement) et la généralisation du compte épargne-temps (CET) à tous les salariés. Jusqu’à présent apanage des grandes entreprises, ce CET « new look » deviendra portable et pourra être
converti en heures de repos aussi bien qu’en euros.

Emploi. Adieu Pôle emploi, bienvenue France Travail, une nouvelle entité qui devrait absorber d’autres acteurs de l’emploi comme les missions locales pour devenir « un guichet unique » territorial visant « à mettre en commun les compétences de Pôle emploi, des régions et des départements ». Une même structure, un même logo : sans doute plus facile pour les demandeurs d’emploi de s’y retrouver, mais migraine en vue pour les agents de la future instance, dont les syndicats craignent d’ores et déjà de revivre les années difficiles 2008-2009 de la fusion ANPE-Assedic.

Dialogue social. Cinq ans après les ordonnances travail, une nouvelle étape dans la décentralisation du dialogue social est à prévoir après l’annonce de vouloir le rapprocher « encore plus » de l’entreprise. À voir quelles prérogatives seront retirées aux branches à cette occasion…

Assurance-chômage. Déjà bien engagée lors du quinquennat écoulé, la réforme du régime d’assurance-chômage devrait connaître de nouveaux ajustements lors du prochain si Emmanuel Macron se succède. Il s’agira de mieux adapter son fonctionnement aux « paramètres conjoncturels » du marché du travail. En clair : serrer les boulons vis-à-vis des demandeurs d’emploi lorsque l’économie tourne à plein, desserrage de vis en cas de crise comme cela s’est produit lors de la pandémie, qui avait vu les droits des chômeurs indemnisés prolongés.

Formation et apprentissage. Réformer la formation, c’est fait. Depuis 2018. L’apprentissage aussi, mais pas question de s’arrêter en si bon chemin. Deux nouvelles réformes connexes sont au programme. Primo, celle de l’orientation « qui constituait l’angle mort de la réforme de l’apprentissage de 2018 », explique la députée LREM Catherine Fabre. La réponse devrait passer par une meilleure association des différents acteurs de l’orientation dans les territoires (Régions, établissements scolaires, branches et entreprises) afin de mieux guider les jeunes vers les formations aux métiers en tension ou qui recrutent. Reste à savoir qui en sera le pilote. Branches, Éducation nationale ou Régions ? Secundo, celle des lycées professionnels sur le même modèle que l’apprentissage. Principaux changements à l’horizon : « un partenariat beaucoup plus étroit avec les entreprises » et des lycéens professionnels « rémunérés pour leur temps d’entreprise comme le sont les apprentis ». Cette réforme s’accompagnerait d’un grand toilettage des filières et des cursus (y compris ceux accessibles par l’apprentissage) avec suppression des parcours qui ne débouchent pas suffisamment sur l’emploi.

Retraites. Le casus belli avec les syndicats est engagé. Finie la concertation avec les partenaires sociaux, terminée la question de « l’âge pivot » à 64 ans, le projet d’une augmentation progressive de l’âge légal de départ à la retraite à partir de 65 ans est dans les tuyaux, mais assortie d’une négociation interprofessionnelle et de négociations de branches pour mettre en place des critères tels que le handicap, les carrières longues ou la réalité des métiers (pénibilité, le retour ?) qui justifierait des départs anticipés. Des précautions qui
ne devraient pas empêcher la CFDT de voir rouge, malgré la promesse d’instaurer un plancher de 1 100 euros pour les plus petites retraites en 2027.

Valérie Pécresse, Les Républicains

« C’est un projet assis sur les fondamentaux de la droite : l’autorité, la liberté et le travail », affirmait la gagnante de la primaire LR en dévoilant son programme. Problème : ses thématiques sociales sont presque toutes préemptées par Emmanuel Macron. La retraite à 65 ans ? Elle figure aussi dans le programme du président sortant. Le RSA conditionné à un certain nombre d’heures d’activité ? Idem. Redonner du pouvoir d’achat en supprimant des cotisations ? Itou. La réduction des impôts de production sur les entreprises ? Là encore, déjà vu… Il n’y a guère que la fin des 35 heures auquel le candidat LREM n’appelle d’autant moins que même le Medef version Geoffroy Roux de Bézieux ne la réclame plus. Ce n’est assurément pas sur le terrain social que Valérie Pécresse marquera la différence avec celui dont elle espérait encore il y a quelques mois faire son compétiteur du second tour.

Salaires et pouvoir d’achat. Difficile de prétendre offrir « un bouquet de pouvoir d’achat » aux Français sans passer par la case revalorisation des salaires. La présidente de la Région Île-de-France propose donc « une augmentation de 10 % du salaire net en cinq ans, hors inflation, pour toutes les rémunérations inférieures à 2 800 euros nets par mois ». Et cela débuterait par une hausse immédiate de 3 % dès l’été 2022 si Valérie Pécresse venait à s’installer à l’Élysée en avril prochain. Comment ? « Grâce à la suppression d’un tiers des cotisations d’assurance-vieillesse ». Ce qui n’est pas sans rappeler l’exonération des cotisations salariales d’assurance-chômage mise en place par… Emmanuel Macron en 2017. Selon la candidate, qui souhaite également convoquer chaque année une grande conférence sociale sur les salaires et créer un « observatoire de la rémunération », la hausse devrait atteindre 5 % dès 2023 pour rester à ce niveau tout le quinquennat. Autre mesure en faveur du pouvoir d’achat, les salariés qui le souhaitent pourront convertir leurs RTT en salaire sans charge pour eux ni pour leur entreprise. Héritage gaulliste oblige, Valérie Pécresse s’engage aussi à remettre la participation et l’intéressement au cœur des politiques de rémunérations des entreprises, avec notamment l’objectif que 10 % du capital des sociétés cotées soient détenus par leurs salariés, sur cinq ans.

Emploi. C’est principalement par une baisse de 10 milliards des impôts de production sur les entreprises et par la simplification des normes administratives que Valérie Pécresse entend inciter les employeurs à recruter.

Dialogue social. En cas d’élection, la candidate LR sortira des 35 heures (en s’engageant parallèlement sur une défiscalisation des heures supplémentaires après la 35e) avec une liberté du temps de travail renvoyée à la négociation d’entreprise, y compris par la voie du référendum.

Assurance-chômage. Valérie Pécresse a elle aussi prévu sa réforme de l’assurance-chômage. Elle toucherait cependant moins le régime que ses affiliés et se traduirait par une diminution de 30 % des indemnités de ceux qui refusent une formation vers un métier en tension. Dans la même veine, le versement du RSA se verrait conditionné au suivi de seize heures d’activité par semaine.

Formation et apprentissage. La présidente de l’Île-de-France propose de débloquer « un million de formations au numérique » et d’y flécher prioritairement les « jeunes talents ». Le CPF serait, pour sa part, prioritairement destiné à financer les formations menant aux métiers en tension. Quant à l’apprentissage, il devrait à nouveau se voir confié aux Régions, avec possibilité d’entrer dans un cycle de formation dès l’âge de 14 ans.

Retraites. Le plancher des 65 ans pour partir en retraite deviendra là aussi la norme « à compter de 2030 et en tenant compte des carrières longues ». La Républicaine insiste cependant sur la nécessité de « retraites dignes » (aucune pension en dessous du Smic pour une carrière complète) et propose pour cela une indexation sur l’inflation de l’ensemble des retraites complémentaires ainsi qu’un élargissement de la contribution santé-solidarité qui permet aux retraités pauvres d’accéder à une mutuelle. Un trimestre de retraite supplémentaire sera accordé pour récompenser dix années de bénévolat. Et le cumul emploi-retraite sera possible « sans limite ». 

Jean-Luc Mélenchon, L’Union populaire

La troisième candidature sera-t-elle la bonne ? D’abord étiqueté Front de gauche, puis France insoumise, puis L’Union populaire, le député des Bouches-du-Rhône fait la course en tête à gauche, ayant même réussi, dans les dernières semaines de la campagne, à devenir le candidat du vote utile. Côté social, Jean-Luc Mélenchon a choisi d’assumer un positionnement basé sur une relance de la demande, à contre-courant des politiques de l’offre mises en place sous les quinquennats précédents. Signe de cette radicalité affichée, l’insoumis n’a présenté son programme devant aucune organisation patronale, pas plus le Medef que la CPME ou l’UIMM. Seul souci pour lui : le communiste Fabien Roussel et l’écolo Yannick Jadot lui mordillent toujours les talons pour le vote à gauche.

Salaires et pouvoir d’achat. « Le droit à un salaire décent est non négociable ! » Dans le programme de Jean-Luc Mélenchon, ce leitmotiv se traduit par une intention de porter le Smic à 1 400 euros associée à un rattrapage du gel du point d’indice des fonctionnaires depuis 2010. D’ailleurs, l’entrée à l’Élysée du candidat insoumis en avril 2022 se traduirait par la mise en œuvre d’une grande conférence sociale sur les salaires, les conditions de travail et les qualifications professionnelles en vue de revoir un certain nombre d’items à la hausse, dont l’égalité salariale hommes-femmes et les grilles de salaire dans les entreprises en partant du principe « pas de différentiel salarial excédant un ratio de 1 à 20 ».

Emploi. Partage effectif du temps de travail et garantie de l’emploi constituent les deux mamelles du volet « emploi » du programme de L’Union populaire. Côté temps de travail, les insoumis militent pour une réduction à 32 heures hebdomadaires pour les emplois les plus pénibles et à 35 heures effectives ailleurs. Comprendre : rémunérer les heures supplémentaires, cotisations incluses, à hauteur de 25 % pour les quatre premières et de 50 % au-delà, et revoir, par la négociation de branche, l’annualisation du temps de travail ou les forfaits jours. Objectif affiché : libérer des plages horaires pour favoriser les embauches. Et permettre la création d’une sixième semaine de congés payés.

Dialogue social. Dans la continuité des propositions précédentes, c’est justement par la négociation de branche que les insoumis entendent procéder au partage du temps de travail auquel une autre grande conférence sociale sera consacrée en début de mandat. Mais la « citoyenneté sociale » doit aussi s’exprimer dans les entreprises avec le renforcement des droits des salariés à poser leurs congés ou à partager les congés parentaux. Le rôle des IRP sera également accru avec l’obtention d’un droit de veto en cas de restructuration des entreprises, de fermeture ou de délocalisation. Les salariés disposeront en outre d’un droit à exprimer un vote de défiance en cas de décision stratégique de l’employeur allant contre leur intérêt. Ces réformes s’accompagneront d’une abrogation des ordonnances travail, de la Loi El Khomri et du rétablissement du « principe de faveur » dans le dialogue social interdisant les accords établissant un moins-disant social. Quant au recours aux contrats précaires (CDD, intérim…), ils sera limité à 10 % de l’effectif dans les TPE-PME et à 5 % au-delà.

Assurance-chômage. Sans surprise, les réformes survenues pendant ce quinquennat seront, elles aussi, abrogées. Les indemnités des demandeurs d’emploi seront recalculées en fonction des derniers salaires, la radiation sera rendue plus difficile et l’obligation d’accepter « les offres d’emploi raisonnables » sous peine de se voir radié sera supprimée. Une couverture chômage plus avantageuse sera accordée aux intérimaires et autres « intermittents de l’emploi ».

Formation et apprentissage. Alors qu’en 2017, la formation constituait le parent pauvre du programme insoumis (il s’agissait essentiellement de revaloriser les lycées professionnels), les équipes du candidat Mélenchon ont, cette fois, musclé leurs propositions en reprenant à la CGT l’idée d’une « sécurité sociale professionnelle » qui accompagnerait les salariés tout au long de leur carrière. Concrètement, cette mesure prendrait la forme d’un maintien du revenu pendant les périodes de reconversion ou de formation, de la dotation d’un capital annuel de 36 heures de formation et de l’intégration des durées de stage ou d’apprentissage dans la sécurité sociale professionnelle. Le tout chapeauté par un secrétariat d’État à la Formation professionnelle.

Retraites. 60 ans à temps plein pour quarante annuités de cotisation, sinon rien ! Jean-Luc Mélenchon s’engage d’ailleurs à porter le montant minimal des retraites au Smic, à prendre en compte les périodes au RSA dans le calcul des trimestres, à augmenter le taux de cotisation vieillesse de 0,25 point chaque année durant le quinquennat et aussi à soumettre à cotisations les revenus d’intéressement, de participation, d’épargne salariale et les revenus financiers des entreprises.

Éric Zemmour, Reconquête

Polémiste, Éric Zemmour a longtemps vitupéré sur les plateaux de télévision contre le dumping social que suscitait l’immigration avec sa main-d’œuvre à bon marché que le patronat français utilisait pour tirer les salaires vers le bas. Aujourd’hui candidat à la magistrature suprême, l’ancien journaliste du Figaro a abandonné les oripeaux marxistes pour se recentrer vers un programme libéral à l’ancienne. Si le refus de l’immigration demeure – au point que son programme tourne essentiellement autour de cette question – le candidat de Reconquête se veut davantage aujourd’hui l’ami des entreprises. Sauf lorsqu’il s’agit de planter une invitation de la CPME le 16 mars dernier pour lui préférer un débat avec Alain Minc…

Salaires et pouvoir d’achat. C’est par une réduction de la CSG que l’ancien polémiste entend revaloriser les rémunérations des salariés du public et du privé, mais aussi des travailleurs indépendants à hauteur d’un 13e mois. Une mesure que le candidat de Reconquête entend financer par « l’arrêt du versement des aides sociales non contributives des étrangers extra-européens ». L’exonération des impôts et des charges sur les heures supplémentaires, l’instauration de primes « zéro charge » pouvant monter jusqu’à trois fois le Smic à la main des employeurs, la défiscalisation des primes d’intéressement (étendue à toutes les entreprises de plus de onze salariés) et la suppression du forfait social figurent également au programme.

Emploi. La protection du marché de l’emploi prévue dans le programme d’Éric Zemmour passe par la lutte contre les entreprises qui délocalisent en les pénalisant dans l’attribution des marchés publics, mais aussi l’arrêt de l’application de la directive européenne sur les travailleurs détachés et l’exonération des cotisations patronales pendant deux ans pour les TPE de moins de onze salariés recrutant au moins deux CDI.

Dialogue social. Unique proposition en la matière du candidat, relever de 50 à 250 salariés le seuil obligatoire de consultation du CSE dans les entreprises,
tout en maintenant les œuvres sociales et culturelles pour les entreprises de 50 salariés.

Assurance-chômage. Pas véritablement de mesure programmatique sur cette thématique, exceptée la proposition de favoriser la mobilité des demandeurs d’emploi en versant directement la moitié des droits au chômage afin de financer un déménagement.

Formation et apprentissage. Primo, Éric Zemmour entend rattacher les lycées professionnels au ministère de l’Industrie pour « rapprocher l’école et les entreprises ». Secundo, le candidat compte remettre les métiers manuels à l’honneur en créant des campus régionaux de la formation professionnelle où seront accueillis les jeunes souhaitant se former aux métiers proposés par les entreprises locales. Enfin, pour créer le goût pour l’apprentissage, les rémunérations des apprentis seraient augmentées grâce à la hausse du niveau d’exonération des cotisations salariales de 79 à 100 %.

Retraites. Les petits retraités ont toute l’attention de l’ancien journaliste du Figaro qui propose de revaloriser toutes celles inférieures à 1 300 euros mensuels en les exonérant de CSG et de CRDS grâce aux économies réalisées en supprimant les allocations des étrangers non européens résidant en France. 

Fabien Roussel, Parti communiste français

« Le retour des jours heureux ! » Le député PCF du Nord et candidat à l’Élysée Fabien Roussel l’a promis à ses électeurs. Pour atteindre l’exploit, il propose « un pacte social, écologique et républicain » qui défend les fondamentaux du parti communiste : le social et la défense des travailleurs. Élu secrétaire national du PCF à l’automne 2018, cet ex-journaliste porte la couleur rouge après deux élections présidentielles qui ont vu le parti aligné derrière Jean-Luc Mélenchon… devenu depuis un concurrent.

Salaires et pouvoir d’achat. Le Smic comme salaire minimum dans toutes les branches. C’est ce que le candidat communiste entend « imposer par la loi » s’il s’installe à l’Élysée. Un Smic qui serait d’ailleurs porté à 1 500 euros nets (1 923 euros bruts). Fabien Roussel entend également réguler l’économie des plateformes (type Uber ou Deliveroo) en garantissant à leurs travailleurs « toutes les garanties inscrites dans le droit du travail et de la Sécurité sociale ». Le revenu universel, comme le défend par exemple Yannick Jadot avec son idée d’un « revenu citoyen » dès 18 ans, en revanche, c’est non. Pour le communiste, « c’est le travail universel qu’il faut garantir ». D’un autre côté, le candidat défend la mise en place d’« une allocation de 850 euros nets par mois » pour les étudiants. Une mesure dont il estime le coût maximal à 23 milliards d’euros financée pour partie par « une nouvelle cotisation sociale » et pour le reste sur les deniers de l’État.

Emploi. Fabien Roussel président, la semaine des 32 heures « qu’importe le secteur d’activité » s’imposera. « Cette mesure restituera aux salariés les gains de productivité qu’ils réalisent. Elle permettra de travailler moins pour travailler mieux », explique le candidat qui promet par ailleurs « zéro jeune au chômage dès 2023 », grâce à l’incitation faite aux entreprises à réserver aux moins de 25 ans 10 % de leurs embauches et à la garantie d’un poste ou d’une formation assortie d’une allocation égale au salaire minimum par le service public de l’emploi. Quant au récent passé social, Fabien Roussel entend en faire table rase par la suppression des lois El Khomri, des ordonnances travail et de la réforme de l’assurance-chômage. Plans sociaux et licenciements en cours seraient immédiatement suspendus dès son entrée à l’Élysée.

Dialogue social. Révolution dans les CSE, les salariés et leurs représentants se verraient dotés de droits nouveaux sur l’organisation du travail, sur la gestion et sur les orientations stratégiques de l’entreprise, notamment un droit de veto suspensif sur les projets de restructuration et de licenciements ainsi qu’un droit de préemption en cas de revente de l’entreprise pour favoriser sa reprise par les salariés sous forme de coopérative. Parallèlement, la présence des administrateurs salariés dans les conseils d’administration se verrait accrue.

Assurance-chômage. Le candidat communiste souhaite abroger « immédiatement » cette réforme qui vise, selon lui, « à faire 3 milliards d’euros d’économie sur le dos des chômeurs ». Si le candidat communiste est élu, « les demandeuses et demandeurs d’emploi retrouveront leurs droits attaqués sous les précédents quinquennats, sur le délai d’ouverture des droits comme sur le niveau de l’allocation ».

Formation et apprentissage. Important morceau du programme de Fabien Roussel, la création d’un « service public unifié de l’emploi et de la formation professionnelle » (par le biais d’une fusion de Pôle emploi, de l’Afpa et des Greta ?)

Retraites. Pour les aînés, le candidat communiste compte la retraite à 60 ans (au lieu de 62 ans). Une pension à taux plein sera garantie pour une carrière complète, allant de 18 ans à 60 ans, avec prise en charge des cotisations pour les périodes de non-travail (chômage, formation, études, congé parental, maladie, invalidité). 

Marine Le Pen, Rassemblement national

Elle promet un « choc de pouvoir d’achat ». Pour marquer sa différence face aux positions « plutôt libérales et conservatrices » du candidat et polémiste Éric Zemmour, son concurrent dans la droite radicale. Marine Le Pen croise le fer sur le social à trois semaines du premier tour. Alors que le thème de l’immigration avait jusque-là rythmé la campagne, la guerre en Ukraine et le contexte de hausse persistante des prix ont ramené sur le devant de la scène politique la préoccupation de « la fin du mois ». De quoi conforter la stratégie de normalisation de l’ancienne présidente du Rassemblement national, très bien placée pour se hisser au second tour selon les derniers sondages. « Pendant que vous saturez l’intégralité des chaînes d’information en continu avec le phénomène Zemmour, les problèmes des Français, eux, passent à la trappe », a-t-elle tancé sur BFM. « Tout ce qui est régressif est très précis ; tout ce qui est présenté comme étant un progrès social est très flou », a-t-elle aussi critiqué à l’adresse du président-candidat Emmanuel Macron. 

Salaires et pouvoir d’achat. Principale mesure du RN en faveur de la revalorisation des salaires : permettre aux entreprises une augmentation salariale de 10 % jusqu’à trois fois le montant du Smic en exonérant cette hausse de toute cotisation patronale. De quoi, selon elle, inciter les entreprises à faire un geste dans un contexte de retour de l’inflation. Pour le reste, c’est essentiellement en jouant sur les prix de l’énergie que la candidate du Rassemblement national entend redonner « jusqu’à 200 euros par mois » aux ménages français en abaissant à 5,5 % la TVA sur l’essence, le gaz et l’électricité. « Combinée à la poussée inflationniste, l’énergie est plus que jamais un bien de première nécessité. Nous l’avions abordé dès septembre 2021 mais pas présenté comme une mesure conjoncturelle. Aujourd’hui, c’est le cas », souligne Jean-Philippe Tanguy, directeur adjoint de la campagne. Plus spécifiquement, la candidate RN prévoit d’augmenter les salaires des enseignants et aides-soignants… en supprimant 10 % des postes administratifs à l’hôpital. Pour quel niveau d’augmentation ? Mystère. Seule précision : l’augmentation des soignants doit s’inscrire dans le cadre d’un plan d’urgence pour la santé de « 2 milliards d’euros ». Pour trouver l’argent nécessaire à la mise en place de sa politique, la candidate met l’accent sur la priorité nationale et souhaite « que toutes les allocations et primes de politique familiale » soient réservées aux familles dont au moins l’un des deux parents est français. En cas d’élection, cette mesure serait soumise à référendum.

Emploi. C’est le talon d’Achille du programme de la candidate RN. Tout comme la réforme de l’assurance-chômage, cette thématique n’est pas détaillée dans le programme de Marine Le Pen. Sans plus de précisions, la candidate d’extrême droite promet « d’assurer la priorité nationale d’accès à l’emploi ». Pour éviter que les emplois saisonniers soient pourvus par des étrangers, la fille du Menhir propose également de flexibiliser le droit du travail. Sans davantage de détails, là encore.

Dialogue social. Le programme du RN ne contient aucune mesure en la matière.

Assurance-chômage. Si la finaliste de la présidentielle 2017 a vivement critiqué la réforme de l’assurance-chômage qu’elle trouve « affreusement injuste » ; « la philosophie de cette réforme est terrifiante, a-t-elle martelé. Le Gouvernement considère que les Français sont des feignants, qu’ils sont au chômage parce qu’ils ne veulent pas travailler », difficile de trouver dans son programme la moindre proposition pour corriger le tir.

Formation et apprentissage. Les propositions sont modestes. La candidate du RN propose la création d’un chèque-formation mensuel de 200 à 300 euros » destiné « aux apprentis, aux alternants et à leurs employeurs » pour les inciter à s’engager dans cette voie. Pour Jean-Philippe Tanguy, les mesures concrètes viendront en leur temps, « car nous souhaitons partir des bassins d’emploi, des filières et des besoins précis. Sur le nucléaire, par exemple, il faudra former dans les bassins d’emploi, notamment aux usines de Belfort (Bourgogne-Franche-Comté) et du Creusot (Saône-et-Loire). »

Retraites. Défenseuse de la retraite à 60 ans, Marine Le Pen a cependant tergiversé sur la question, laissant entendre qu’il serait possible de décaler l’âge de départ ultérieurement. Sauf pour ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans et qui disposent de leurs quarante annuités. Ceux-là seront éligibles à la retraite à 60 ans. Des retraites dont elle souhaite d’ailleurs réindexer les montants sur l’inflation avec un plancher fixé à 1 000 euros. 

Anne Hidalgo, Parti socialiste

Malgré des intentions de vote désespérément faibles, elle veut « réunir la France » autour d’un programme social-démocrate axé sur le travail et l’écologie. La candidate socialiste Anne Hidalgo, maire de Paris depuis 2014, souhaite allier politique sociale et écologique, « réparer » l’école et l’hôpital public et… se présente comme"la seule alternative crédible face
au libéralisme d’Emmanuel Macron et de la droite".

Salaires et pouvoir d’achat. « La France a besoin d’une politique volontariste sur les salaires », écrit la maire de Paris en préambule de ses 70 propositions programmatiques pour la présidentielle. À ses électeurs, la candidate promet « l’augmentation du Smic de 15 % », soit environ 200 euros nets par mois. Dans la foulée, elle entend réunir une « conférence sur les salaires avec les organisations patronales et syndicales » où seront notamment fixés un calendrier des négociations de branches sur la revalorisation salariale et la refonte des grilles de classification. La fonction publique ne sera pas oubliée avec l’intention affichée d’augmenter le point d’indice des fonctionnaires. « Une mesure de justice sociale, en somme, après cinq ans sans aucune revalorisation des points », explique le sénateur du Nord Patrick Kanner, conseiller de la candidate.

Emploi. L’instauration d’une stricte égalité professionnelle entre hommes et femmes constitue la masterpiece du programme socialiste. Selon Boris Vallaud, directeur de campagne d’Anne Hidalgo, cette exigence passerait par des « mesures coercitives » imposées aux entreprises fautives, à commencer par le refus des aides publiques en cas d’efforts insuffisants en la matière. Retour de balancier, les hommes pourraient bénéficier d’un congé paternité de seize semaines. Enfin, les travailleurs des plateformes, sans voir leur statut modifié en profondeur, accéderaient à un socle minimal de droits sociaux (rémunération au Smic, protection sociale proposée par l’employeur…).

Dialogue social. La maire de Paris entend « conditionner toutes aides publiques aux entreprises à un engagement formel de respecter des critères sociaux et d’environnement » : y figurent notamment la qualité des emplois créés, les conditions de travail, le dialogue social, l’égalité salariale femmes-hommes, la réduction des écarts de rémunération ou le respect de l’environnement. « Toute entreprise qui violerait cet engagement devra rembourser les sommes perçues à l’État ou aux collectivités territoriales concernées », assure-t-elle.

Assurance-chômage. « L’injuste » réforme de l’assurance-chômage menée pendant le quinquennat écoulé ? Supprimée au profit d’un nouveau système « universel », « adapté aux besoins de notre temps, pleinement accessible aux jeunes » négocié par les partenaires sociaux, promet l’édile parisienne. Un dispositif censé améliorer l’indemnisation des démissionnaires et des plus précaires dans lequel « la période de chômage serait alors envisagée comme un temps utile à la formation grâce à un système de bilans de compétences ».

Formation et apprentissage. À mi-chemin d’une réforme de l’enseignement supérieur et de l’apprentissage, Anne Hidalgo propose de « généraliser l’alternance à tous les cursus post-Bac » comme elle l’a expliqué face au Medef début mars. D’autres dispositions de formation s’adressent plus particulièrement aux jeunes et aux ultramarins. Pour ces derniers, la candidate souhaite créer une « agence du retour » pour leur permettre de revenir chez eux avec des « perspectives optimales d’emploi et de vie ».

Retraites. Anne Hidalgo veut « garantir la retraite à 62 ans » tout en rétablissant les quatre critères de pénibilité (charges lourdes, postures pénibles, vibrations mécaniques, risques chimiques) supprimés par les ordonnances Macron en 2017. En sus, la maire de Paris souhaite revaloriser « les petites retraites en portant le minimum vieillesse à 1 000 euros et le minimum contributif à 1 200 euros ». 

Yannick Jadot, Europe Écologie les Verts

Il en est sûr : « Le temps de l’écologie est venu ! » Yannick Jadot le clame à tue-tête dans les médias depuis des semaines. Le candidat picard investi candidat à l’élection présidentielle par la primaire écologiste a cent vingt propositions et une devise : « Réparer, protéger, préparer. » Objectif ? Traiter les thèmes chers aux écologistes (sortie du nucléaire, lutte contre le réchauffement climatique)… Mais aussi répondre à la crise sociale grâce à des propositions économiques précises. Sa méthode ? « Celle du dialogue social. »

Salaires et pouvoir d’achat. Le candidat écologiste entend mettre en place une augmentation du Smic de 10 % dès sa première année à l’Élysée pour viser les 1 500 euros nets en 2027 et garantir ainsi « un revenu digne du travail ». « Le taux de marge des entreprises permettra de financer cette augmentation. Les TPE et PME seront les premières bénéficiaires de ce coup de pouce au pouvoir d’achat », expliquait-il aux patrons du Medef début mars. En parallèle, l’ancien directeur de Greenpeace France s’est engagé sur une revalorisation du point d’indice dans la fonction publique.

Emploi. Sans aller jusqu’à réclamer la semaine de quatre jours ou de 32 heures, l’écologiste prévoit d’appeler à une négociation interprofessionnelle destinée à « réduire le temps de travail pour vivre mieux et travailler moins ». L’égalité femmes-hommes figure aussi en bonne place dans le programme d’EELV. Yannick Jadot souhaite que « les entreprises de plus de 25 salariés et les administrations [prouvent] qu’à poste et à compétences égales, hommes et femmes touchent le même salaire », comme il l’expliquait dans les colonnes du Monde. Ces contrôles seront notamment la tâche de l’inspection du travail dont il souhaite augmenter les effectifs de mille agents. Enfin, grande proposition de sa campagne, Yannick Jadot veut lutter « contre la précarité de la jeunesse » en créant « un revenu citoyen accessible dès 18 ans qui fusionnera le RSA et la prime d’activité […]. Il sera immédiatement porté à 665 euros pour une personne seule ».

Dialogue social. Ce n’est pas forcément le thème sur lequel les Verts sont le plus attendus, mais Yannick Jadot a souhaité en faire un axe fort de sa campagne en reprenant l’idée du « chèque syndical » cher à la CFDT et destiné à financer les organisations syndicales. En sus, l’écologiste souhaite augmenter largement la présence des administrateurs salariés dans les conseils d’administration, de surveillance et de rémunération des grandes entreprises jusqu’à la moitié de l’effectif et d’un tiers dans les PME et ETI de 500 à 2 000 salariés.

Assurance-chômage. Résolument contre la réforme de l’assurance-chômage, qu’il juge « injuste et culpabilisante » et qu’il désire abroger, Yannick Jadot entend plutôt « redonner des moyens à Pôle emploi pour accompagner les personnes les plus éloignées de l’emploi » avec un objectif principal : « lutter contre le chômage de longue durée ». Le candidat écolo aimerait faire du CDI « la norme » en « sanctionnant les contrats courts », en favorisant le recours à « des groupements d’employeurs » et en limitant « la contractualisation dans la fonction publique ». Autre chantier : La suppression « du plafond des indemnités prud’homales en cas de licenciement fautif ». Dans sa ligne de mire également, le statut des travailleurs des plateformes. « En cas de litige, ils seraient présumés salariés et non indépendants. »

Formation et apprentissage. Un « droit à la reconversion pour les métiers en transition », c’est ce que souhaite créer l’écologiste en ciblant particulièrement les secteurs touchés par la transition environnementale (transport, aéronautique, agroalimentaire, énergie). La méthode : « signer des contrats de sécurisation et de transition professionnelle » avec les collectivités locales concernées. « Les pouvoirs publics financeront la formation, l’aide à l’implantation de nouvelles filières, l’aménagement des infrastructures et la transformation de l’appareil productif », précise-t-il.

Retraites. Yannick Jadot entend conserver l’âge minimal de départ à 62 ans, sauf pour les carrières pénibles qui ouvriraient des droits à un départ anticipé. Il compte également porter le plancher des pensions à 1 063 euros. 

 

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre et Maxime François