De plus en plus de demandeurs d’emploi sollicitent les aides de Pôle emploi et de l’Unédic à la création d’entreprise pour leur reconversion professionnelle. Une évolution portée notamment par le statut de microentrepreneur.
L’entrepreneuriat pour sortir du chômage ? Nombre de demandeurs d’emploi sautent le pas. En 2021, on recensait 229 000 bénéficiaires du cumul de l’ARE, un dispositif associant maintien des indemnités et aides à la création d’entreprise, calcule une étude réalisée par l’Institut Toluna pour le compte de l’Unédic, dont les derniers chiffres ont été réactualisés au mois de décembre. Cette pratique du cumul a le vent en poupe depuis ces quinze dernières années, portée notamment par la création, en 2008, du statut d’autoentrepreneur (microentrepreneur aujourd’hui) et poussé, ces dernières années, par l’arrivée des plateformes d’emploi de type Uber ou Deliveroo. Alors qu’on comptait quelque 359 000 microentreprises en 2010, leur nombre a explosé pour atteindre les 641 000 en 2021, selon l’Insee.
La popularité de l’autre dispositif d’aide à la création d’activité de l’Unédic et de Pôle emploi, l’ARCE, est en revanche en recul. L’Allocation d’aide à la reprise ou à la création d’entreprise n’a bénéficié qu’à 51 000 demandeurs d’emploi en 2021 contre presque 55 000 en 2019. Il faut dire que cette mesure, qui consiste à verser en une seule fois la somme cumulée des indemnités chômage du bénéficiaire afin qu’elle constitue un capital d’amorçage en vue de créer ou de reprendre une activité, n’offre pas la sécurité du versement mensuel de l’allocation de retour à l’emploi.
80 % des candidats à la création d’activité… sans expérience entrepreneuriale
Qui sont les candidats aux aides à la création d’entreprise ? Des hommes pour 60 % des titulaires de l’ARE et 75 % de ceux de l’ARCE. De moins de quarante ans pour l’essentiel (36 ans pour les bénéficiaires de l’ARCE, 39 pour la moitié des candidats au cumul allocation-aide). Peu de cadres, dans les candidats. Moins de 20 % des demandeurs de l’ARCE disposaient de ce statut quand 50 % de ceux qui font le choix du cumul relevaient des catégories employés et ouvriers. Un élément commun : 80 % ne disposent d’aucune expérience entrepreneuriale. Côté diplômes, les candidats à l’ARCE ne sont que 40 % à avoir un niveau bac alors que 70 % de leurs homologues bénéficiaires de l’ARE ont au moins ce niveau. Un hiatus qui s’explique par la possibilité offerte aux premiers de créer des microentreprises afin d’accéder à des jobs proposés par les plateformes d’emploi comme coursiers, livreurs ou chauffeurs VTC. Ils sont d’ailleurs 65 % à se constituer en microsociétés grâce à l’aide à la création ou à la reprise d’entreprises contre 49 % de ceux qui font le choix du cumul. Enfin, un tiers des bénéficiaires de l’ARCE se considèrent comme en reconversion professionnelle contre 50 % des adeptes du cumul.
90 % des demandeurs d’emploi affirment avoir fait le choix de l’entrepreneuriat de leur propre initiative. D’ailleurs, 55 % y songeaient avant leur inscription à Pôle emploi contre 30 % qui ont découvert cette possibilité sur place. Une fois l’activité créée, 53 % des bénéficiaires du cumul ARE-aides estiment que le dispositif était indispensable à cette création, ce qui n’est le cas que de 37 % de ceux qui ont sollicité l’Aide à la création ou à la reprise d’entreprise.