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«Pôle emploi ne peut pas tout faire!» (Antoine Dulin, groupements des créateurs)

Marché de l'emploi | publié le : 25.11.2022 | Benjamin d'Alguerre

Les groupements de créateurs fêtent leurs vingt ans. Ces structures associées aux missions locales accompagnent chaque année 3.000 jeunes sans emploi vers la création d’entreprise. Aujourd’hui, l’association souhaite trouver sa place dans le futur opérateur France Travail. Rencontre avec le président des groupements, Antoine Dulin.

Pouvez-vous nous dresser un panorama de votre structure?

Antoine Dulin: Le réseau des groupements des créateurs d’entreprises a vu le jour en 2000 dans une mission locale de Seine-et-Marne. Cette création reposait sur le constat que le projet des jeunes accueillis au sein d’une de ces structures n’était pas forcément au centre de l’engagement des missions locales. Aujourd’hui, nous recensons 86 groupements dans 34 départements. Concrètement, les jeunes qui souhaitaient entreprendre rencontraient parfois des difficultés à faire émerger leurs ambitions. Vingt ans après, la situation a évolué. Selon l’enquête réalisée par Esther Duflo et l’École d’économie de Paris à l’occasion de nos vingt ans, 43% des jeunes demandeurs d’emploi accompagnés par les missions locales ont déjà imaginé créer leur entreprise ou association, mais seulement 18% d’entre eux en ont parlé à un professionnel, principalement par manque de confiance en eux et en leur projet. Pour notre part, notre action consiste à remettre le projet de ces jeunes au cœur de leur accompagnement afin qu’ils ne s’autocensurent pas dans leur volonté de création d’activité, qu’il s’agisse d’une entreprise ou d’une association.

Quel est le périmètre d’action du réseau des groupements?

A. D.: Nous accompagnons 3.000 jeunes chaque année, dont 25% sont issus des quartiers politique de la ville et 73% ont un niveau de qualification égal ou infra-Bac. À l’issue de l’accompagnement, nous comptons 60% de sorties positives au bout d’un an, soit en emploi, soit en formation, ou encore en création de structure. C’est d’ailleurs un paradoxe: alors que 35% d’entre eux sortent du parcours avec un emploi durable, ils ne sont que 8% à réellement créer leur entreprise.

N'est-ce pas une forme d’échec pour vous?

A. D.: Non, pas du tout. Nous organisons l’accompagnement de ces jeunes de manière à faire émerger leur envie d’entreprendre, mais parfois, ils réalisent que cette envie se traduit par une volonté d’insertion professionnelle qui peut passer par le salariat. D’ailleurs, certains sortent sur un contrat de travail, mais créent leur entreprise quelques années plus tard.

Les groupements sont étroitement associés aux missions locales: quelle place avez-vous trouvée dans le Contrat d’engagement jeune (CEJ) que celles-ci délivrent depuis 2021?

A. D.: Nous sommes un appui des missions locales avec lesquelles nous avons engagé un partenariat. Nous proposons notamment deux parcours « tous entrepreneurs » et « tous solidaires », qui représentent 15 à 20 heures d’accompagnement pour les jeunes, mais nous ne sommes pas pleinement engagés dans le contrat d’engagement jeune, car il existe encore un flou relatif aux financements de l’État concernant la formation des jeunes au travail indépendant. Mais si ce flou est levé, les groupements prendront toute leur place dans le CEJ.

Quelle place pourraient occuper les groupements au sein de la future agence France Travail?

A. D.: Cela dépendra de la nature exacte de France Travail. Pour que nous puissions y prendre notre place, il faudra que le futur opérateur inscrive la création d’entreprise comme une sortie possible du chômage et reconnaisse donc notre rôle en la matière. Pôle emploi ne peut pas tout faire.

 

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre