La fédération SUD PTT a décidé d’assigner le groupe La Poste en justice. « Nous demandons une évaluation sérieuse des risques liés aux activités professionnelles dans le cadre de la pandémie », explique Eddy Talbot, responsable fédéral de l’organisation syndicale, qui pointe l’absence de bilan sanitaire évaluant le pourcentage des effectifs infectés, alors que les données existent. « Les directions intermédiaires et la direction colis d’Île-de-France ont des chiffres sur le nombre d’agents mis en quatorzaine du fait d’une suspicion de contamination et elles les communiquent au CHSCT, affirme Eddy Talbot. Nous demandons que la direction de l’entreprise collecte tous les chiffres disponibles pour établir et communiquer un bilan sanitaire quotidien. Pour l’instant, elle refuse de le communiquer. »
Selon le document qui nous a été transmis, l’assignation porte sur une évaluation des risques professionnels dont « l’urgence implique [qu’elle] se fasse dans les 24 heures de la décision à intervenir ». Elle estime que l’entreprise « dispose de tous les outils pour mener à bien cette évaluation qui doit comprendre, notamment, un recensement des activités postales essentielles à la vie de la nation, une comptabilisation des cas de contamination du personnel, avérés ou suspectés, et des mesures prises pour y faire face, sans oublier l’évaluation des risques psychosociaux ».
Une autre demande porte sur la mise en place de « gestes barrières et de moyens de protection adaptés à chacune des activités de l’entreprise ». Selon le représentant de SUD PTT, « le risque est d’autant plus grand que les postiers manipulent des milliers de lettres, 150 colis par jour, et qu’une personne se touche en moyenne le visage jusqu’à 60 fois chaque jour ». Si Eddy Talbot admet que la distance minimale entre agents est respectée, notamment en raison d’une réduction par deux de l’activité, il note que le taux d’absentéisme « atteint au moins 40 % pour les absences liées au coronavirus (gardes d’enfants, droits de retrait, arrêts maladie) sur un site comme celui du centre financier de La Source. »
Le représentant syndical alerte aussi sur l’augmentation des risques au mois d’avril : « À partir du 7, de nombreux allocataires (allocations familiales, minima sociaux) iront dans les bureaux pour retirer de l’argent car ils ne disposent pas de compte courant. Or il n’y a plus que 1 600 bureaux ouverts (sur 9 000), soit 20 % de l’ensemble, 10 % si on prend pour base les 17 000 points de contact. Sur si peu de bureaux, comment faire respecter la distance entre les personnes ? » Eddy Talbot redoute des situations de violence, voire de panique. SUD PTT indique avoir proposé à la direction de créer, pour ces usagers, des comptes spéciaux associés à une carte de retrait. « Pour l’instant, la DRH du groupe privilégie une solution de distribution au guichet. » Le tribunal de Paris doit se prononcer le 3 avril sur l’assignation déposée par SUD PTT.