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"La réforme de l'assurance-chômage est anachronique et déséquilibrée" (Marylise Léon, CFDT)

Marché de l'emploi | publié le : 04.03.2021 | Benjamin d'Alguerre

Pour Marylise Léon, secrétaire générale adjointe de la CFDT, le Gouvernement fait un pari risqué en imposant une réforme de l'assurance-chômage reposant des prévisions de croissance incertaines pour le deuxième semestre 2021.

Que pensez-vous de la dernière mouture de la réforme de l’assurance-chômage présentée par Élisabeth Borne aux partenaires sociaux le 2 mars ?

Marylise Léon : Nous restons fermement opposés à la philosophie qui anime cette réforme et qui voudrait que la réduction des allocations facilite le retour à l’emploi. Pour autant, la CFDT ne nie cependant pas que la version présentée par Élisabeth Borne comprend quelques assouplissements par rapport aux moutures antérieures de 2019. Notamment par l’introduction d’un plancher limitant le nombre de demandeurs d’emploi qui seront touchés par la diminution des indemnités journalières (selon les chiffres de l’Unédic – 290.000 devraient être épargnés sur les 830.000 concernés – ), mais aussi parce qu’elle renvoie la question du passage des quatre à six mois de travail nécessaires pour être éligible à l’assurance-chômage à un « retour à meilleure fortune ». Pour autant, ce n’est pas satisfaisant. La CFDT demandait que l’on revienne à la table des discussions à partir des hypothèses de la négociation 2017-2018, mais le ministère nous a opposé une fin de non-recevoir.

Comment expliquez-vous la volonté du Gouvernement de réformer l’assurance-chômage malgré la crise ?

M. L. : Le Gouvernement fait le pari d’un retour de la croissance et aux créations d’emploi dès le deuxième semestre 2021 en misant sur une réussite de la stratégie vaccinale. Selon nous, ce pari est risqué et les demandeurs d’emploi risquent d'en faire les frais. Car si la croissance ne repart pas, ce sera la double peine. Non seulement leurs chances de retrouver un emploi n’augmenteront pas, mais ils verront leurs droits au chômage diminuer. Au vu de la situation actuelle et de la montée de la précarité, ce n’est certainement pas le moment de diminuer les revenus des chômeurs !

Que pensez-vous du report de l'application du bonus-malus sur les cotisations patronales des entreprises surconsommatrices de contrats courts en septembre 2022, soit après la prochaine présidentielle et à peu près au moment où les partenaires sociaux devront entrer en négociation pour la prochaine convention d’assurance-chômage ?

M. L. : Il ne nous a pas échappé que la seule mesure impactante pour les employeurs était renvoyée à un calendrier lointain et susceptible d’être modifié par les aléas politiques. Toutefois, nous comprenons la nécessité de se laisser le temps de l’observation avant la mise en place du bonus-malus, puisque certains des secteurs concernés sont particulièrement touchés par la crise. En revanche, le Gouvernement ne s’est pas laissé la possibilité d’examiner des solutions alternatives sur la taxation des contrats courts comme le proposent certains syndicats, ni d’attendre les conclusions du rapport de la mission IGAS-IGF que nous attendons depuis octobre. Cela renforce le caractère anachronique et déséquilibré de cette réforme.

 

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre