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« Les personnes au RSA ont besoin d’un accompagnement dans la confiance et la durée » (ATD Quart monde)

Marché de l'emploi | publié le : 22.01.2024 | Flora Peille

Pour Marie-Aleth Grard, présidente d'ATD Quart monde : « Les personnes au RSA ont besoin d’un accompagnement dans la confiance et la durée. » 

Crédit photo DR

Levée de bouclier contre la réforme du RSA chez ATD Quart monde. Pour sa présidente, Marie-Aleth Grard, les dispositions de la loi « plein-emploi » et notamment les sanctions prévues contre les allocataires qui ne se plieraient pas aux 15 à 20 heures d’activité hebdomadaires risquent de pénaliser les personnes en situation d’insertion.

Pourquoi contestez-vous la pertinence d’une contractualisation du RSA ?

Marie-Aleth Grard : Les personnes allocataires du RSA ne vivent pas, elles survivent. Au quotidien, ce public tente par tous les moyens de se nourrir et de payer ses factures. La plupart des bénéficiaires rencontrent aussi des problèmes de logement. Ils ont donc besoin d’un accompagnement dans la confiance et dans la durée pour trouver un emploi digne et pérenne. Le fait d’effectuer quelques heures le matin, le soir et à trois heures de transports de son domicile ne constitue pas une réponse adaptée à l’insertion professionnelle.

Comment expliquez-vous ces radiations dans un contexte où la lutte contre le non-recours est une priorité de l’État ?

M.-A. G. : Cela laisse à penser que ce public reste méconnu. Pourtant, nous savons dans quelles conditions vivent ces personnes, que ce soit au sein de centres d’hébergement d’urgence, de logements insalubres ou parfois dans la rue. Dans ce contexte, il leur est difficile d’honorer leurs rendez-vous, d’autant plus qu’il s’agit d’injonctions et non d’entretiens organisés selon les disponibilités des deux parties. France Travail a déjà fait appel à une entreprise privée pour joindre des allocataires du RSA. Pallier le manque de personnel formé à l’accueil d’individus en difficulté par de la sous-traitance privée est choquant.

Justement, que pensez-vous du fait que l’accompagnement des allocataires s’effectue désormais par les salariés de France Travail ?

M.-A. G. : Ce ne sont pas des travailleurs sociaux et je pense donc que ce n’est pas de leur ressort. Seuls des professionnels formés à l’accompagnement social peuvent accompagner ce public correctement. Mais encore faut-il qu’ils ne soient pas déjà surchargés de travail.

Vous dénoncez une dichotomie dans les objectifs affichés avec, d’une part, la recherche de sanctions et, d’autre part, l’urgence à répondre aux problématiques de non-recours…

M.-A. G. : C’est incompréhensible. Comment peut-on mettre en place une expérimentation où on cherche à sanctionner les personnes les plus défavorisées face à une autre, qui, au contraire, cherche à comprendre pourquoi certains sont dans le non-recours aux droits. Je souhaite vraiment que le dispositif expérimental « Territoire zéro non-recours » (TZNR) démontre qu’une fois que les personnes retrouvent leurs droits, leur situation, celle de leur entourage et de leur quartier s’améliorent. Certes, la lutte contre le non-recours a un coût, mais il est intéressant de relever ses retombées : en accédant à leurs droits, les individus consomment à nouveau et participent à des activités locales. C’est essentiel. L’expérimentation « Territoires zéro chômeur de longue durée » (TZCLD) le prouve. L’investissement de départ engendre ensuite davantage de consommation chez un public qui a moins recours aux soins, car sa santé s’améliore également. C’est vertueux.

Plusieurs territoires expérimentent déjà la contractualisation pour l’éligibilité au RSA. Avez-vous des retours ?

M.-A. G. : Pour l’heure, nous ne connaissons pas de bénéficiaires du RSA à qui on a demandé de faire 15 à 20 heures de bénévolat. De plus, lors des débats parlementaires, des députés et des sénateurs de tout bord politique indiquaient que, sur le terrain, il était impossible de mettre en place cette contractualisation.


Retrouvez l'intégralité de l'interview sur le site des Actualités sociales hebdomadaires : RSA : « Seuls des travailleurs sociaux formés peuvent accompagner correctement les allocataires »

Auteur

  • Flora Peille