Le plan du Gouvernement britannique de faire revenir les salariés au bureau, ne serait-ce que pour sauver les commerces aux alentours des immeubles professionnels, pourrait avoir une conséquence funeste, estime l'institut de gestion du Royaume-Uni dans le Guardian. « La décision du Gouvernement aura pour conséquence un retour majoritaire des hommes blancs d'un certain âge, qui prendront de fait les décisions les plus importantes pour l'entreprise, laissant de côté les femmes qui ne trouveront pas de solutions de garde pour leurs enfants », a ainsi averti Ann Francke, sa présidente.

Un récent sondage de la fédération des syndicats britanniques révèle ainsi que deux mères sur cinq ne bénéficient pas de solutions de garde pour leurs enfants, les crèches et autres établissements n'étant pas disponibles ou n'ayant pas rouvert. Et de nombreuses études montrent que ce sont les femmes à qui échoit généralement la garde des enfants dans ce cas. Les hommes seront donc libres, eux, de retourner au travail.

En outre, un sondage exclusif réalisé par l'Institut de gestion pour le Guardian montre que 42% des managers estiment que le manque de garde d'enfants en raison du coronavirus aura un effet négatif sur les femmes salariées, tandis que seulement 20% considèrent que ce sera un problème pour les hommes salariés. Et comme l'on sait, déclare Ann Francke, que les décideurs sont encore la plupart du temps des hommes, si rien n'est fait dans les entreprises pour contrer ce phénomène du retour masculin au bureau, « cette situation est de nature à renforcer l'exclusion et le manque de diversité au sein des directions des entreprises. Un dangereux pas en arrière ». Elle ajoute : « Je ne crois pas que la responsabilité des entreprises est de sauver la petite échoppe de sandwich du coin. Les entreprises affectées par la crise devront s'adapter. » Et pour faire preuve d'agilité et de créativité, rien de tel que des équipes diversifiées – jusqu'au sommet de l'entreprise.