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France Stratégie propose une refonte du système de transitions professionnelles

Marché de l'emploi | publié le : 28.06.2023 | Benjamin d'Alguerre

France Stratégie propose une refonte du système de transitions professionnelles

France Stratégie propose une refonte du système de transitions professionnelles.

Crédit photo Nuthawut / Adobe stock

Suppression de Pro-A et de Transco, rénovation du PTP, instauration d’une instance de pilotage nationale des politiques emploi-formation… Faisant le constat d’une inadaptation entre les besoins en métiers futurs et les mécanismes de reconversion existants, France Stratégie propose un remède de cheval.

On efface tout et on recommence ? La France a beau multiplier les dispositifs de transition professionnelle depuis les années 1990 – on en compte une quinzaine aujourd’hui – le bilan final est plutôt décevant, affirme le Réseau emploi compétences (REC) de France Stratégie après près d’une année d’observation des mécanismes existants. Dans son rapport Relever collectivement le défi des transitions professionnelles, paru hier 28 juin, l’ancien commissariat général à la stratégie et à la prospective pointe les failles d’un appareil de reconversion français en inadéquation avec les besoins en compétences d’un futur plus ou moins proche. Et les chiffres recueillis font mal : si actuellement près d’1,4 million d’actifs engagent chaque année un changement de métier, seuls 60 000 le font dans le cadre d’un parcours financé.

À qui la faute ? Principalement à l’atomisation des dispositifs et à l’absence d’une politique cohérente de pilotage de ceux-ci, estiment les experts du REC. Alors, certes, en la matière, il existe tout de même quelques belles réussites, à l’image du conseil en évolution professionnelle (CEP) qui a bénéficié à 155 000 personnes en 2022 ou du contrat de sécurisation professionnelle dans lequel près de 56 671 licenciés économiques se sont engagés la même année. Mais, d’une part, ces mécanismes ne débouchent pas nécessairement sur une reconversion en bout de course et, d’autre part, ils cohabitent avec d’autres dispositifs à l’efficacité plus relative. Comme le projet de transition professionnelle (PTP) qui a remplacé le congé individuel de formation (Cif) en 2019, sans pouvoir parvenir aux mêmes résultats (moins de 20 000 PTP engagés en 2022 contre 40 à 45 000 Cif financés chaque année avant 2017), ou Transco – conçu initialement en 2019 comme une passerelle entre salariés en danger de licenciement et entreprises du même bassin d’emploi en manque de main-d’œuvre – qui, avec 323 dossiers enregistrés l’an dernier, fait figure de bide.

Pilotage national

Fort de ces constats, France Stratégie recommande une vaste refondation du système de l’accompagnement des transitions. Comment ? En installant en premier lieu un pilote dans l’avion afin de pouvoir piloter au plan national les politiques emploi-formation. Un pilote qui pourrait prendre la forme d’une instance quadripartite partagée entre État, Régions, organisations patronales et syndicales en charge de fixer les grands caps, dont les comités régionaux de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles constitueraient les relais dans les territoires. Selon les vœux du REC, c’est à ces derniers que reviendrait la mission de définir les priorités en matière d’accompagnement des mobilités en fonction des besoins du terrain, qu’il s’agisse de l’identification des publics les plus fragilisés à accompagner prioritairement ou des formations prioritaires vers lesquelles flécher les actifs en reconversion en fonction des besoins locaux en main-d’œuvre. Les opérateurs du CEP constitueraient un pivot central de ce nouveau schéma. Grâce à des conseillers mieux formés et à un renforcement financier, le conseil en évolution professionnelle pourrait atteindre une nouvelle dimension, pouvant, par exemple, être mobilisé d’office comme appui pour les actifs les moins autonomes ou pour les salariés redoutant l’obsolescence de leur métier.

Rationalisation des dispositifs

L’autre grand chantier à mener d'urgence, selon France Stratégie, c'est celui de la refonte des dispositifs et de leurs financements, afin de rationaliser le maquis des mécanismes existant. Primo : en supprimant ceux qui ne donnent pas satisfaction, comme Pro-A ou Transco, remplacés par une nouvelle mouture du contrat de professionnalisation, mieux identifiés par les acteurs. Secundo : en instaurant un PTP plus accessible qui permettrait de viser des blocs de compétences plutôt que des certifications ou diplômes complets et qui pourrait être abondé par le CPF des usagers. Tertio : en fléchant prioritairement les fonds de l’accompagnement en direction des publics les plus éloignés de l’emploi ou les métiers considérés comme prioritaires parmi ceux qui manquent de bras. Pour ceux-là, l’ensemble de la chaîne orientation, formation et maintien du salaire pourrait se voir financée par fonds publics. Les autres pourraient bénéficier de politiques systématiques de co-abondement de leur CPF par le biais des collectivités publiques, des branches et des entreprises. Ces dernières pourraient d’ailleurs, selon France Stratégie, bénéficier de coups de pouce financiers dès lors qu’elles investissent dans l’évolution professionnelle des salariés qui leur sont rattachés, que ce soit en formant leurs managers aux problématiques des emplois futurs ou en consacrant une partie de leur plan de développement des compétences aux mobilités sortantes. Avec la nécessité d’un focus sur l’accompagnement ciblé des TPE-PME. Y'a plus qu'à...

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Auteur

  • Benjamin d'Alguerre