Les artisans du bâtiment sont conscients des enjeux liés à la prévention des risques professionnels. Mais si les chefs d'entreprises du secteur mettent en place des stratégies pour éviter les accidents à leurs salariés, ils se retrouvent parfois noyés par la complexité et demandent de l’aide pour s’y conformer.
La sensibilisation des artisans du bâtiment à la prévention des risques professionnels fait son chemin. Les résultats de l’enquête nationale 2023 sur la santé et la sécurité au travail dans les entreprises artisanales du bâtiment réalisée par l’Iris-ST à la demande de la Capeb et de la CNATP, en collaboration avec l’organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP), révèle que 85 % des presque 430 patrons de TPE-PME interrogés (1 à 19 salariés) s’indiquent « concernés » par le sujet et 75 % s’estiment bien ou tout à fait informés sur ces enjeux.
Premier constat : dans un secteur où près d’un accident sur deux est lié à la manutention manuelle, un sur trois aux chutes (dont 15 % pour les chutes de grande hauteur, 14 % pour les chutes de plain-pied) et 13 % provoqués par un outillage à main (source : OPPBTP 2021), la prise de conscience des dirigeants sur la nature des risques est d’équerre avec les principales causes d’accidents. 57 % identifient les chutes de hauteur comme le premier des risques professionnels, suivi par les contraintes physiques (54 %), l’utilisation des machines-outils (32 %) et les poussières (28 %).
Mieux connaître pour mieux prévenir
La connaissance du métier par les chefs d’entreprise et les salariés est un élément primordial pour connaître et identifier les risques professionnels. C’est ce que pensent 93 % des sondés. 68 % pensent que l’identification et la prévention s’effectuent par l’échange avec les équipes et 56 % à l’occasion de la rédaction du document unique d’évaluation des risques professionnels (Duerp).
Comment les employeurs font-ils face aux risques d’accidents immédiats ? 83 % disposent d’une trousse de premiers secours sur le lieu de travail. 66 % procèdent à des vérifications régulières des outils et des machines et 58 % des véhicules de l’entreprise. Ils ne sont en revanche que 21 % à disposer de notices et d’affiches d’information accessibles aux salariés et 15 % à organiser avec eux des échanges sur le thème de la prévention. Et 15 %, là aussi, à avoir désigné un chargé de prévention. « Dans les entreprises artisanales, la fonction de chargé de prévention est réalisée par le chef d’entreprise ou la personne en charge de l’administratif. Cette organisation peut expliquer le faible résultat obtenu pour la désignation d’un chargé de prévention », explique l’Iris-ST.
Prévenir à travers la formation
Parmi les actions de prévention à la main des dirigeants, 76 % indiquent disposer d’un Duerp, 68 % réalisent de l’affichage aux normes de sécurité dans leurs entreprises et 51 % rédigent le plan particulier de sécurité et de protection. La formation est aussi un levier par lequel les employeurs agissent : 60 % mettent à jour régulièrement les formations obligatoires (dont 33 % « régulièrement ») comme le passage de permis Caces ou les formations aux échafaudages. 45 % mettent en place des formations au secourisme ou au sauvetage. 41 % organisent ou participent à des réunions de sensibilisation. 30 % demandent des accompagnements externes à la prévention, 24 % des accompagnements en ligne et 23 % participent à des webinaires dédiés.
Au total, la prévention à la santé et à la sécurité est un sujet qui touche les employeurs. Près de 85 % se sentent concernés (dont presque 41 % « très » concernés). Seuls 2,6 % ne le sont « pas du tout ». Et la communication autour de ces sujets est surtout le fait de TPE. Ainsi, 46 % des entreprises de 1 à 5 salariés échangent autour des équipements de protection individuelle (contre 30 % des 10-19). 67 % discutent de l’organisation du chantier ou de l’atelier chez les 1-5 salariés, quand seules 33 % des 10-19 le font.
Les chefs d'entreprise requièrent du soutien sur ces questions
Mais les chefs d’entreprise ont aussi besoin d’aide sur ces questions, pour trouver des informations techniques (56 %), connaître les outils à leur disposition (36 %), bénéficier d’un accompagnement personnalisé sur la mise en place de politiques de prévention (21 %) ou bénéficier d’une formation (20 %). Principal interlocuteur, l’OPPBTP (56 %), suivi par les organisations professionnelles (51 %), les services de prévention et de santé au travail (36 %) et les Carsat (22 %). L’information peut provenir de différentes sources, mais les dirigeants privilégient… les magazines du bâtiment (63 %), devant les organismes de prévention (60 %), les syndicats professionnels (59 %) ou les services de santé au travail (24 %). 41 % des chefs d’entreprise consultent par ailleurs des newsletters spécialisées et 53 % utilisent des outils en ligne pour gérer leurs politiques de prévention.
Cependant, la mise en place de telles politiques reste difficile. Pour 55 % des employeurs, c’est le manque de temps qui est en cause, suivi de la complexité de la réglementation (52 %), la complexité des démarches administratives (46 %) et le coût financier (28 %). Et face à cette situation, les sondés demandent des coups de pouce. 54 % estiment qu’ils pourraient prendre la forme d’aides financières, 46 % de kits de communication thématiques liés aux métiers, 30 % de modes opératoires pour les chantiers et 25 % une application.