Le spécialiste des matériaux et matériels de construction vient d'inaugurer une nouvelle halle commerciale dédiée aux professionnels du bâtiment. Particularité : près de 10% des salariés sont d'anciens chômeurs de longue durée ou éloignés de l'emploi.
Avec son nouvel espace commercial de 35 000 m2 dédiée aux professionnels du bâtiment, installé à Pantin (Seine-Saint-Denis), Saint-Gobain entend montrer l’exemple. Dans l’Est parisien, la Halle de Pantin abrite depuis quelques jours, sous de sombres voûtes en béton qui datent de l'après-guerre, la plupart des enseignes du groupe spécialisées dans le bâtiment (Point P., Plateforme du Bâtiment, Décoceram…).
Réhabilitation du patrimoine industriel (ici, une ancienne halle appartenant jadis à la SNCF), respect de la biodiversité, zéro rejet d’eaux usées... Si la mission semble accomplie du côté du développement durable, le groupe français n'hésite pas, aussi, à mettre en avant les effets sociaux du projet. Car le chômage mine le bassin d'emploi local : en 2014, il y avait 15,5% de demandeurs d'emplois de catégorie A, en moyenne, dans les sept villes qui composent la communauté d'agglomération Est Ensemble (Pantin, Bobigny, Bondy, Bagnolet, Montreuil, Noisy-le-Sec, Romainville). Soit quatre points de plus par rapport à la moyenne nationale...
Aujourd'hui, la Halle de Pantin emploie 110 personnes. Si une grosse moitié vient des propres troupes de Saint-Gobain, le reste a été recruté à proximité. "Nous avons un intérêt objectif à faire de l'emploi local. Lorsqu'on emploie des hôtesses de caisses qui arrivent à 6h du matin au travail, elles ne peuvent pas se permettre de faire une heure et demie de transports" a souligné Patrice Richard, président de Saint-Gobain Distribution Bâtiment France. A terme, 230 emplois sont prévus sur ce site.
10% de salariés éloignés de l'emploi
Sur les recrutements externes, Saint-Gobain a notamment engagé 12 personnes considérées comme très éloignées de l'emploi sur des postes de magasiniers-caristes: des chômeurs de longue durée en situation de précarité et de tous âges, sélectionnés par le biais d'un partenariat avec la communauté d'agglomération Est-Ensemble. Dix d'entre eux ont décroché un CDI. Formés grâce à des financements départementaux et régionaux, ces personnes ont effectué au préalable des stages au sein des enseignes de Saint-Gobain, avant de transformer l'essai.
Si le chiffre est faible en valeur absolue, il représente tout de même 10% de l'emploi total sur la Halle de Pantin. Et pour le territoire, ce projet est loin d'être dérisoire. "On a voulu se concentrer sur les publics qui n'auraient pas eu accès à ces emplois via une candidature classique, explique Xavier Hébert, de la Direction de l'emploi d'Est-Ensemble. On s'est mis d'accord sur le recrutement d'une dizaine de personnes. Il vaut mieux un chiffre réaliste plutôt que de décevoir, in fine, les publics que nous suivons", explique ce professionnel de l'insertion.
Cette "passerelle entreprise", pour l'instant limitée à une seule opération, pourrait être renouvelée. "Aujourd'hui, nous sommes à 10% [de salariés en insertion]. A terme, nous arriverons à 20% ou 30%", assure Patrice Richard.