L’insatisfaction des salariés atteint une cote d’alerte : 4 sur 10 se disent insatisfaits de leur emploi. Les contrats à durée déterminée ou temporaires affichent des taux encore plus élevés. Par tranche d’âge, ce sont les plus jeunes qui se montrent les plus déçus : 6 sur 10 déclarent leur insatisfaction.
Selon les données publiées par la direction des statistiques du ministère du Travail (Dares)1, près de 4 salariés sur 10 (39 %) ont un motif d’insatisfaction vis-à-vis de leur emploi, soit presque deux fois plus que parmi les non-salariés (23 %). Le type de contrat dessine une frontière nette. Si parmi les salariés en contrat temporaire, plus de 8 sur 10 expriment un motif d’insatisfaction, c’est le cas pour moins d’un non-salarié sur quatre. En isolant les paramètres liés au contrat et au type d’employeur, ce sont les jeunes, les moins qualifiés ainsi que les femmes qui manifestent le plus souvent un motif d’insatisfaction vis-à-vis de leur activité.
Parmi les motifs d’insatisfaction figure en premier lieu le désir de changer d’emploi (12 %). Les salariés souhaitent améliorer leurs conditions de travail, augmenter leur revenu, changer de métier, de secteur ou d’employeur, ou trouver un emploi plus intéressant. Plus de 2 sur 10 (21 %) indiquent désirer travailler plus et 5 % seulement travailler moins. Enfin, 8 % se disent insatisfaits d’être en contrat temporaire, alors qu’ils ne l’ont pas choisi.
85% de salariés en contrat temporaire insatisfaits
Les salariés en CDI se disent insatisfaits à 32 %, ceux exerçant dans le privé l’étant davantage (33 %) que les fonctionnaires ou les contractuels CDI de la fonction publique (27 %). Les salariés en contrat temporaire indiquent à 85 % ne pas avoir choisi ce type de contrat et se déclarent insatisfaits de leur emploi. Ceux en CDD manifestent le plus fort taux d’insatisfaction (86 %), soit 5 points de plus que les intérimaires (81 %). Avoir le choix entre-t-il en ligne de compte ? Les intérimaires indiquent à 41 % avoir choisi leur contrat alors que c’est le cas de 22 % des personnes en CDD.
A contrario, les intérimaires souhaitent plus souvent que les personnes en CDD changer d’emploi et travailler davantage. C’est dans la fonction publique que le taux d’insatisfaction des personnes en CDD est le plus élevé (90 %), soit 4 points de plus que dans le privé (86 %). Pour autant, les personnes issues de cette dernière catégorie souhaitent moins que les personnes du privé changer d’emploi ou augmenter leur volume d’activité. Les chiffres de la Dares montrent aussi que, quel que soit le type de contrat (CDI, CDD ou intérim), les salariés qui veulent travailler davantage sont près de deux fois plus nombreux que ceux qui souhaitent changer d’emploi et ceux qui manifestent ce souhait sont cinq fois plus nombreux que ceux qui veulent travailler moins.
6 jeunes sur 10 mécontents
Par tranche d’âge, ce sont les jeunes qui semblent les plus insatisfaits : six jeunes sur dix âgés de 20 à 22 ans déclarent un motif d’insatisfaction vis-à-vis de leur emploi. Les personnes âgées de 45 ans environ ne sont plus qu’une sur trois à exprimer cette opinion et une sur six parmi celles âgées de 64 ans. Les jeunes manifestent une insatisfaction supérieure sur trois des quatre critères retenus : 37 % de 20 à 22 ans souhaitent travailler plus (9 % des 64 ans), 18 % changer d’emploi (1 % des 64 ans) et 28 % sont en contrat temporaire alors qu’ils ne l’ont pas choisi (4 % pour les 64 ans).
Les cadres se disent moins insatisfaits (30 %) que les employés et les ouvriers peu qualifiés (45 %). La Dares explique ces écarts en partie par les différences de répartition du type de contrat. Alors que 85 % des salariés en contrat temporaire, quel que soit leur CSP, se disent insatisfaits, le taux est bien moindre chez ceux en CDI : 27 % chez les cadres et 35 % chez les ouvriers et employés peu qualifiés. Qui change le plus souvent d’emploi ? Les salariés du privé insatisfaits, qu’ils soient en CDI ou en contrat temporaire, franchissent le pas plus souvent que les autres : 3 % de ceux en CDI l’ont fait sur la période 2021-2022 et 16 % de ceux en contrat temporaire.