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Avenir du télétravail : les perspectives du Sénat

Télétravail | publié le : 21.10.2021 | Lucie Tanneau

Teletravail

Avant la crise sanitaire, environ 7 % des actifs français télétravaillaient (3 % de manière régulière et 4 % de manière occasionnelle). En mars 2021, environ un quart des salariés étaient en télétravail complet. "L’essayer, est-ce l’adopter ?" interroge une délégation à la prospective du Sénat. Les sénateurs Céline Boulay-Espéronnier (Paris, LR) Cécile Cukierman (Loire, CRCE) et Stéphane Sautarel (Cantal, LR), rapporteurs, ont révélé jeudi 21 octobre leurs conclusions. L'objectif n'est pas de légiférer, mais de poursuivre les recherches pour mieux répondre demain aux attentes des entreprises et salariés.

À la question "serons-nous tous télétravailleurs en 2050 ?", les rapporteurs répondent évidemment qu'"une partie encore significative du travail ne peut pas être exercée à distance". "Au mieux la moitié des actifs" pourraient donc être concernés par le télétravail en France, avec une alternance de présentiel et distanciel. Ils notent dès lors l'impact positif sur la productivité à long terme (de 5 à 30 %) particulièrement pour les salariés qui ont des "tâches créatives" et surtout si le salarié est "volontaire". Le télétravail serait donc une "opportunité à saisir" avec des aspects très positifs pour l’inclusion des travailleurs handicapés, pour le travail féminin ("à condition que le télétravail ne se traduise pas par l’imposition aux femmes de nouvelles tâches domestiques"). 

Adopté "brutalement et sans préparation", le télétravail peut néanmoins conduire à "désorganiser les entreprises et peser négativement sur leur compétitivité", mettent-ils en garde, alors que "plus de 80 % des salariés en télétravail durant la crise veulent continuer à télétravailler mais redoutent l’isolement et le manque d’interactions sociales".

Sur ce point, la délégation à la prospection met en avant de nouveaux risques sociaux (inégalité entre ceux qui peuvent télétravailler et les autres, entre ceux qui bénéficient d’un environnement de télétravail confortable et les autres, sédentarité, risques psychosociaux – isolement, déficit de communication, perte de motivation, stress accru –, risque d'une augmentation de la charge de travail et de brouiller la frontière entre vie personnelle et professionnelle).

Exode urbain ou exode français ?

Le télétravail porte une "révolution culturelle" qui doit laisser plus d’autonomie aux travailleurs et pousse à la modernisation des pratiques managériales au sein des entreprises, vers un management par la confiance, constatent les sénateurs. Des pratiques qui nécessitent une appropriation "et de la formation", et posent la question "de la place des échanges directs dans le monde professionnel".

"La déshumanisation des rapports sociaux constitue une perspective redoutable, une rupture avec la nature profonde d’animal social de l’être humain", redoutent-ils.

Ces changements dans l'organisation de l'entreprise qui permettent au travailleur de quitter la ville, pour gagner en confort de vie et en pouvoir d'achat, seraient aussi "vu comme un accélérateur d’une nouvelle tendance à l’exode urbain", notent les sénateurs, même s'il est trop tôt pour disposer de chiffres ou pour "pronostiquer un mouvement massif". "Le télétravail pose la question de l’avenir des quartiers d’affaires, dont le modèle semble obsolète", anticipent-ils, pointant aussi le risque d’une délocalisation hors de France des télétravailleurs "pour des raisons fiscales ou de préférence personnelle". "Il conviendrait de préserver l’attractivité résidentielle de la France pour faire de notre pays une terre d’accueil plutôt que d’exil des télétravailleurs", recommande le rapport. Et, à l'intérieur de nos frontières, "d’achever le déploiement des infrastructures numériques comme la fibre sur tous les territoires, pour ne pas créer des zones blanches de télétravail" et former davantage "aux métiers de la cybersécurité et d'encourager des data center localisés, pour sécuriser les données". "Des télétravailleurs mieux équipés et mieux formés seront plus à même de faire face aux nouveaux risques numériques", conseillent aussi les sénateurs. Avis aux entreprises, responsables de l'équipement de travail de ses salariés.

Pour l'avenir, la délégation plaide pour la réalisation d'études et d'un rapport annuel sur le télétravail qui pourrait permettre de "légiférer sur ce nouveau droit et les devoirs afférents". Les rapporteurs  imaginent aussi la création d'un Observatoire du télétravail pour diffuser les bonnes pratiques.


 

 

Auteur

  • Lucie Tanneau