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Paul Bazin : "Le CEJ est un service sans précédent dans l’histoire de Pôle emploi"

Marché de l'emploi | publié le : 08.03.2022 | Benjamin d'Alguerre

Paul Bazin

Paul Bazin, directeur général adjoint en charge de l’offre de services à Pôle emploi.

Crédit photo DR

Depuis le 1er mars 2022, Pôle emploi a déjà signé plusieurs milliers de contrats d’engagement jeunes (CEJ). L’opérateur public a dû adapter ses services à cette nouvelle mission et assure qu’il n’a pas vocation à concurrencer les missions locales. Entretien avec Paul Bazin, directeur général adjoint en charge de l’offre de services à Pôle emploi.

 

Combien de contrats déjà signés par Pôle emploi à ce stade ? Combien Pôle emploi en vise sur les 400 000 planifiés ?

Paul Bazin : D’ici mi-mars, plusieurs milliers de contrats auront déjà été signés. Le Premier ministre et la ministre du Travail ont rappelé que le CEJ est un droit ouvert. Nous accueillerons donc autant de jeunes que nécessaire en fonction de leurs besoins et de leur motivation.

Les conseillers CEJ seront-ils formés à cette fin et comment ?

P. B. : Les conseillers Pôle emploi en charge de CEJ étaient pour une grande partie déjà en relation avec les jeunes dans leurs précédentes activités. Ce sont des conseillers qui ont une bonne appréhension des problématiques que vivent les jeunes et une bonne connaissance du marché du travail dans leur bassin d’emploi. Ils ont bien évidemment été tous formés à ce nouveau dispositif par des sessions d'e-learning et des modules en présentiel. Nos conseillers indemnisation qui s’occuperont de l’allocation CEJ ont également suivi des formations pour être opérationnels dès le 1er mars.

Le lancement du CEJ a également été l’occasion d’évolutions considérables de nos outils informatiques, sur lesquels nos équipes ont travaillé d’arrache-pied pour pouvoir suivre l’intensité d’accompagnement des jeunes sur 15 à 20 heures par semaine, et pour pouvoir verser les premières allocations du CEJ dès début mars.

L'accompagnement des jeunes n’est-il pas davantage un sujet pour les missions locales que pour Pôle emploi ?

P. B. : L’accompagnement des jeunes n’est pas nouveau pour Pôle emploi. Nous avons accompagné en 2021 1,6 million de jeunes et avons développé, depuis plusieurs années maintenant, un ensemble de solutions adaptées à leurs besoins et à leur niveau d’autonomie dont l’Accompagnement intensif des jeunes (AIJ). L’AIJ a bénéficié à plus de 240 000 jeunes en 2021 et près de 60 % d’entre eux ont retrouvé un emploi dans les six mois.

L’accompagnement des jeunes est bien une compétence partagée avec les missions locales depuis de nombreuses années et nos offres de services ne sont pas concurrentes, mais bien complémentaires. Pour favoriser cette collaboration, nous avons d’ailleurs conçu ensemble des modalités d’orientation claires et partagées des jeunes entre nos deux réseaux.

Cette nouvelle mission pour les conseillers Pôle emploi ne risque-t-elle pas de peser dans des portefeuilles de demandeurs d'emploi déjà bien garnis ? Y aura-t-il des conseillers spécialement dédiés au CEJ?

P. B. : Des effectifs supplémentaires nous ont été alloués pour remplir cette mission. 1 667 conseillers seront exclusivement dédiés au CEJ dont 900 nouveaux CDI recrutés, soit en moyenne entre un et trois conseillers pour chaque agence.

Chaque conseiller CEJ suivra uniquement trente jeunes, pour un accompagnement solide, personnalisé et durable. À un très fort engagement du jeune (entre 15 et 20 heures par semaine) correspondra un très fort engagement de Pôle emploi.

Le CEJ est un service sans précédent dans l’histoire de Pôle emploi. C’est l’opportunité de démontrer qu’à travers un accompagnement intensif et des portefeuilles de demandeurs d’emploi de taille très réduite, Pôle emploi peut faire plus pour ceux qui en ont le plus besoin, en contribuant à leur retour rapide à l’emploi. À nous maintenant d’aller chercher ces jeunes, ceux qui restent encore aujourd’hui sur le bord de la route, et de les accompagner dans le cadre du CEJ pour faciliter leur insertion durable dans l’emploi. Pour cela nous travaillerons avec tous les partenaires et acteurs du SPIE dans les territoires, et notamment les missions locales…

Que répond Pôle emploi aux syndicats des missions locales qui pensent que l'opérateur public de l'emploi veut les doubler ?

P. B. : Cessons les querelles inutiles ! Les missions locales sont le partenaire numéro 1 de Pôle emploi dans le cadre du CEJ. Nous travaillons depuis des mois avec elles pour préparer le CEJ et nous allons pleinement coopérer dans chaque territoire pour atteindre notre objectif commun d’accélérer l’insertion ou la réinsertion dans l’emploi durable des dizaines de milliers de jeunes en risque d’exclusion professionnelle.

Ces jeunes vont bénéficier, grâce à l’engagement et à la compétence de nos deux réseaux, d’un accompagnement d’une très forte intensité, mobilisant toute notre palette de services et celle de nos partenaires dans les territoires. Ce contrat d’engagement jeune est l’occasion de démontrer non seulement l’efficacité de nos services, mais aussi d’accentuer la coopération entre les missions locales et Pôle emploi dans chaque territoire.

Pour offrir à ces jeunes des parcours sans couture, nous avons également travaillé à identifier les services de Pôle emploi qui pourraient utilement bénéficier aux jeunes accompagnés par les missions locales, et souhaitons à l’inverse que des jeunes accompagnés par Pôle emploi puissent se voir proposer des services portés par les missions locales.

Les ambitions du contrat d’engagement sont élevées à la hauteur des besoins des jeunes en demande d’insertion professionnelle, et seule une parfaite coopération entre Pôle emploi et les missions locales permettra de les atteindre.

 

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre