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Formation, emploi, dialogue social, retraites : quelles mesures sociales au programme d'Emmanuel Macron ?

Marché de l'emploi | publié le : 17.03.2022 | Benjamin d'Alguerre

Le président candidat aura su jouer le suspense jusqu’au bout. Lui qui aura attendu le dernier moment pour annoncer officiellement sa candidature puis distillé savamment quelques mesures emblématiques – à l’image de la retraite à 65 ans – pour tester l’opinion a, finalement, le 17 mars, présenté son programme complet. Tour d’horizon des mesures sociales.

Emploi. Ce sera sans doute la mesure la plus remarquée du volet social du candidat Emmanuel Macron. Depuis quelques semaines, bruissait la rumeur d’une réforme importante du service public de l’emploi. Confirmée avec l’annonce, hier soir, de la transformation de Pôle Emploi en une nouvelle entité, "France Travail", un "guichet unique" destiné "à mettre en commun les compétences de Pôle emploi, des régions, des départements ou des missions locales", a précisé le leader de La République en marche. Dans les faits, sans doute une réforme aussi capitale que celle qui avait vu en 2009 la fusion de l’ANPE et des Assedic dans une entité unique, Pôle emploi chargé à la fois de l’indemnisation des chômeurs et de leur accompagnement, puisqu’elle vise à terme le regroupement de tous les "guichets" auxquels pouvaient s’adresser toutes les catégories de demandeurs d’emploi : jeunes avec les missions locales, personnes en situation de handicap avec Cap emploi. Pas certain en revanche que cette fusion d’instance ne crée pas de remous lors de sa mise en place, comme cela avait été le cas en 2009..

Autre élément visant à "favoriser le travail" et viser l’objectif d’une France du plein-emploi à l’horizon 2027, Emmanuel Macron, s’il est réélu, a annoncé la mise en chantier d’une grande réforme du RSA sur le modèle du contrat d’engagement jeunes (CEJ) déployé depuis le 1er mars dernier qui "équilibre les droits et les devoirs". Comprendre : conditionner le versement de cette allocation à 15 ou 20 heures d’activité d’insertion chaque semaine.

Troisième étage de la fusée, une nouvelle réforme de l’assurance-chômage qui poursuivrait sur la lancée de celle qui s’est mise en place en deux volets lors de l’actuel quinquennat. Selon les déclarations du candidat, il s’agirait surtout d’adapter la générosité du régime "aux paramètres conjoncturels". En clair, serrage de boulon vis-à-vis des demandeurs d’emploi lorsque l’économie tourne à plein, desserrage de vis en cas de crise comme cela s’est produit lors de la pandémie qui avait vu les droits des chômeurs indemnisés prolongés.

Formation. Après les réformes de la formation professionnelle et de l’apprentissage de 2018, celle des lycées professionnels pointe le bout de son nez en cas de réélection d’Emmanuel Macron. "Nous devons réformer le lycée professionnel sur le modèle de ce qu'on a fait pour l'apprentissage", a-t-il lancé. Principaux changements à l’horizon : "un partenariat beaucoup plus étroit avec les entreprises » et des lycéens professionnels "rémunérés pour leur temps d'entreprise comme le sont les apprentis". Une réforme qui s’accompagnerait d’un grand toilettage des filières et des cursus avec suppression de ceux qui ne débouchent pas sur l’emploi et création de nouveaux parcours vers les métiers qui recrutent.

Un semblable nettoyage des filières de l’apprentissage devrait d’ailleurs être mis en place. Le sortant ne s’interdit pas de faire déréfencer par France Compétences les filières menant insuffisamment à l’emploi ou à la qualification au profit de nouvelles.

Retraites. C’est potentiellement un casus belli avec les syndicats sur lequel le président-candidat s’est avancé. Même avec la CFDT qui avait pourtant soutenu jusqu’en 2019 le principe d’un départ progressif des salariés à 64 ans à condition qu’aucune mesure "d’âge pivot" n’y soit associée… ce qui avait finalement été le cas, provoquant une série de grèves à l’hiver 2019. Cette fois, plus question de départ à 64 ans ou d’âge pivot, mais bien "d’une augmentation progressive de l’âge légal à 65 ans". Mais en prenant compte de critères tels que les carrières longues, le handicap ou "la réalité des métiers". La définition de ces critères devrait appartenir aux partenaires sociaux, une négociation sur ce sujet ayant d’ores et déjà été planifiée par le locataire de l’Élysée. De la même manière que d’autres négociations de branches ou d’entreprises, devraient être consacrées à l’emploi des seniors en parallèle de la multiplication des dispositifs de pré-retraites ou de certaines expérimentations tutorales pour permettre aux seniors de partager leur expérience professionnelle tout en ayant un pied dans la retraite. Retraite dont le plancher minimal serait fixé à 1 100 euros en 2027.

Dialogue social. De nouvelles ordonnances travail en vue ? C’est ce que laisse entendre le candidat puisqu’il a annoncé son intention de "rapprocher encore davantage le dialogue social du terrain, de l’entreprise". Le périmètre de négociation des branches risque de diminuer d’autant, ce qui risque de fortement déplaire aux centrales syndicales les plus attachées à ce niveau de négo comme FO ou la CGT…

Compte épargne-temps. Une autre négociation interprofessionnelle sera, en cas de victoire d’Emmanuel Macron, consacrée à la généralisation qui permet pour l’instant de transformer les heures supplémentaires des salariés en monnaie sonnante et trébuchante pour partir à la retraite plus tôt ou bénéficier d’un supplément à leur prime de départ. Objectif affiché : rendre ce droit universel à toutes les entreprises – aujourd’hui, PME et TPE en sont largement exclues – mais aussi le rendre "portable", c'est-à-dire attaché à l’individu et non plus à son entreprise, mais surtout potentiellement convertible en temps plutôt qu’en argent. Soit une revendication de longue date du patronat, ce qui risque de coincer avec les syndicats de salariés…

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre