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Hôpital public : une fonction RH sous contraintes

Entreprise & Carrières | Fonction RH | publié le : 06.10.2016 | Elodie Sarfati

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Entreprise & Carrières révèle en exclusivité les résultats du premier baromètre RH conduit par la Fédération hospitalière de France (FHF) et Obea dans le secteur public hospitalier. Cette étude dresse le panorama des pratiques, des priorités et des difficultés d’une GRH qui se revendique de plus en plus stratégique.

Tarification à l’acte (T2A) et mise en place des groupements hospitaliers de territoire (GHT), développement de l’ambulatoire et rigueur budgétaire instituée… Au confluent des réformes et des enjeux de santé publique, l’hôpital vit des transformations en profondeur. Avec, pour les acteurs de la fonction RH, de nouveaux défis à relever, que ce soit pour les directeurs des affaires médicales (DAM), en charge de la gestion du personnel médical (les praticiens hospitaliers) ou pour les DRH, dont dépend le personnel non médical (infirmiers, aides-soignants, personnel technique et administratif…).

Contraintes économiques et budgétaires

Les résultats du baromètre FHF-Obea des enjeux RH 2016(1) révèlent d’abord à quel point les contraintes économiques et budgétaires sont structurantes pour la fonction : 92 % des répondants considèrent qu’elles les incitent à faire évoluer leurs pratiques RH (lire page 26). Par comparaison, 56 % des DRH du privé(2) partagent ce point de vue.

Dès lors, la priorité des priorités, pour 80 % des sondés, consiste à maîtriser la masse salariale (cf. graphique ci-dessous). « C’est un score très élevé, mais qui n’est pas surprenant, commente Marie Houssel, responsable du pôle RH de la Fédération hospitalière de France (FHF). Car en moyenne, la masse salariale représente 70 % de la dépense des établissements de santé, et le plan triennal d’économies fixe des objectifs très clairs de maîtrise salariale. En outre, les gestionnaires RH doivent composer avec des mesures nationales dont l’incidence financière est importante, comme l’application du protocole PPCR, la revalorisation du point d’indice, en 2016. »

Organisation de travail et absentéisme

Logique, aussi, que l’optimisation des organisations de travail et l’absentéisme figurent en haut de la liste des préoccupations. Pour Yann Dubois, professeur en GRH à l’EHESP (École des hautes études en santé publique), les DRH hospitaliers sont désormais clairement positionnés sur la recherche de la performance : « Depuis l’introduction de la T2A, la fonction a fondamentalement changé : auparavant, il s’agissait de suivre la masse salariale, désormais, il faut la piloter. » Ce qui passe concrètement par un suivi renforcé des postes et des moyens de remplacement, voire des plans de réduction d’effectifs, une gestion resserrée des plannings, des réorganisations et des mutualisations…

L’enquête confirme par ailleurs que la renégociation des protocoles RTT s’est largement diffusée : 44 % des répondants affirment l’avoir revu ou être en train de le revoir. Les 56 % restants estiment le sujet non prioritaire ou vecteur de peu d’améliorations ; 23 % d’entre eux citent un « climat social défavorable ».

La gestion des carrières au second plan

Dans ce contexte, la gestion des carrières et le développement des compétences semblent passer au second plan. La GPMC (gestion prévisionnelle des métiers et des compétences), notamment, arrive en queue des sujets de mobilisation. « Cela pose question sur la possibilité d’individualiser la GRH au regard des outils statutaires en vigueur », remarque Marie Houssel.

Les sondés sont pourtant bien conscients de certains risques : ainsi, seuls 12 % des DRH et 36 % des DAM se mobilisent prioritairement sur l’attractivité et la fidélisation des professionnels, alors qu’ils sont respectivement 41 % et 62 % à citer ce sujet comme un des enjeux principaux de leur établissement.

Par ailleurs, seuls un quart des DRH affirment avoir mis en place des actions dédiées aux secondes parties de carrière : la plupart du temps, il s’agit d’une adaptation des postes (72 %) afin de prévenir des phénomènes d’usure, plus rarement (33 %) d’un entretien.

De même, les parcours professionnels et le développement des compétences, y compris managériales, sont considérés comme un enjeu majeur par moins de 20 % des sondés. Pourtant, sur le terrain, « les DRH ont pris conscience du rôle pivot des cadres, assure Jérôme Miara, Pdg d’Obea. Ils savent l’importance d’aller vers des principes d’actions partagés entre la fonction RH et les lignes managériales, notamment pour accompagner les transformations. Certains établissements ont créé des universités du management ».

Engagement professionnel

L’autre « constat fort » du baromètre, relève Frédéric Valletoux, le président de la FHF, est le niveau d’engagement particulièrement élevé que les sondés prêtent aux professionnels dont ils ont la responsabilité. Que ce soit vis-à-vis de leur métier (97 % des sondés le constatent, dont 39 % comme « très engagé »), ou de leur établissement (75 %) (...).

Auteur

  • Elodie Sarfati