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« L'écoute est indispensable pour mesurer l'anxiété des salariés» (Willis Towers Watson)

RPS | publié le : 23.03.2021 | Audrey Pelé

Avec la crise sanitaire, les services RH sont contraints d'agir davantage sur les risques psychosociaux (RPS) dont souffrent leurs salariés. Mais il existe des solutions pour que les collaborateurs continuent à se sentir engagés dans leur société et à la faire grandir, souligne Laurent Termignon, directeur de l'activité Talent & Rewards au cabinet de conseil Willis Towers Watson.  

Quel est le niveau d'anxiété atteint par les salariés ?

Laurent Termignon : Depuis le début de la crise, les salariés témoignent de leur anxiété ou de leur angoisse et ce niveau reste élevé en ce début de campagne de vaccination (il était à 92 % en mars-avril 2020 et il est encore à 90 % sur la période octobre-décembre de la même année, selon une étude internationale menée auprès de plus de 685.000 salariés de 111 entreprises*). À travers les indicateurs de l’absentéisme, on voit bien une augmentation et cela s'est renforcé avec la crise sanitaire que nous vivons. Avec l'épidémie, ce qui crée aujourd'hui du stress et de l'inquiétude pour les salariés, c'est le fait de prendre les transports en commun pour se rendre à leur travail et aussi toute la signalétique dans les bureaux pour respecter les gestes barrières. Il n'y a même plus de moments de détente autour de la machine à café, on prend son déjeuner en quinconce à la cantine, etc ! Et bien sûr, il y a la peur de mettre sa santé en danger et de ramener le virus le soir à la maison ! 

Comment tenter de prévenir cette montée inexorable des RPS ?

L. T. : La première des choses, c'est l'écoute du salarié qui est indispensable pour mesurer l'anxiété. Pour cela, il existe plusieurs solutions. On peut réaliser, par exemple, des enquêtes par questionnaire une ou deux fois dans l'année, voire plus quand les circonstances l’imposent comme c’est le cas avec la crise sanitaire, pour comprendre ce que les salariés ressentent. Il est possible également de mettre en place des évaluations 360 pour cerner l'impact sur les collaborateurs et ajuster ses méthodes. Mais il faut aussi clarifier la stratégie de l'entreprise pour renforcer l'attachement et l'engagement. Avec la crise, beaucoup de salariés à distance se sont posé des questions : à quoi mon travail sert ? Quelle est la mission de ma boîte ?, etc. Enfin, faire de la prévention passera ensuite par la mise en place de programmes de bien-être pour les salariés : pauses plus fréquentes, mise en place de matériel ergonomique, etc. À cause de la crise, certains grands groupes ont accéléré et institué des programmes d’écoute, notamment psychologiques, à destination de leurs salariés dont certains étaient en détresse.

Comment préparer le retour des salariés sur site ?

L. T. : 10 % d'entre eux ne veulent absolument pas revenir au bureau pour des raisons sanitaires et 10 % le veulent impérativement, selon les études que nous menons auprès de salariés. On voit bien qu'il va falloir rassurer les salariés, d'autant que le retour à la situation antérieure n'est pas pour tout de suite. Donc l'important va être d'expliciter aux salariés pour quelles raisons ils doivent revenir. Est-ce parce qu’il y a des tâches qu'ils ne peuvent réaliser que sur place ? Où est-il nécessaire d'être présent pour favoriser la créativité et une dynamique d'équipe ? Il faut aussi détailler les mesures qui seront mises en place pour garantir la sécurité des salariés au bureau, des horaires aménagés par exemple. Enfin, il faut repenser l'aménagement de l'espace de travail. Quand un salarié a goûté au plaisir de travailler chez lui dans son confort, il n'a pas envie de revenir dans un open space sinistre !

Propos recueillis par Audrey Pelé

* Étude “Willis Towers Watson Employee Opinion Norm Database” a été menée sur deux périodes en 2020, auprès de plus de 685.000 salariés de 111 entreprises de tous secteurs et tailles confondus. 

Auteur

  • Audrey Pelé