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L’Apec priée de se réinventer

Marché de l'emploi | publié le : 07.04.2022 | Benjamin d'Alguerre

Publié le 5 avril dernier, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales daté de 2021 pointe l’activité « en demi-teinte » de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) pour la période 2017-2021 et lui enjoint de s'engager « un nouveau modèle de développement ».

Sale temps pour l’Apec. Alors que la France renoue avec de bons chiffres de l’emploi des cadres, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), portant sur le mandat de service public 2017–2021 de l’Association pour l’emploi des cadres vient bousculer les résultats encourageants du premier semestre 2022. Principaux griefs des inspecteurs vis-à-vis de l’Association pour l’emploi des cadres : en dépit d’une période 2017–2019 où les cadres frôlaient la situation de plein-emploi, l’Apec s’est « essoufflée » et a assuré un service de moindre qualité qu’attendu à un moment où la concurrence privée lui taille des croupières. « Faible croissance du nombre de bénéficiaires cadres et jeunes diplômés, échec de son accord-cadre avec Pôle emploi, dégradation de la qualité de service du point de vue des délais, moindre attractivité de son site Apec.fr, recul de la productivité des collaborateurs contribuant aux grandes missions, initiatives en matière d’innovation réduites en nombre et en ambition… » martèle le rapport de la mission d’Inspection. En clair : l’Apec s’est trop reposée sur les lauriers de son précédent mandat 2011–2016 (salué par l’Igas), préférant concentrer ses efforts sur les entreprises et les cadres en poste plutôt, et n’a engagé qu’en 2020, à l’occasion de la crise sanitaire, une transformation qu’elle aurait dû mettre en place plus tôt. À titre d’exemples : « Entre 2017 et 2019, le volume d’heures produites par l’Apec pour sa mission de sécurisation des parcours professionnels (SPP) des cadres et jeunes diplômés n’a crû que de + 0,67 %, contre une hausse de 25,9 % des heures produites pour la sécurisation des recrutements des entreprises (SRE) […] L’Apec a privilégié les cadres en poste dans une logique préventive, partant de l’idée que la majorité des cadres n’attendent pas d’être au chômage pour anticiper leurs mobilités professionnelles », soulignent les inspecteurs.

Comment corriger le tir ? En réduisant le périmètre des activités de l’Apec et en l’invitant à se restructurer autour de trois grandes missions, au lieu de quatre actuellement. Primo : le recentrage des missions. Exit le conseil RH ou en management non lié à une procédure de recrutement. L’Association doit se recentrer sur l’accompagnement des cadres dans leur évolution professionnelle, sur la mise en relation entre demandeurs d’emploi et potentiels recruteurs et sur les études. Secundo, la transformation du portail Apec.fr en « vecteur d’accompagnement des cadres tout au long de leur vie professionnelle ». Comprendre : « Les services en ligne doivent être conçus comme le premier niveau universel de réponse là où le conseil serait, lui, réservé aux publics à risque », explique l’Igas. Cette ambition passerait notamment par un rapprochement entre les sites Web de l’Apec et de Pôle emploi en matière de « croisement des diagnostics sur les publics suivis, de coordination de leurs actions vis-à-vis des entreprises, d’études, d’innovation et d’évaluation du retour à l’emploi des demandeurs d’emploi » dans le cadre de l’accord passé entre les deux opérateurs en janvier 2021. Tertio : « Déployer une stratégie active d’acquisition ciblée de publics et de délivrance des prestations de conseil adaptée aux risques vis-à-vis de l’emploi de ses bénéficiaires. » Autrement dit : en finir avec la politique de « guichet unique » pratiquée jusqu’à présent, qui a montré ses limites, et opter pour davantage de sélectivité dans le suivi des demandeurs d’emploi avec une réaffectation des moyens (y compris budgétaires) en fonction du risque de chômage des individus. « Ce modèle de développement doit conduire l’Apec à donner plus à ceux qui ont moins », résume le rapport. Bref, si ce rapport venait à être suivi d’effets, c’est à une réorganisation en profondeur que l’association est amenée à s’atteler…

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre