logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

2022, année record pour l’emploi des cadres

Marché de l'emploi | publié le : 07.11.2022 | Benjamin d'Alguerre

Si les cadres ne ressentent pas une frénésie de mobilité, la situation les a cependant rendus plus pugnaces à défendre leur pouvoir

Si les cadres ne ressentent pas une frénésie de mobilité, la situation les a cependant rendus plus pugnaces à défendre leur pouvoir.

Crédit photo wichayada/Adobe Stock

282.000 recrutements de cadres ont eu lieu cette année, pulvérisant le record de 2019, la dernière grande année faste, malgré des difficultés de recrutement toujours bien présentes dans certains secteurs. Les cadres, pour leur part, tendent à demeurer dans leur entreprise, mais profitent de la période pour faire revoir leur rémunération à la hausse.

475.300. C’est le nombre d’offres d’emploi recensées sur le jobboard de l’Apec au cours des trois premiers trimestres 2022, soit presque 65.000 de plus que les 409.300 enregistrés en 2019, année pourtant la plus faste pour la situation de l’emploi des cadres. « Avec 282.000 recrutements de cadres réalisés sur l’année (en CDI ou CDD de plus d’un an), 2022 constitue un record pour l’emploi cadre. Au début de l’année, nos projections nous laissaient croire que les niveaux de recrutement seraient proches de ceux de 2019, mais ce sera bien plus ! » se félicite Laetitia Niaudeau, directrice générale adjointe de l’Apec. Et les intentions de recrutement lors des trois prochains mois demeurent élevées. Au total, 12% des entreprises souhaitent recruter au moins un cadre au prochain trimestre, soit, dans le détail, 62% des grands groupes et ETI (+8 points par rapport au dernier trimestre), 19% des PME (+4 points) et 6% des TPE.

Difficile de nier, à l’Apec, que cette situation provient en partie du « rattrapage » de l’année blanche 2021, où les recrutements s’étaient vus paralysés par la survivance de l’épidémie de Covid-19 et le ralentissement de l’économie. Mais cet acquis de croissance n’explique pas tout. « Face à un contexte d’incertitude, les entreprises ont choisi l’action par acquisition de compétences », explique Laetitia Niaudeau. « On constate un fléchissement des investissements des ménages, mais en revanche, ceux des entreprises augmentent et tant que les entreprises investiront, l’emploi des cadres sera en croissance », précise Gaël Bouron, responsable adjoint du pôle Études de l’Apec.

Difficultés de recrutement

Cependant – et c’est le paradoxe –, si les recrutements de cadres fleurissent, certains employeurs peinent à trouver chaussure à leur pied. 84% des entreprises jugent difficile de recruter un cadre en ce quatrième trimestre 2022, dont 38% « très difficile ». Trois secteurs, particulièrement, connaissent de fortes tensions de recrutement: l’informatique, les études R&D et la production industrielle, ce qui, au plan régional, aggrave des situations de crise pré-existantes. Par exemple, en Occitanie, les industries informatiques du territoire de Montpellier et celle de l’aéronautique dans le secteur de Toulouse souffrent, faute de candidats. « 40% des recrutements dans cette région concernent les deux catégories les plus pénuriques », observe Laetitia Niaudeau.

Ce fort besoin de cadres a également des conséquences en matière de mobilité de ces derniers. Si le phénomène de « grande démission » ne les concerne que peu (13% seulement ont changé d’entreprise au cours du dernier trimestre), ils n’en sont pas moins pris par une envie de changer d’air. 54% considèrent le moment opportun pour changer d’entreprise et 42% se disent « en veille » en vue d’un changement d’emploi, soit le plus fort taux de ces dix-huit derniers mois. Les plus jeunes sont ceux qui ont le plus la bougeotte: 72% des moins de 35 ans avouent leur intention de consulter les offres d’emploi ces trois prochains mois, alors que ce n’est le cas « que » de 60% des 35-54 ans. Leurs aînés sont plus casaniers, en revanche, la faute à la mauvaise conjoncture générale sur l’emploi des seniors. Les cabinets de recrutement, très sollicités par les entreprises en besoin de main-d’œuvre cadre, ne sont pas en reste: 33% des cadres confessent avoir été sollicités par un tel cabinet au cours des derniers mois. C’est cinq points de plus qu’au troisième trimestre 2021.

43% demanderont une augmentation

Si les cadres ne ressentent pas une frénésie de mobilité, la situation les a cependant rendus plus pugnaces à défendre leur pouvoir (71% se disent d’ailleurs très inquiets quant à son évolution). 43% des sondés indiquent souhaiter demander une augmentation d’ici la fin de l’année (55% chez les moins de 35 ans) et 34% ont déjà demandé des informations à leur employeur sur l’évolution des salaires. Face à cela, les entreprises qui souhaitent conserver leurs cadres n’ont pas le choix que d’ouvrir le porte-monnaie. 49% d’entre elles ont mis en place des dispositifs en faveur du pouvoir d’achat de leurs salariés cette année, pour compenser le contexte inflationniste. Du côté des grandes boîtes, la tendance est à l’augmentation des salaires, alors que les petites privilégient les solutions de type primes exceptionnelles. 49% des PME et 59% des TPE ont ainsi débloqué des primes à destination de leurs cadres.

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre