Malgré les bons chiffres de l’accès à l’emploi des chômeurs de longue durée, les dispositifs développés depuis la loi de 2018 manquent une partie de leur cible, observe Solidarités nouvelles face au chômage, qui a établi une liste de cinq propositions pour améliorer le système.
"Bien, mais peut mieux faire". C’est en substance le bilan que dresse l’association Solidarités nouvelles face au chômage (SNC) de la réforme 2018 de la formation professionnelle dans son rapport 2021 au titre éloquent : "Formation professionnelle des chercheurs d’emploi : sortir du parcours du combattant". Car en dépit des bons chiffres des entrées en formation avancés par le ministère du Travail dans le cadre du plan d’investissement dans les compétences – 1,2 million de demandeurs d’emploi sont entrés en formation en 2021 contre 800 000 en 2018 et on constate une hausse de 47 % d’entrées en formation pour les chômeurs les plus éloignés de l’emploi entre 2019 et 2010 – SNC reste sur sa faim. "En partie, la cible visée par le PIC n’a pas été au rendez-vous", estimait Joël Dessaint, chargé du plaidoyer au sein de Solidarités nouvelles face au chômage à l’occasion d’une rencontre avec l’Association des journalistes de l’information sociale le 8 décembre 2021.
Principal grief de SNC vis-à-vis de la réforme de 2018 : si celle-ci a indubitablement permis à davantage de demandeurs d’emploi d’accéder à la formation, trop d’entre eux restent encore sur le bas-côté. La faute à un maquis de la formation où un demandeur d’emploi de longue durée peine à se frayer un chemin. Information insuffisante du public, pléthore d’organismes prescripteurs et financeurs dont le nombre peu décourager le candidat, accompagnement insuffisant des chômeurs engagés dans un parcours de formation, dispositifs pas toujours adaptés aux besoins de demandeurs d’emploi de longue durée (à l’image du CPF plus adapté à l’achat de formations de courte durée plutôt qu’à l’investissement dans de véritables parcours de reconversion), peu de visibilité sur la garantie du maintien de la rémunération pendant la formation… Autant de murs qui peuvent dissuader les chômeurs les plus éloignés de l’emploi de passer le cap.
Cas typique : le dispositif "prépa compétences" déployé dans le cadre du PIC. Sur le papier, une bonne idée puisqu’il ambitionne de remettre les demandeurs d’emploi à niveau avant entrée en formation. Dans les faits, un dispositif inadapté puisque "30% des personnes inscrites dans le dispositif ne vont pas jusqu’au bout", note Joël Dessaint. Même verdict pour le conseil en évolution professionnel (CEP), censé accompagner les chômeurs en formation tout au long de leur parcours, mais dans les faits "six ans après sa création, le déploiement CEP se confond, bien souvent, avec l’accompagnement classique de Pôle Emploi ou se réduit à un atelier dédié au projet professionnel sans donner lieu à une prestation spécifique ou identifiée comme telle par le chercheur d’emploi", relève l’association.
Bref, pour SNC, il y a urgence à revoir le système car "entre un chômeur ayant été formé et un qui ne l’a pas été, le différentiel de retour à l’emploi est de dix points". L’Insee confirmait d’ailleurs dès 2018 qu’un chômeur sur deux qui n’avait pas suivi de formation au cours des douze derniers mois aurait aimé y avoir accès. Dans son rapport, Solidarités nouvelles face au chômage suggère cinq pistes pour faciliter cet accès à la formation dans le cadre d’une hypothétique future réforme de la formation après 2022. Primo : faire de Pôle emploi l’interlocuteur unique des chômeurs en matière d’accès à la formation pour simplifier l’accès. Secundo : garantir la rémunération et la prise en charge des coûts de formation. Tertio : développer la reconversion des demandeurs d’emploi. Quarto : assurer une meilleure continuité entre périodes travaillées et périodes de chômage. Quinto : développer les parcours associant emploi et formation.
Presque une feuille de route pour un futur ministre du Travail.