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L'accompagnement du télétravail devrait inclure un calcul de la charge de travail

Télétravail | publié le : 05.04.2021 | Lys Zohin

Selon plusieurs experts invités par la délégation sénatoriale aux entreprises pour discuter de l'avenir du télétravail, la responsabilité des élus n'est pas tant de légiférer sur le sujet – au-delà des normes de base à définir, à l'instar du droit à la déconnexion – mais plutôt d'inciter chaque entreprise à nouer des accords collectifs avec les partenaires sociaux. C'est en tout cas la position de Gilbert Cette, professeur d'économie associé à l'université d'Aix-Marseille, soutenu par André-Yves Portnoff, directeur de l'Observatoire de la révolution de l'intelligence à Futuribles et consultant en prospective et management du changement. André-Yves Portnoff estime qu'un élément devrait faire partie des discussions avec les partenaires sociaux, celui d'une nouvelle définition du temps de travail. En effet, « le travail n'est plus une question de présence, a-t-il déclaré, d'autant que le télétravail efface les frontières entre vie professionnelle et vie personnelle, et les idées viennent souvent pendant les moments de relâche », le week-end, par exemple. Comment, dès lors, prendre en compte ces contributions à l'entreprise de la part des collaborateurs ? Ce constat sur l'obsolescence de la notion de temps de travail amène ces deux spécialistes à inciter les entreprises à se pencher sur le calcul de la charge de travail... D'autant que les études montrent dans leur ensemble un accroissement de cette charge lors du télétravail. Mais pour l'heure, « les DRH n'investissent pas sur l'organisation du télétravail », a regretté André-Yves Portnoff, de même qu'ils ne se saisissent pas, ou pas assez, selon lui, d'une autre problématique, de la nécessité d'une révolution managériale. « Le management "non motivant" reste majoritaire en France, et le pays est en retard sur le reste de l'Europe en matière d'évolution du management », a-t-il assuré. Le télétravail comporte des avantages indéniables tant au point de vue environnemental qu'en matière d'accroissement de la productivité, même s'il implique aussi des risques, notamment psychosociaux, que les sénateurs semblent avoir bien en tête. Mais si ces nouveaux éléments, dans le cadre d'un accompagnement du télétravail fondé sur un calcul de la charge de travail et un meilleur management étaient pris en compte, le télétravail pourrait, au lieu d'être source d'inégalités comme il l'est aujourd'hui (entre les hommes et les femmes, les cadres qui peuvent télétravailler et les autres...), devenir un instrument de choix pour l'inclusion dans l'emploi des personnes en situation de handicap, par exemple, de même qu'il pourrait, ne serait-ce qu'en transformant des gares désaffectées en tiers-lieux pour les salariés, devenir un outil de choix pour la renaissance de certains territoires.

Auteur

  • Lys Zohin