En Europe, la palme de l’adhésion au télétravail revient à… l’Allemagne, avec 61 % des actifs, suivie de près par l’Italie (56 %) alors que Le Royaume-Uni se tient sur une ligne de crête avec 50 %. L’Espagne décroche une quatrième place honorable (43 %) mais la France reste en retrait avec à peine un tiers d’actifs (34 %) accédant au télétravail. Publiée le 4 janvier 2022, la note de la Fondation Jean Jaurès sur les "pratiques et représentations associées au télétravail en Europe" fait clairement apparaître un tropisme français qui combine à la fois une "accessibilité réduite" à ce mode d’organisation mais aussi une fréquence plus faible que dans les autres pays européens. En Allemagne, en Italie, au Royaume-Uni et en Espagne, la proportion d’actifs en télétravail durant quatre ou cinq jours par semaine est supérieure à celle n’y ayant recours que deux ou trois jours par semaine. En France, c'est l'inverse. Alors qu’en Italie, 30 % des actifs sont en télétravail quatre ou cinq jours par semaine et 17 % de deux à trois jours, ces proportions sont, en France, de 11 % et de 14 %, respectivement.
La France se distingue aussi par une disparité plus forte d’accès au télétravail selon la catégorie socioprofessionnelle (CSP). La note relève malgré tout que la nature de l’activité des CSP+ est plus susceptible de se conformer aux deux prérequis exigés par cette modalité d’organisation du travail, à savoir la distance (ou la mobilité) et une activité sur écran. Si dans les pays européens étudiés, ce sont surtout les cadres et plus globalement les catégories supérieures qui accèdent le plus au télétravail, c’est malgré tout dans l’Hexagone que l’écart est le plus important. En Italie, l’écart entre les CSP+ et les CSP- ne dépasse pas 8 points, ce qui en fait le pays où l'accès au télétravail est socialement le plus homogène, avec des taux hebdomadaires de télétravail qui concernent 56 % des CSP+ et 48 % des CSP-. En France, l’écart atteint 39 points, puisque 56 % des CSP+ ont accès à cette pratique mais 17 % seulement des CSP-.
L’âge est l’autre critère structurant qui fait de la France un cas singulier parmi les pays européens. Dans tous les pays étudiés, les actifs âgés de moins de 35 ans télétravaillent davantage que ceux de plus de cinquante ans. La France se caractérise par une plus grande homogénéité de pratique selon l'âge puisque la pratique du télétravail parmi ces deux tranches d’âge y est presque identique : 31 % des moins de 35 ans travaillent à distance au moins une fois par semaine et 28 % des cinquante ans et plus. C’est au Royaume-Uni que l’écart est le plus important : près des deux tiers (58%) des moins de trente-cinq ans sont en télétravail au moins une fois par semaine contre 31 % des cinquante ans et plus, soit une différence de 27 points.