Jusqu’au vendredi 17 juillet, vous retrouverez chaque matin dans votre newsletter infosocialrh (et sur le site info-socialrh.fr) l’interview de l’un des quatorze DRH membres du comité éditorial d’«Entreprise & Carrières» et de «Liaisons sociales magazine», interrogé sur la crise, sur sa gestion de celle-ci et sur les enseignements qu’il en tire. Aujourd’hui, Olivier Carlat, directeur de la formation et du développement social de Veolia.
Quelles mesures avez-vous prises pour vos collaborateurs au début du confinement ?
Olivier Carlat : Nous sommes implantés dans le monde entier et, en conséquence, nous avons dû faire face, et faisons toujours face, à une multiplicité de situations. En ce qui concerne la France, sur nos 51 000 salariés, 20 000 sont restés sur le terrain au quotidien dès le 17 mars, pour assurer la gestion de l’eau, des déchets, des opérations d’assainissement… tandis que 10 000 autres étaient en télétravail, essentiellement dans des fonctions support. Enfin, environ 10 000 salariés ont été mis en chômage partiel, tandis qu’environ 10 000 étaient en réserve, en rotation ou indisponibles, essentiellement des personnes vulnérables ou avec des difficultés pour la garde d’enfants.
Comment s’est organisé le travail de vos équipes RH ?
O. C. : Nous avons monté des réunions de coordinations au sein de la DRH, en contact permanent avec la cellule de crise du groupe au sein de laquelle étaient présents le DGRH groupe et le directeur de la prévention santé et sécurité du groupe. Chaque business unit a dupliqué cette organisation pour décliner et adapter à chaque métier les décisions de la cellule de crise. Les sujets principaux ont bien entendu été les décisions relatives à la santé et à la protection de nos collaborateurs opérant sur le terrain et assurant des services essentiels et à l’organisation du télétravail, mais aussi aux mesures de maintien du niveau de vie de nos collaborateurs pendant cette période, comme une prime de reconnaissance de 1 000 euros pour les salariés présents sur le terrain, et, pour les salariés en chômage partiel, la compensation à 100 % du salaire.
Comment vous-même avez-vous travaillé ?
O. C. : J’ai été en télétravail dès le 17 mars, lorsque nous avons fermé nos centres de formation. Le campus Veolia a ainsi fonctionné en télétravail tout en assurant en digital la continuité pédagogique pour nos alternants, jusqu’au 18 mai, date à laquelle nous avons repris progressivement nos activités dans les sites Campus.
Comment ont fonctionné les instances dirigeantes de votre entreprise ?
O. C. : Dès début mars, la cellule de crise mondiale de Veolia, composée du PDG Antoine Frérot, des membres du comité exécutif et du comité de direction, ainsi que du délégué général de la Fondation du groupe – qui dispose d’une expertise conséquente en matière d’interventions d’urgence –, a été déclenchée et a assuré le pilotage de la crise en France et dans ses implantations à l’étranger. Les différentes directions ont donc toujours été en proximité avec les équipes sur le terrain.
Quel mode de communication interne avez-vous mis en place ?
O. C. : Nous avons principalement informé sur les activités qui continuaient à assurer les services essentiels (déchets, eau, assainissement…), avec une volonté de valoriser et de soutenir le travail de nos collaborateurs. Le président Antoine Frérot s’est exprimé à plusieurs reprises, en vidéo, pour dresser un bilan de la situation et des mesures prises et pour remercier tous les collaborateurs qui assuraient la continuité des opérations et qui faisaient face à la crise. Ensuite, et particulièrement au moment du déconfinement, notre intention, portée par le président, a vraiment été de se préparer aux nouveaux enjeux à venir et de “refaire société”, de recréer ce collectif dispersé un temps, selon les situations vécues de télétravail, d’activité partielle ou d’indisponibilité, avec les 20 000 collaborateurs qui avaient continué à travailler sur le terrain pendant le confinement.
Avez-vous invité vos collaborateurs à se former pendant le confinement ?
O. C. : Très occupés, les collaborateurs en télétravail n’ont pas toujours eu le temps de se former ! En revanche, nous avons inscrit certains salariés en activité partielle à des formations digitales dans le cadre des dispositifs de FNE-Formation ouverts par le Gouvernement.
Avez-vous recruté pendant la période de confinement, et selon quelles modalités ? Ou bien avez-vous stoppé les recrutements, les missions d’intérim, les stages ?
O. C. : Au vu des conséquences de la crise sur nos activités, nous avons dû renforcer notre plan d’économies de coût cette année. Par ailleurs, toutes nos activités dans le monde n’ont pas encore retrouvé leur niveau d’avant le confinement, nos besoins de recrutements ou de missions temporaires sont donc plus que restreints en cette période. Nous avons, en revanche, maintenu notre politique d’apprentissage et d’alternance, et même réalisé, en virtuel, des journées portes ouvertes avec un grand succès.
Avez-vous négocié un accord de crise avec vos organisations syndicales ?
O. C. : Nous avons eu une forte intensité et une très bonne qualité de dialogue social, par le biais de structures parfois informelles. Nous avons tenu de nombreuses séances d’information et de consultation auprès des CSE, sur les multiples sujets de dialogue social durant cette crise : mesures de santé et de protection, plan de continuité des activités, organisation et protocole du travail, activité partielle et congés, modalité de la prime de reconnaissance, puis plan de reprise…
Propos recueillis par Lys Zohin