Le Gouvernement vient d’annoncer la mise en place d’une série de nouveaux coups de pouce aux entreprises de taille intermédiaire (ETI), mais attend en échange des engagements en matière de développement de l’emploi, de l’alternance, de l’actionnariat salarié ou de l’égalité hommes-femmes.
Le Gouvernement chouchoute les ETI. Deux ans après le lancement de sa "stratégie ETI", Bercy invitait, le 5 janvier 2022, un panel de dirigeants de ces entreprises à mi-chemin entre les PME et les grands groupes qui pèsent 3 millions d’emplois en France et ont connu une croissance de 35 % à l’export l’an passé, afin de tirer le bilan des années écoulées et préparer la suite des événements. Un bilan bien entendu marqué par la pandémie de Covid-19, à laquelle les ETI ont plutôt bien résisté, grâce notamment aux aides de l’État. Ainsi, durant la crise, 1 229 de ces entreprises (sur les quelque 5 530 recensées) ont bénéficié d’un prêt garanti par l’État (PGE) pour un montant moyen de 12,8 millions d’euros. En sortie de pandémie, elles ont également été pleinement prises en main dans le cadre du plan de relance. Sur 1 738 ETI industrielles recensées par l’Insee, 469 ont ainsi été lauréates des appels à projet de France Relance pour la modernisation, la relocalisation ou le développement d’activités, soit 27 %. 569 millions d’euros d’aides leur ont été accordés sur 2,9 milliards d’euros, soutenant près de 2,4 milliards d’euros d’investissements industriels. Et dans le cadre du guichet "industrie du futur", 398 entreprises ont été soutenues, pour 67 millions d’euros de subventions permettant de soutenir 250 millions d’euros d’investissements.
Pour autant, rien ne dit à ce stade que la crise sanitaire ne laissera pas de traces durables dans l’écosystème des ETI durement touchées par les conséquences économiques de la pandémie. Mezzo voce, un dirigeant d’une telle entreprise avoue d’ailleurs que sur le plan industriel, les conséquences de la crise des semi-conducteurs pourraient éclater "d’ici un an ou deux". Autant dire que pour Bercy, il y a urgence à agir dès maintenant avec la mise en place de la deuxième vague de sa stratégie ETI. Au menu : une batterie de décisions ambitionnant de favoriser le développement de ces entreprises et de les aider à atteindre une taille critique. Parmi lesquelles la nomination deux deux "ambassadeurs des ETI" (la conseillère maître en service extraordinaire à la Cour des comptes Jeanne-Marie Prost, et Olivier Schiller, PDG de Septodont) afin de servir de sherpa de ces entreprises auprès de l’administration et assurer le suivi de la stratégie ; la poursuite du "Tour de France des ETI" engagé par la ministre de l’Industrie, Agnès Panier-Runacher pour recueillir leurs cahiers de doléances ; le lancement d’une cinquième promotion BPI France de l’accélérateur des ETI afin d’accompagner leurs dirigeants dans la croissance ou le renforcement des liens entreprises-universités afin de leur permettre d’accéder aux compétences jusqu’à présent préemptées par les grands groupes.
Sur le plan financier, les ETI devraient bénéficier d’un meilleur accès aux fonds de soutien européens, notamment les plus petites d’entre elles (moins de 499 salariés) qui pourront prétendre aux financements de l’ensemble des composantes du programme (infrastructures durables ; recherche, innovation et numérisation ; PME ; investissements sociaux et compétences) mis en place dans le cadre d’InvestUE. Par ailleurs, les négociations du cadre financier pluriannuel européen pour 2021-2027 ont aussi permis d’introduire dans le règlement du Fonds européen de développement régional (Feder) la possibilité de financer pour les ETI les activités de développement et d’intégration des résultats de la recherche dans leur appareil productif ainsi que d’exploitation des technologies avancées issues de l’innovation. Dans certains cas précis et notamment lorsque ce soutien a un impact positif significatif sur la compétitivité des PME et/ou du territoire du programme, le Feder, doté d’environ 9 milliards d’euros pour la France, pourra également soutenir les investissements productifs des ETI. D’autres mesures visant à faciliter la transmission patrimoniale des ETI sont également prévues.
Pour autant, Bercy attend un retour sur investissement en matière sociale, sociétale et environnementale. Si les ETI ont été, même pendant la crise, des actrices de l’insertion (26 700 emplois nets créés sur les trois premiers trimestres 2021, 40 % d’augmentation des effectifs d’apprentis en 2020), de nouveaux efforts leur sont demandés. Le Mouvement des ETI (METI) a ainsi pris quatre engagements. Primo : poursuivre et accélérer la dynamique d’investissements constatée en 2021 tout particulièrement au profit du développement et de la modernisation de l’appareil productif sur le territoire national, de la transformation digitale et de la décarbonation de l’industrie. Secundo : poursuivre et accélérer le recrutement d’apprentis, avec l’objectif d’atteindre les 5 % d’alternants dans leurs effectifs à horizon 2025. Tertio : accélérer le développement de l’épargne salariale, en s’appuyant sur les dispositifs les plus adaptés à chacune de leur organisation (politique volontariste en matière de participation, d’intéressement et d’actionnariat salarié). Quarto : favoriser l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, avec pour objectif de faire progresser de 10 % l’index d’égalité professionnelle des ETI à horizon 2025.