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Passe sanitaire : l’excès de zèle vire au bad buzz chez Bluelinea

Santé au travail | publié le : 08.09.2021 | Lucie Tanneau, Olivier Hielle et Benjamin d’Alguerre

En voulant imposer abusivement l'usage du passe sanitaire à sa centaine de salariés, le PDG de Bluelinea a déclenché les foudres des réseaux sociaux.. et du ministère du Travail.

Avec le recul, c’est un buzz dont Laurent Levasseur se serait bien passé. Le lundi 6 septembre, Bluelinea, l’entreprise de téléservices pour personnes âgées qu’il dirige fait connaître à la presse, par communiqué interposé, sa politique en matière de passe sanitaire. Le sésame à QR code, lit-on, « sera obligatoire à partir du 30 septembre pour pouvoir entrer dans les bureaux de l'entreprise. Aucun test PCR ni antigénique ne sera pris en charge par l'entreprise. Le contrat de travail des salariés sans passe sanitaire sera suspendu ». Cette dernière phrase étant même écrite en gras dans le document. Et d’ajouter « Bluelinea est l'une des premières entreprises qui affichent leur politique si stricte envers les salariés non-vaccinés alors qu'il ne s'agit pas de personnel soignant ni des personnes qui sont en contact avec des patients ».  C’est précisément sur ce dernier point que le bât blesse : la centaine de salariés de l’entreprise, pour la majorité des commerciaux et des téléconseillers, n’entre pas dans les catégories de personnels concernés par le pass telles que définies par la loi relative à la gestion de la crise sanitaire en vigueur. En voulant faire du zèle, Laurent Levasseur, PDG de cette PME francilienne s’est mis en danger : non seulement parce que les réseaux sociaux se sont enflammés en apprenant cette histoire (entraînant, selon nos informations, plusieurs militants antivax à noyer le standard et les boîtes mail de Bluelinea sous les messages indignés ou injurieux, voire les menaces), mais aussi parce que la loi prévoit des sanctions pouvant aller jusqu’à un an de prison et 45.000 euros d’amende pour les employeurs abusant de l’exigence du passe sanitaire.

« Bluelinea est dans l’illégalité »

Pour le président de Bluelinea, c’est l’activité de l’entreprise qui en dépend : « Des directeurs d'établissements de santé peuvent refuser l'accès à des techniciens qui n’auraient pas le passe ! », se justifie-t-il, interrogé par InfoSocial RH. Selon lui, environ un tiers de ses salariés est amené très régulièrement à intervenir dans les Ehpad et autres résidences médicalisées. N’empêche qu’après trois jours de bad buzz, le ton autoritaire du premier communiqué a fait place à des propos plus tempérés et… légèrement ennuyés. « Bluelinéa ne voulait pas imposer le passe sanitaire pour tout le monde, mais uniquement pour ceux qui sont amenés à se déplacer dans les établissements. », explique-t-on dans l’entourage de Laurent Levasseur. Surtout qu’entre-temps, le ministère du Travail s’en est mêlé : « Bluelinea est dans l’illégalité. La loi du 5 août est très claire sur le périmètre d’application du passe sanitaire (…) par ailleurs, les services du ministère ont pris contact avec l’entreprise pour l’avertir qu’elle ne pouvait pas procéder ainsi. En aucun cas, elle ne peut suspendre ses salariés pour ce motif ! » indique le cabinet d’Élisabeth Borne. De quoi couper l’envie aux candidats à la sévérité sanitaire de faire de l’excès de zèle.

Crédit photo: Bluelinea

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  • Lucie Tanneau, Olivier Hielle et Benjamin d’Alguerre