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Une résolution sur la santé au travail adoptée par l'Assemblée nationale

Santé au travail | publié le : 24.06.2020 | Gilmar Sequeira Martins

Cette résolution estime "nécessaire que l’entreprise devienne un lieu de prévention dans la vie quotidienne".

Crédit photo Monster Ztudio/AdobeStock

La santé au travail a fait l’objet d’un vote à l’Assemblée nationale autour d’une résolution symbolique proposée par la députée Charlotte Lecocq (LREM), déjà auteure de deux rapports sur la question en 2018 et 2019. Déplorant que « la santé au travail, tout comme la santé scolaire, [soit] encore l’un des parents pauvres des politiques de santé publique », le texte estime « nécessaire que l’entreprise devienne un lieu de prévention dans la vie quotidienne, et que les entreprises soient encouragées à diffuser les messages de santé publique portant par exemple sur les addictions, le sommeil, la nutrition ».

À cette première ambition, la résolution proposée en ajoute deux autres. D’abord, « doter la France d’un système d’acteurs de santé au travail plus efficace et tourné vers la prévention des risques professionnels », en proposant «  la montée en puissance d’équipes pluridisciplinaires de santé au travail composées de psychologues, d’ingénieurs en prévention, d’ergonomes, de professions paramédicales telles que les kinésithérapeutes, jusqu’aux assistants sociaux ». La résolution envisage également la création d’un « diplôme d’infirmier en pratiques avancées dans le champ de la santé au travail » et souhaite favoriser le déploiement, « encadré », de la télémédecine et le recours aux outils numériques. La prévention de l’usure professionnelle est annoncée comme la troisième ambition, « en faisant un lien étroit entre l’exposition aux risques et les parcours professionnels ». Le texte rappelle que « personne ne doit être écarté du monde du travail parce qu’il a subi un cancer ou un accident grave ».

Les partenaires sociaux, qui ont repris à la mi-juin les discussions sur la santé au travail, six mois après les avoir interrompues faute d’accord, seront-ils sensibles à tous ces arguments ? Le doute est permis au vu de la réaction du Medef. La proposition de la députée LREM de confier la gestion des financements à l’Urssaf avait en effet suscité l’ire de l’organisation patronale. Nombre de partenaires sociaux y voient même un premier pas vers une « étatisation » du système. Une crainte renforcée par la proposition de créer une structure unique, « France Santé Travail », placée dans l’orbite des ministères du Travail et de la Santé. La durée des négociations en cours, qui doivent s’étaler jusqu’en novembre, suffira-t-elle à dissiper la méfiance qu’inspirent aux partenaires sociaux les projets des pouvoirs publics ? En tout cas, Charlotte Lecocq a déjà annoncé le dépôt d’une proposition de loi ad hoc début 2021.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins