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Comment le digital transforme la gestion RH

Liaisons Sociales Magazine | Fonction RH | publié le : 15.12.2015 | Eric Béal

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De nouveaux outils et applications numériques investissent le champ des ressources humaines. Ils offrent de nouvelles opportunités et bousculent les équipes RH.  

Jonathan Benhamou est un jeune patron enthousiaste et pressé. Créé il y a huit ans, la société PeopleDoc dont il est le président propose une plateforme de digitalisation RH qui automatise l’ensemble des processus administratifs, du recrutement à la gestion en ligne de tous les documents et échanges entre le salarié et son entreprise. Elle compte plus de 15 millions d’utilisateurs salariés dans le monde et a accueilli 150 nouveaux clients au cours des 18 derniers mois.

« Nous transformons la manière dont les entreprises s'occupent de leurs salariés, explique-t-il. Nous rajoutons une couche de mutualisation entre ces derniers et le centre de services partagés qui gère leur dossier administratif ou répond à leurs questions. » Tout est dématérialisé, y compris le bulletin de salaire. Et la plate-forme PeopleDoc envoie les éventuelles questions aux spécialistes RH internes, où qu’ils soient.

Loin de voir dans cette dématérialisation un risque d'apprauvissement des relations humaines, Jonathan Benhamou explique au contraire qu'elle permet aux gestionnaires RH de délaisser totalement les tâches administratives pour se consacrer pleinement à la gestion de carrière, au recrutement, aux besoins de formation. « Les experts RH peuvent revenir sur les sites pour devenir de réels business partners », ajoute-t-il.

Monde virtuel

Un avis partagé par David Bellaïche, président d’Althéa Groupe, un cabinet de conseil RH présent sur le Digital HeRoes Day, organisé le 8 décembre à Paris par PeopleDoc. « Pour fidéliser ses salariés, il faut bien les connaître afin de leur proposer une évolution professionnelle en adéquation avec leur envies », assure-t-il. En donnant l’exemple d’une grande banque qui a pu exploiter les verbatim de son enquête sociale interne grâce au Big Data. «En dix jours, ils ont fait ressortir une vingtaine de problèmes non traités jusqu’ici. Bien entendu, ensuite, il faut analyser et mettre en place des actions. Le digital est un outil, il ne remplace pas l’action d’un service RH».

Chez Webhelp, un spécialiste des centres d’appel, le digital permet de soigner la relation avec les salariés. « Nous avons ouvert des chats, afin de mieux connaître nos collaborateurs et pouvoir les retenir en leur proposant des carrières diversifiées », indique Valérie Magrez, la DRH. L’entreprise utilise également les services de Manzalab, un créateur de serious games pour former ses managers récemment nommés. «Les managers de Webhelp sont issus du rang, explique Clément Melville, le président de Manzalab. La plupart ne savent pas comment se positionner, ils restent cachés derrière leur ordinateur. Nous avons développé un monde virtuel pour les y aider.»

Et celui-ci de vanter les performances de ses solutions. «D’après les spécialistes des sciences cognitives, les serious games sont très efficaces. Ils poussent à l’engagement actif et ne stressent pas le joueur en cas d’erreur». «Le digital a modifié le comportement de nos managers, confirme Valérie Magrez. Ils ne se positionnent plus comme ceux qui savent et contrôlent. Ils sont maintenant dans le partage de connaissances. Cela permet à leurs collaborateurs d’être plus autonomes et de s’investir.»

Utilisation des données

David Yana, le DRH de Google France,  se positionne lui-aussi en fervent défenseur du digital RH. «L’industrialisation de la GRH nous offre la possibilité de nous concentrer sur notre cœur de métier, assure-t-il. Nos politiques RH sont axées sur les données récupérées auprès de nos collaborateurs. Nous passons notre temps à les interroger, y compris sur l’évolution de Google. Toutes nos enquêtes ont pour objet de mieux comprendre et mieux faire progresser nos salariés et nos managers.»

Ces derniers font d’ailleurs l’objet d’une évaluation régulière par leurs équipes. «Il s’agit de savoir s’ils aident les autres à progresser, s’ils s’intéressent à leur carrière, s’ils sont expert dans leur domaine. De cette façon, nous pouvons suivre les signaux faibles et aider rapidement là où le besoin se fait sentir.» Prometteur et... inquiétant.

Auteur

  • Eric Béal