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Travail à temps partagé : la barre des 500 000 professionnels franchie

Conditions de travail | publié le : 03.03.2022 | Lucie Tanneau

Freelance programmer working from home office

Le travail à temps partagé devient un mode d'emploi de plus en plus pratiqué et surtout choisi, indique le second livre blanc du Portail du travail partagé. Mais les principaux acteurs de l'emploi communiquent encore trop peu dessus.

Ils étaient 430 000 en 2019. Ils sont plus de 500 000 aujourd'hui. Ces juristes, comptables, commerciaux, ouvriers agricoles... travaillent "à temps partagé"». C'est-à-dire qu'ils "mettent leurs compétences et expérience au service de plusieurs entreprises qui n'ont ni les besoins, ni les moyens d'une expertise à temps plein", explique David Bibard, contrôleur de gestion à temps partagé et fondateur du Portail du temps partagé. Cette structure, créée en 2014 vient de publier la deuxième édition de son livre blanc du temps partagé (lien ci-dessous). Une étude qui permet de montrer les principales évolutions de ce mode de travail.

Première évolution, le temps partagé séduit de plus en plus, les chiffres le montrent. "Nous constatons une croissance de + 17 % par rapport à la première édition du livre blanc", note David Bibard. "Cet engouement pour le temps partagé est le fait de PME, tissu économique le plus développé, qui découvrent de plus en plus ce fonctionnement", analyse-t-il. La rencontre d'une demande donc, et d'une offre plus grande alors que le free-lancing se développe dans la société avec un attrait fort pour la liberté, l'autonomie et l'agilité offertes par cette organisation.

Un mode de travail choisi

Deuxième évolution, il devient un mode de travail choisi. L'attrait pour l'indépendance en tout cas la levée de craintes, permet à des professionnels, plus nombreux, de céder à l'aspiration "de salariés de vivre leur métier différemment", défend David Bidard, qui lui-même a sauté le pas il y a dix ans. "Le temps partagé permet une diversité dans la pratique de son métier. Chaque jour est différent, il n'y a pas de routine et dans chaque entreprise on reste en dehors des conflits, les salariés sont contents de nous voir", apprécie-t-il. "Cela permet aussi de développer ses compétences en travaillant sur des dossiers vraiment différents, et d'être force de proposition dans les entreprises, grâce aux expériences variées", encourage-t-il. Une diversité des donneurs d’ordres, des missions et parfois des secteurs d’activité très enrichissante pour les professionnels également relevée dans le livre blanc.

Historiquement, le temps partagé était utilisé dans le secteur agricole. Cette pratique permettait aux exploitations qui avaient besoin d'une main-d'œuvre saisonnière de garder d'une année à l'autre le même personnel, embauché pendant les mois creux dans d'autres entreprises. Désormais, "tous les métiers peuvent se faire à temps partagé", relève l'étude, mais les fonctions supports sont particulièrement représentées (comptable, contrôleur de gestion, ressources humaines, juriste...). Trois formes de relations entre l'expert et l'entreprise sont utilisées analyse le livre blanc. Soit : le contrat de travail (en CDD ou CDI) avec des temps partiels dans chaque entreprise ; la prestation de services avec des factures d'honoraires à l'entreprise (en autoentreprise, SARL, portage salarial ou autre) ; et le groupement d'employeurs, qui salarie des experts et les met à disposition de ses entreprises adhérentes. Avec un avantage pour les entreprises : "l'accès à des compétences pointues et à une réelle expérience" puisque les experts en temps partagé "ne sont souvent pas des juniors". "Jusqu'à présent, le temps partagé attirait surtout (par choix ou non) des professionnels en dernière partie de carrière. Désormais on voit aussi des trentenaires et quadragénaires choisir ce fonctionnement", relève David Bibard. Un chapitre du livre blanc est cependant consacré aux juniors et à leurs aspirations.

Reste que les grands acteurs de l'emploi ne publient pas d'annonce à temps partagé. "C'est ce qui manque : si l'Apec ou Pôle emploi, par exemple, mettaient en lumière le temps partagé, l'évolution pourrait être énorme", veut croire le contrôleur de gestion. "Il est nécessaire de travailler davantage la communication, notamment auprès des dirigeants de PME, qui bien souvent ignorent qu’ils peuvent disposer de ressources opérationnelles, le juste temps au juste coût", encouragent les auteurs du livre blanc.

 

 

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Auteur

  • Lucie Tanneau