Le secteur médico-social public et privé a connu une progression de 41 % des arrêts de travail (AT) entre 2016 et 2019, selon un rapport de la Cour des comptes, qui souligne qu’il s’agit d’un taux "trois fois supérieur à la moyenne constatée pour l’ensemble des secteurs d’activité en France". Derrière cette moyenne, les magistrats de la rue Cambon notent que les structures du secteur privé commercial pour personnes âgées ont enregistré une progression encore plus forte du nombre de jours d’absence puisqu’il a progressé de 46 % entre 2016 et 2019 pour s’établir en moyenne à 9,9 jours d’absence par équivalent temps plein (ETP).
En 2019, le nombre de journées d’AT a atteint 3,5 millions. Selon les magistrats de la rue Cambon, cela correspond à 17 000 postes équivalents temps plein par an, soit un coût que la Cour des comptes "situe dans une fourchette de 360 à 800 millions d’euros". Le rapport indique par ailleurs que ces chiffres ne reflètent pas fidèlement la "fréquence des AT-MP dans le secteur médico-social" car "elle n’est pas appréhendée statistiquement de manière complète". En 2019, les risques professionnels sont la cause de 19 % des journées d’absence dans les établissements et services médico-sociaux (ESMS), soit 2,7 millions de jours d’absence sur un total de 14,3 millions et 11 % dans le secteur des enfants et adultes handicapés, soit 746 000 journées sur un total de 6,7 millions. En y ajoutant les arrêts du fait de maladie, le taux d’absentéisme global atteint 10,8 %. Le rapport relève qu’un tel taux "signifie que, pour chaque ETP, une journée d’absence est constatée tous les 10 jours".
La Cour des comptes souligne qu’une telle situation produit "des conséquences pour la santé et pour les carrières professionnelles des personnels concernés", mais aussi sur "l’organisation des activités" des établissements et services médico-sociaux et "nuit à la qualité et la continuité de l’accompagnement apporté aux personnes âgées ou handicapées et au soutien de leurs proches aidants". Soulignant que la fréquence des AT-MP dans le secteur médico-social atteint des niveaux "hors norme", le rapport relève que la prévention des risques professionnels devient ipso facto "un enjeu essentiel pour l’attractivité du secteur médico-social et sa qualité de service".