Alors que la question de l'emploi des seniors est sous les projecteurs de l'actualité en cette période de concertation de la réforme des retraites, le secteur du travail temporaire se pose en recours pour favoriser l'accès au marché du travail des plus de 55 ans.
Les premières bilatérales consacrées à la réforme des retraites ont commencé cette semaine avec comme objets de débats les questions du maintien de l’emploi des seniors et la prévention de l’usure professionnelle. Deux questions à aborder, selon le ministère du Travail, en amont de tout recul de l’âge légal du départ à la retraite. Selon une étude de la Dares publiée en avril dernier, le taux d’emploi des seniors se réduit au fur et à mesure de l’avancée en âge. De 71 % pour les 55-59 ans, il tombe à 35 % pour les 60-64 ans. Une donnée à avoir en tête dès lors que l’on imagine un âge de départ à 65 ans à l’horizon 2031, voire à 67 selon la suggestion de l’ancien Premier ministre et pilier de la majorité présidentielle Édouard Philippe.
Alors qu’Olivier Dussopt a déjà suggéré plusieurs pistes de travail pour assurer le maintien des plus de 55 ans dans l’emploi, allant de l’imposition d’un index senior dans les entreprises à une réduction de la durée d’indemnisation des seniors au chômage pour convaincre les entreprises de ne plus se délester de leurs aînés sur l’Unédic en passant par le cumul des dispositifs emploi-retraite, les branches commencent à se triturer les méninges pour favoriser l’accès au marché à l’emploi des seniors.
12,5 % de seniors intérimaires
Parmi leurs pistes, celle du travail temporaire, contrainte à ces réflexions du fait du vieillissement des personnels intérimaires. Selon l’enquête de l’Observatoire de l’intérim et du recrutement, la part des plus de 50 ans dans le travail temporaire a augmenté passant de 11,5 % en 2018 à 12,5 % en 2020 (contre 31 % dans la population active générale). Deux tiers des intérimaires seniors interrogés sont entrés en intérim après 40 ans, principalement motivés par le souhait de retravailler rapidement après la perte d’un emploi et par une aspiration à davantage de flexibilité. La grande majorité d’entre eux expriment leur satisfaction : les salariés intérimaires de plus de 55 ans se projettent très majoritairement sur le fait de continuer à travailler en intérim, au moins partiellement (73 % des 55-59 ans et 70 % des 60 ans et plus), voire exclusivement (55 % des 55-59 ans et 60 % des 60 ans et plus).
"Les mécanismes de sécurisation des parcours mis en place par la branche répondent à des problématiques importantes pour les seniors. Ainsi, l’accès à la formation professionnelle dans laquelle la branche a investi 600 millions d’euros en 2021, la portabilité des droits des salariés intérimaires, ou le bénéfice des régimes de frais de santé et de prévoyance de la branche, sont autant d’arguments attractifs pour les seniors et qui les encouragent à poursuivre une activité salariée. Pour les plus âgés, ces atouts peuvent aussi s’avérer précieux dans le cadre d’un cumul emploi retraite", explique-t-on à Prism’Emploi, la fédération patronale du travail temporaire. Des premiers pas, donc, amenés à être complétés par d’autres mesures favorables à l’emploi des seniors. Parmi lesquelles l’abandon du principe de limitation de la durée des missions pour les plus de 50 ans, corrélée à la suppression du délai de carence – cette période obligatoire de repos entre deux missions d’intérim – pour ces mêmes quinquas. Autres suggestions : créer un cas de recours à l’intérim tenant compte des attentes et des besoins des seniors, mutualiser les coûts de maladie et des accidents de travail pour les intérimaires âgés et développer l’accompagnement des seniors au chômage par des entreprises de travail temporaire.