La réforme des retraites, qui s’est ouverte hier par le début des séries de rencontres bilatérales entre le ministère du Travail et les partenaires sociaux, s’accompagnera d’une réforme de l’emploi des seniors. Le Gouvernement s’y est engagé après que l’opposition parlementaire et les syndicats de salariés ont rappelé le faible taux d’emploi des plus de 55 ans. Selon les chiffres d’avril 2022 de la Dares, la direction des Statistiques du ministère du Travail, le taux d’emploi des seniors se réduit avec le temps. De 71 % pour les 55-59 ans, il tombe à 56 % dès lors que cette tranche est étendue jusqu’à 64 ans et même à 35 % pour les seuls 60-64 ans. De quoi convaincre le Gouvernement et les organisations sociales de sérieusement brainstormer pour imaginer des parades aux réticences des entreprises à embaucher des salariés âgés.
Si c’est bien la concertation qui élaborera les grandes lignes de l’emploi des seniors, plusieurs pistes sont d’ores et déjà annoncées. En premier lieu, la création d’un "index senior" calqué sur celui de l’égalité hommes-femmes en vigueur dans les entreprises depuis 2019. Avec à la clé une note sur 100 jaugeant les efforts de l’employeur en matière d’investissement sur les seniors… assortie de sanctions pour les mauvais joueurs.
À l’occasion d’une interview donnée le 9 octobre au Journal du Dimanche, le ministre du Travail, du Plein-Emploi et de l’Insertion, Olivier Dussopt, a évoqué d’autres mesures susceptibles de favoriser le maintien dans l’emploi des salariés de plus de 55 ans dans un pays comme la France, à la faible culture de l’emploi des seniors. Côté pile, le ministre évoquait un dispositif de cumul emploi-retraite. En clair : un senior occupant un emploi inférieur à sa qualification et à ses dernières rémunérations pourrait cumuler une partie de ses indemnités retraite avec son salaire pour ne pas perdre en pouvoir d’achat. Côté face, c’est par une révision à la baisse des allocations-chômage pour les plus de 55 ans que le locataire de l’Hôtel du Châtelet entend inciter les seniors au retour à l’emploi. Si, actuellement, un demandeur d’emploi de 55 ans touche trois ans d’indemnité, "il ne saurait être question d’en faire une voix de délestage", confie Olivier Dussopt à nos confrères du JDD. Message transmis aux seniors au chômage… mais aussi aux employeurs ayant la tentation de recourir à l’assurance-chômage pour se débarrasser de leurs anciens.
Autre solution, imaginée cette fois au Medef. Dans une entrevue avec Les Échos, Geoffroy Roux de Bézieux, président de l’organisation patronale, s’est dit favorable à la mise en place de pourcentages minimaux de seniors dans les entreprises. En fonction des entreprises et de leur activité, cependant. "Cela n'a aucun sens, par exemple, de demander à des start-up d'avoir un pourcentage minimal de seniors", indiquait-il.