Conséquence des crises à répétition, 38% des patrons de PME-TPE jugent l’état de la trésorerie de leur entreprise faible. Et 13% seraient incapables de rembourser leurs PGE, selon le dernier baromètre CPME.
Hausse des prix de l’énergie, inflation, difficultés d’approvisionnement en matières premières… la crise qui s’installe dans la durée pèse sur le moral des petits patrons, à en croire le baromètre d’octobre de la CPME sur la situation économique et financière des PME-TPE en période de crise énergétique. Si, au premier semestre 2022, 42% des dirigeants espéraient encore une évolution favorable de la situation globale de leur entreprise, ils ne sont plus que 32% quelques mois plus tard. La faute à une accumulation des problèmes.
Primo, la hausse générale des prix pratiqués par leurs fournisseurs. 90% des chefs d’entreprise sondés par la CPME constatent une telle augmentation et 53% – contre 33% lors du dernier baromètre de juillet dernier – calculent que cette augmentation dépasse le prix de revient de 10%. Si 90% des dirigeants interrogés estiment que leurs fournisseurs profitent de la situation pour améliorer leurs marges, 31% indiquent ne pas pouvoir répercuter ces hausses sur leurs propres tarifs. D’ailleurs, 43% de ceux qui l’ont fait ont constaté des ventes à la baisse sur les produits et services ainsi gonflés.
Secundo, le coût de l’énergie, lui aussi à la hausse. Pour 41% des dirigeants de PME-TPE, ce coût sera supérieur à 3% de leur chiffre d’affaires à la fin de l’année et 60% prévoient que ce sera le cas l’an prochain. Principaux secteurs à faire ce constat : les cafés, hôtels, restaurants (67% en 2022), l’industrie et le bâtiment (42%). 45% estiment que ce surcoût énergétique aura des conséquences significatives sur leurs résultats 2022 et 9% envisagent même de mettre leur activité à l’arrêt, faute de pouvoir régler les factures de gaz et d’électricité. D’ailleurs, 18% des chefs d’entreprise doivent renégocier leurs tarifs électricité ou gaz cette année (41% en 2023) et 87% estiment qu’ils n’auront aucune marge de négociation.
Tertio, 56% des dirigeants rencontrent toujours des difficultés à s’approvisionner en matières premières ou en biens intermédiaires. Pour 87%, ce sont les coûts qui sont en cause, les délais de livraison pour 71% et l’indisponibilité des matières premières pour 69%.
À cela s’ajoute une hausse de la fiscalité locale, que 70% des chefs d’entreprise ont constaté en 2022. 35% estiment que leurs impôts et cotisations ont fait un bond de 5 à 10% et 6% calculent que l’augmentation était supérieure à 10%. 91% des dirigeants redoutent une augmentation de la contribution foncière des entreprises en 2023.
En conséquence, 38% des chefs d’entreprise jugent le niveau de leur trésorerie « faible » et 48% signalent une augmentation des retards ou des incidents de paiement de la part de leurs clients. Pour autant, lorsqu’ils se tournent vers les banques, les dirigeants le font davantage pour chercher des solutions d’investissement (31%) que de trésorerie (24%), les banquiers ayant d’ailleurs davantage tendance à répondre favorablement aux premières (71%) qu’aux secondes (50%). Demeure l’épée de Damoclès des PGE. Environ 60% des chefs d’entreprises sondés par la CPME avouent avoir eu recours à de tels prêts pendant la crise Covid. 13% confessent aujourd’hui se trouver dans l’incapacité de les rembourser dans les conditions actuelles. En revanche, à les en croire, un étalement sur quatre ans serait de nature à permettre à quasi 100% d’entre eux de les rembourser.