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Marché de l’emploi : la tendance baissière stabilisée… avant l’inversion ?

Marché de l'emploi | publié le : 10.01.2024 | Gilmar Sequeira Martins

Marché de l’emploi : la tendance baissière stabilisée… avant l’inversion ?

Marché de l’emploi : la tendance baissière stabilisée… avant l’inversion ?

Crédit photo Patryssia/Adobe stock

L'année 2024 va-t-elle briser la dynamique du plein-emploi que France Travail compte enclencher ? Les derniers chiffres publiés font apparaître une stabilisation des créations de postes. Est-ce le signe avancé d’une reprise ? Il faudrait pour cela inverser la tendance installée depuis plusieurs trimestres.

Le marché de l’emploi est-il en train de se remettre sur la bonne voie ? Au troisième trimestre 2023, le volume d’embauches se stabilise avec plus de 6 386 000 contrats de travail signés dans le secteur privé, soit 0,1 % de plus qu’au deuxième trimestre, qui avait enregistré une baisse de 1 %, selon les dernières données diffusées par la Dares, la structure du ministère du Travail chargée de compiler les statistiques. Autre bonne nouvelle : cette évolution concerne aussi bien les CDD, qui progressent de 0,1 % après un recul de −0,7 %, que les CDI, qui augmentent de 0,3 % après un retrait de −2,5 % au second semestre. Il en faudra cependant beaucoup plus pour effacer la baisse enregistrée depuis un an. Sur les douze derniers mois, les embauches en CDI ont en effet reculé de −3,4 % et celles en CDD de −1,0 %.

Les données de la Dares mettent en relief la situation particulière des hôpitaux et des structures accueillant des personnes âgées dans le secteur privé. Alors que les tensions de recrutement sont très fortes dans ce secteur, ces établissements enregistrent une hausse des fins de CDI similaire à celle des autres secteurs économiques. Les chiffres de la Dares montrent que les fins de CDD dans les Ehpad privés sont 22 % plus importantes au troisième trimestre 2023 qu’avant la crise sanitaire et 15 % plus élevés dans les hôpitaux privés. En prenant une autre échelle de mesure, il apparaît que, entre le quatrième trimestre de 2019 et le troisième trimestre de 2023, les fins de CDD ont augmenté de 40 % dans les Ehpad privés et de 29 % dans les hôpitaux privés. Pour l’ensemble du secteur privé, la hausse a atteint 33 %.

Infirmier : sixième métier le plus tendu

La Dares relève aussi que les ruptures conventionnelles ont baissé de façon spectaculaire depuis la fin 2020. Entre le quatrième trimestre 2019 et le troisième trimestre 2023, elles ont enregistré un recul de −21 % pour les Ehpad privés et de −16 % pour les hôpitaux privés. Le contraste avec l’ensemble du secteur privé est frappant puisqu’il a vu sur la même période ces mêmes ruptures conventionnelles augmenter de 17 %. Parallèlement, les tensions de recrutement n’ont cessé d’augmenter depuis 2020. En 2022, les métiers d’infirmier et aide-soignant figuraient aux 6e et 28e rangs des métiers les plus tendus en matière de recrutement parmi les 87 familles professionnelles recensées. Trois ans auparavant, en 2019, ils figuraient au milieu du peloton, occupant respectivement les 46e et 40e rangs dans ce classement.

L’intérim n’échappe pas à une tendance baissière qui commence à s’installer sur la durée. Après l’épidémie de Covid qui avait littéralement asséché ce marché en réduisant les effectifs à 373 573 personnes en avril 2020, le secteur a repris des couleurs, mais cela suffira-t-il ? Depuis le sommet atteint en janvier 2022 avec 840 575 intérimaires, qui avait réussi à surpasser le précédent record atteint en avril 2018 avec 822 439 personnes, les effectifs n’ont cessé de baisser. La Dares estime qu’ils ne seraient plus que 752 500 personnes en novembre 2023, après deux retraits mensuels consécutifs (0,8 % et 1,3 %). Sur l’année, le recul est très net puisqu’il atteint -6,9 % (- 56 400 personnes). Fin 2023, le nombre d’intérimaires revient donc au niveau qu’il avait atteint six ans auparavant, en juin 2017 (757 000).

PACA et Bourgogne-Franche-Comté résistent

Trois secteurs ont plus particulièrement réduit leur recours aux intérimaires : la construction (- 1,4 %) ainsi que l’industrie et le tertiaire (- 1,3 % chacun). Dans le champ industriel, c’est l’agroalimentaire qui enregistre le reflux le plus important (- 2,7 %), suivi par la fabrication de biens d’équipements et de machines (- 2,2 %) et celle des produits industriels (- 1,3 %). De nombreuses activités tertiaires ont aussi réduit le recours à l’intérim : c’est le cas dans le transport-entreposage (- 2,2 %), le commerce (- 1,5 %) et les services aux entreprises (- 1,1 %). Les services non-marchands sont à contre-courant avec une progression de 2,3 %. Globalement, sur l’année 2023, le recul de l’emploi intérimaire est particulièrement marqué dans ces trois secteurs avec des replis de 7,4 % dans le tertiaire (soit −28 100 intérimaires), de 7 % dans l’industrie (soit − 20 000 intérimaires) et de 3,8 % dans la construction (soit − 5 400 intérimaires).

Hormis les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Bourgogne-Franche-Comté, qui résistent avec un recul très limité de l’emploi intérimaire (- 0,5 %), les autres régions enregistrent des baisses plus marquées entre septembre et octobre 2023, notamment en Centre-Val de Loire (− 2,8 %), en Auvergne-Rhône-Alpes (- 2,1 %), en Bretagne (- 2,1 %), ou en Nouvelle-Aquitaine (- 2 %). La région Île-de-France limite les dommages avec un repli léger (- 1 %). Autant de données qui laissent supposer que 2024 ne sera guère favorable à la croissance du volume d’emploi, aussi bien en CDI qu’en CDD.


En complément, lire aussi : Coup de froid sur les prévisions d’emploi au premier trimestre 2024

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins