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Tenir jusqu’à la retraite : impossible pour 37 % des salariés

Conditions de travail | publié le : 13.03.2023 | Gilmar Sequeira Martins

Ils sont neuf millions de salariés à considérer ne pas être en mesure de réaliser leur activité actuelle jusqu’à la retraite, selon les données diffusées par la Dares. Les femmes sont encore plus nombreuses (41 %) que les hommes (34 %) à poser ce constat. Cet écart entre les sexes est constant à travers les catégories professionnelles, mais il varie selon la configuration familiale. Dans les ménages sans enfant, la proportion de salariés qui déclarent leur travail insoutenable est non seulement plus faible (33 %), mais l’écart entre hommes et femmes est aussi réduit : il n’est plus que de 5 points (36 % pour les femmes et 31 % pour les hommes). Si les cadres sont un peu moins nombreux (32 %) à considérer comme insoutenable la poursuite de leur activité jusqu’à la retraite, l’écart n’est pas très important avec les professions intermédiaires (38 %) et les ouvriers (39 %).

Les données de la Dares permettent aussi d’identifier les métiers les plus difficiles : dans dix d’entre eux, la moitié et jusqu’aux deux tiers des salariés estiment inenvisageable de tenir jusqu’à la retraite. Les caissiers et employés de libre-service se détachent nettement (66 %), suivis par les employés de la banque et de l’assurance (61 %), puis par les professionnels de l’action sociale et de l’orientation (58 %). En fin de classement, mais à peine mieux lotis : les ouvriers non qualifiés de la manutention (51 %), les ouvriers qualifiés du second œuvre du bâtiment (50 %), les ouvriers non qualifiés de la mécanique (49%), ainsi que les vendeurs (48 %) et les professionnels de l’action culturelle, sportive et les surveillants (48 %).

Parmi les facteurs déterminant les attitudes des répondants figurent les risques physiques, qu’ils se manifestent dans l’environnement de travail (bruit, chaleur, humidité, fumées, poussières, etc.) ou à travers les contraintes physiques (rester debout longtemps, porter des charges lourdes, etc.). Près de la moitié (46 %) des salariés exposés à ces risques déclare ne pas pouvoir occuper ces métiers jusqu’à la retraite alors que ceux faiblement exposés sont bien moins nombreux (27 %). Les données mettent aussi en avant les contraintes psychosociales (travail intense, manque d’autonomie, exigences émotionnelles, insécurité socio-économique, conflits de valeur, rapports sociaux dégradés) comme un facteur entraînant une incapacité plus fréquente à soutenir longtemps une activité : 58 % des salariés les plus fortement exposés à ces nuisances déclarent estimer ne pas pouvoir poursuivre ce type de travail jusqu’à la retraite.

Si un état de santé général dégradé a une conséquence sur le taux de salariés estimant leur travail insoutenable sur le long terme, un bon état de santé ne garantit pas pour autant le caractère soutenable de l’activité. Un tiers des salariés se déclarant en bon état de santé déclarent en effet ne pas pouvoir poursuivre leur activité à long terme. Les arrêts sont aussi touchés. Ainsi, les salariés qui jugent leur travail insoutenable s’absentent en moyenne 12 jours par an, soit 70 % de plus que les autres (7 jours d’arrêt maladie en moyenne par an). Et cet écart s’accroît avec l’âge. Pour les salariés âgés de 50 à 54 ans, le nombre de jours d’arrêt maladie par an s’établit à 11, mais il est 5 fois plus élevé pour ceux âgés de 60 à 64 ans (57 jours). Le report à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite risque encore d’aggraver la situation.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins