L’ancien conseiller social de François Hollande à l’Elysée succède à Bruno Mettling à la présidence du conseil d’administration de l’Arpe. Parmi ses premières missions : l’achèvement des négociations sur les conditions de travail et de rémunération des livreurs et chauffeurs VTC et mettre en place un dialogue social pour les autres catégories de travailleurs ubérisés.
Changement de tête à la présidence du conseil d’administration de l’Autorité des relations sociales des plateformes d’emploi (Arpe), l’établissement public en charge de la régulation du dialogue social entre les plateformes de mise en relation (Uber, Deliveroo, etc.) et les travailleurs indépendants qui leur sont liés par un contrat commercial. Bruno Mettling, préfigurateur et premier président du CA de l’Autorité depuis sa fondation en 2021, cède, selon les termes d’un décret publié au JO le 13 novembre dernier, sa place à Michel Yahiel, qui occupait jusqu’à présent les fonctions de directeur des politiques sociales de la Caisse des dépôts et consignations.
Depuis sa création, l’Arpe n’a pas chômé en organisant les premières élections des représentants des travailleurs des plateformes – en dépit d’une première participation extrêmement faible – et en mettant en chantier les premières négociations sociales relatives au socle de droits sociaux et à la rémunération minimale des travailleurs indépendants des secteurs des VTC et de la livraison. À ce jour, cinq accords, négociés entre les représentants des plateformes d’emploi et les syndicats et organisations portant la parole des travailleurs indépendants, ont été conclus. Le tout dernier, fixant une garantie de revenus minimale pour les livreurs en deux-roues, a été homologué le 30 août dernier, en prévision d’une application au mois de novembre prochain. La négociation sur les revenus, pour sa part, se poursuivra jusqu’à la fin de l’année.
« Il reste beaucoup à faire et c’est pourquoi je souhaite tout le succès possible à Michel Yahiel », tweetait Bruno Mettling, le président sortant, le 14 septembre dernier. Si les négociations engagées depuis 2021 visaient à améliorer les conditions de travail des chauffeurs VTC et livreurs en deux-roues, l’Arpe va désormais devoir se pencher sur le cas de toutes les autres catégories de travailleurs indépendants. « Cette nomination permettra [à Michel Yahiel] de mettre sa solide expertise en matière de dialogue social à la disposition de l’Arpe, pour contribuer aux orientations générales et au programme de l’établissement », explique le ministère du Travail.
Et de l’expérience en matière de relations sociales, cet énarque de 66 ans qui a fait ses premières armes au sein de l’Inspection des affaires sociales n’en manque pas. Conseiller technique au cabinet de Georgina Dufoix, ministre des Affaires sociales et de la Solidarité nationale (1984-1986), directeur adjoint du cabinet de Jean-Louis Bianco, ministre des Affaires sociales et de l'Intégration (1991-1992) puis de son successeur René Teulade entre 1992 et 1993, Michel Yahiel a également exercé plusieurs fonctions de direction au sein de la Mairie de Paris sous l’ère Bertrand Delanoë jusqu’à en devenir le directeur général des ressources (2003-2009). Un poste qui lui vaudra notamment de devenir le premier président de l’Association nationale des DRH issu du secteur public.
Délégué général de l’Association des régions de France (ARF, aujourd’hui Régions de France) de 2010 à 2012 sous la présidence du socialiste Alain Rousset (alors président de la région Aquitaine et actuellement de la Nouvelle-Aquitaine), il est appelé à l’Élysée par François Hollande après son élection en juin 2012 au poste de conseiller social, emploi et protection sociale de la présidence de la République. Il a notamment contribué à mettre en place les grandes conférences sociales annuelles qui ont rythmé les premières années du quinquennat, mais a aussi travaillé les grands dossiers sociaux du mandat. Commissaire général à la stratégie et à la prospective au sein de France stratégie entre 2017 et 2018, il devient directeur des retraites et de la solidarité – poste rebaptisé « directeur des politiques sociales » – de la CDC en 2018. Il a ainsi contribué à y développer l’application Moncompteformation.fr et, dans la foulée, les premiers garde-fous numériques pour limiter les arnaques au CPF.