La vision d’une économie « FabLess », autrement dit sans usines, prophétisée au début des années 2000 par Serge Tchuruk, alors à la tête d'Alcatel, n’a pas passé le cap de la vingtaine, emportée par la fragilité des chaînes logistiques révélée par la crise Covid et une soudaine mutation de l’environnement géopolitique. Place désormais à la « relocalisation » industrielle, que le président de la République a encore appelée de ses vœux lors de son déplacement en Ardèche le 13 juin.
Ce regain d’intérêt pour l’industrie, longtemps vouée à la délocalisation et désormais indispensable à la souveraineté du pays, s’accompagne du renouvellement des dirigeants qui pèseront sur son futur. Côté syndical, l’arrivée de Fabrice Nicoud à la présidence de la fédération CFE-CGC de la métallurgie marque une nouvelle étape. Élu le 7 juin pour un mandat de quatre ans lors du 45e congrès de cette organisation, tenu au Havre, il succède à Gabriel Artero qui occupait cette fonction depuis 2006, soit 17 ans. Ont également été élus Jean-Marie Bertho comme secrétaire général, qui succède à Jean-Yves Hémery, et Anne Bomont-Arzur comme trésorière à la suite de Frank Setruk.
Ingénieur de formation, spécialisé dans l’optique, Fabrice Nicoud devient délégué syndical central CFE-CGC Airbus en 2011 et le restera jusqu'à fin 2022. En 2016, il accède à la présidence de l’Opcaim, l’organisme paritaire de financement de la formation professionnelle de la branche de la métallurgie, avant d’être appelé au poste de trésorier de l’Opco 2i, qu’il occupera de 2019 à 2021. Cette même année, il devient membre du CESE. Il occupe en parallèle plusieurs fonctions au sein de la fédération métallurgie de la CFE-CGC : délégué national emploi-formation de 2015 à 2016, secrétaire national emploi-formation de 2016 à 2023 et à ce titre négociateur de la nouvelle Convention collective de la métallurgie qui doit entrer en vigueur en 2024.
Lors du congrès de la fédération métallurgie, Fabrice Nicoud a indiqué que ses « engagements s’inscrivent dans la continuité de [ceux] du bureau précédent », laissant présager une constance dans les attitudes de cette fédération qui occupe la troisième place des signatures d’accords. Dans la branche, la CFE-CGC se classe troisième avec un niveau de représentativité qui atteint 24,4 % (chiffres de 2021), derrière la CFDT (29,3 %) et la CGT (27,8 %), mais devant FO (18,6 %).
L’UIMM se rénove aussi avec la création d’une direction Industrie afin de « développer la contribution de l’organisation aux débats nationaux et internationaux sur les sujets industriels ». C’est Serge Catoire qui en prend la tête. Diplômé de Polytechnique, il occupe des fonctions managériales chez Airbus entre 1990 et 1994 avant d’être nommé vice-président d’ATR Aérospatiale Opérations. Après 7 ans chez Aérospatiale Missiles, en tant que CTO puis COO, il devient CEO de Nexans entre 2002 et 2004. Il occupe ensuite la présidence de AHF puis de Reims Aviation avant d’entrer en 2011 au ministère de l’Économie en devenant le référent économie du Conseil général de l'économie, de l'industrie, de l'énergie et des technologies. L’UIMM indique avoir choisi Serge Catoire afin qu’il apporte « son éclairage pour répondre aux enjeux que rencontrent les entreprises industrielles, en s’appuyant sur des analyses issues notamment des pratiques des PMI de l’industrie ».
Depuis 2017, l’UIMM s’est adossée à La Fabrique de l’avenir, une démarche collective des fédérations de l’industrie destinée à mieux porter ses messages auprès du grand public. Cette organisation représente 42 000 entreprises allant de la métallurgie à la transformation des métaux en passant par la mécanique, l’automobile, l’électronique, le nucléaire et les équipements ménagers. Elle compte 59 chambres syndicales et 10 fédérations professionnelles.
