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Le télétravail se pratique toujours en mode dégradé (Enquête Ugict-CGT)

Télétravail | publié le : 07.09.2021 | Gilmar Sequeira Martins

Le télétravail n'a toujours pas quitté le mode "dégradé". C'est ce que révèle la grande enquête sur le travail à distance « TeleTrEpid » menée entre mai et juin par l’Ugict-CGT auprès de 15.000 salariés. Le tableau est contrasté et révèle le caractère particulièrement poreux de la séparation entre vie professionnelle et vie privée.

Deux tiers des répondants déclarent ainsi « revoir des sollicitations durant leurs périodes de congés », dont 10 % « systématiquement ». La prise en charge des frais liés au télétravail reste insatisfaisante. Une majorité de répondants n’est pas équipée de fauteuil ergonomique ou d’écran externe (hors portable) financé par l’employeur.

Cette situation pèse sur la santé des salariés. Près de 40 % des sondés disent être atteints de troubles musculo-squelettiques (TMS) ou de migraines oculaires. Plus préoccupant encore, 45 % des sondés sont en « alerte dépressive » et près d’un sur cinq (19 %) présente un « symptôme dépressif » tel que défini par l’Organisation mondiale de la santé. Ces indicateurs sont encore plus dégradés en cas de non-respect du droit à la déconnexion ainsi que pour les femmes, les agents de la fonction publique et les salariés des petites entreprises.

L’enquête note aussi une dégradation de l’esprit d’équipe : deux tiers des sondés déclarent avoir déjà ressenti de l’isolement. Les managers sont les mal outillés vis-à-vis des risques organisationnels. Moins de 1 sur dix (8 %) s’estime « tout à fait sûr » de pouvoir détecter une situation de mal-être ou de difficulté au sein de ses équipes. Malgré cela, l’enquête relève que moins de 20 % des managers ont eu accès à une formation au management à distance. L’enquête souligne par ailleurs un paradoxe : le télétravail renforce les inégalités femme/homme. Si 80 % des sondés parents déclarent avoir déjà télétravaillé tout en s’occupant de leurs enfants, un quart des femmes précise que le cumul télétravail et garde d’enfants était fréquent – contre 20 % des hommes – et 31 % qu’elles ont dû assumer cette charge seule, alors que ce cas de figure ne concerne que 6 % des hommes.

En dépit de tous ces inconvénients, une majorité de salariés souhaite conserver la possibilité du télétravail, mais cette organisation ne doit pas dépasser la moitié du temps de travail. Selon l’Ugict-CGT, cette situation appelle une évolution des pratiques et des dispositions légales. Sophie Binet, secrétaire générale adjointe de l'Ugict-CGT, estime indispensable que soit instituée une « trêve des mails pendant les temps de repos », tout comme un décompte du temps de travail, une évaluation collective de la charge de travail ainsi qu’un examen des gains de productivité afin que les salariés puissent aussi en bénéficier.
 

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins