Dans une étude publiée en mars dernier, la Dares montre que plus d’un tiers de l’ensemble des salariés déclare ne pas être capable de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite. Ce sentiment est plus élevé chez les jeunes et décroît avec l’âge.
Pour de nombreux salariés, il va falloir travailler jusqu’à deux ans de plus. Sans grande surprise, la réforme de l’âge légal de départ à la retraite, pourtant contestée par l’intersyndicale depuis des semaines, a été publiée au Journal officiel le samedi 15 avril 2023. Mais les salariés se sentent-ils capables de travailler davantage ?
Une partie de la réponse se trouve dans une étude de la Dares publiée le mois dernier (lien en fin d’article).
Cette étude montre que 37 % des salariés, représentant quelque neuf millions de personnes, ne se sentent pas capables de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite. Et ce n’est pas un effet des débats sur le report de l’âge légal de départ à la retraite : les chiffres datent de 2019 !
Autre enseignement : l’insoutenabilité du travail décroît fortement avec l’âge. « 59 % des moins de 30 ans ne se sentent pas capables de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite, contre 10 % des 50 ans ou plus », note la Dares. Elle ajoute que « ce constat n’est paradoxal qu’en apparence », et ce, pour trois raisons.
D’abord, il y a des travailleurs qui occupent les postes les plus exposés aux risques qui les quittent au fil du temps, voire sortent de l’emploi. Ensuite, les plus âgés peuvent bénéficier d’aménagements. Enfin, « l’horizon plus rapproché de la retraite leur offre une perspective qui peut alléger le sentiment d’insoutenabilité du travail », conclut la Dares.
Dans les métiers jugés les moins soutenables figurent les métiers au contact du public et, plus logiquement, les métiers physiquement exigeants. Ainsi, 66 % des caissiers et caissières et employés de libre-service considèrent leur travail comme insoutenable. Viennent ensuite les employés de banque et des assurances (61 %), les professionnels de l’action sociale (58 %) et les infirmiers, infirmières et sages-femmes (55 %). Les ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment, souvent cités par les politiques comme faisant un métier difficile, sont 46 % à déclarer ne pas être capable de tenir jusqu’à la retraite dans leur travail.