Le futur est déjà en partie écrit: la population active va, selon l’Insee, continuer de vieillir jusqu’en 2040, et la poursuite du phénomène est « très probable » au-delà de cette date. Les seniors vont donc, « nolens volens », revenir au centre de la scène, du fait des pénuries de main-d’œuvre, mais aussi de l’allongement prévu de la durée de la vie active. Les recruteurs vont donc voir se multiplier les candidatures provenant de cette catégorie de la population. Quel regard portent-ils sur ces potentiels futurs membres de leur entreprise?
Une étude commandée par Indeed et réalisée par OpinionWay auprès de 1.000 salariés et 406 dirigeants d’entreprise permet d’avoir une vision plus nette de la situation actuelle. Aujourd’hui, dans les entreprises comptant plus de 20 salariés, la majorité des personnes en poste ont entre 35 et 49 ans. Les seniors ne sont pas pour autant absents, puisque plus de 9 dirigeants sur 10 (93%) déclarent en compter « un ou plusieurs » dans leur société. Plus intéressant encore: une très vaste majorité de chefs d’entreprise (82%) a déjà recruté au moins un senior. Les salariés vivent aussi au quotidien avec des seniors, puisque 75% en comptent un ou plusieurs dans leur équipe. Les salariés portent une appréciation largement positive sur cette catégorie d’actifs: plus de 7 sur 10 (71%) souhaitent que leur société en recrute davantage. Une position largement partagée par les dirigeants d’entreprise: 6 sur 10 (60%) sont sur la même longueur d’onde.
Car les seniors ont des qualités reconnues par toutes les parties prenantes. Globalement, ils sont appréciés pour leur capacité de transmission et de partage des savoirs liés au métier et à son environnement, vis-à-vis de collaborateurs plus jeunes. Les salariés estiment que c’est auprès des salariés seniors qu’ils apprennent le plus: auprès des seniors de 45 à 50 ans pour 49% des salariés, mais aussi auprès des 50 à 60 ans pour 44% d’entre eux. Autre élément très clair: les salariés apprécient de travailler avec des seniors, puisque 86% d’entre eux partagent cette conviction.
En dépit de ces appréciations, des freins demeurent. Le plus largement partagé par les dirigeants et les salariés, à hauteur, respectivement, de 46% et 48%, est la crainte de problèmes de santé. L’étude souligne que cette perception, très présente parmi les recruteurs, n’est pas confirmée dans les faits. Le baromètre sur l’absentéisme de Malakoff Humanis, retraçant les évolutions enregistrées depuis 2016, constate en effet que les salariés âgés de 18 à 34 ans sont surreprésentés parmi les salariés absents pour maladie (42%), alors que les plus de 50 ans ne constituent que 34% de l’ensemble. L’étude conclut qu’il serait « judicieux pour les dirigeants de revoir leur stratégie de recrutement en n’oubliant pas ces profils qui seront, quoi qu’il arrive, bientôt majoritaires dans les entreprises ».