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Répondre au syndrome de l’imposteur par la confiance en soi et l’intelligence émotionnelle

Conditions de travail | publié le : 20.01.2022 | Pierre Monclos

Pierre Monclos, DRH de Unow

Pierre Monclos, DRH de Unow.

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Par Pierre Monclos, DRH de Unow

“L’estime exagérée portée envers mon travail me rend très mal à l’aise.” Albert Einstein.

Suis-je légitime ? Un autre que moi ne mériterait-il pas la place que j'occupe ? Ai-je la valeur que l'on m'accorde ? Induit comme une forme de doute "maladif" chez les personnes qui en sont victimes, le syndrome de l’imposteur (ou l’expérience de l’imposture) touche près de 70 % de la population, tout genre confondu. Une condition méconnue mais répandue… Si le sujet est de moins en moins tabou, certains laissent à penser que les personnes atteintes de ce syndrome seraient une chance pour l’entreprise (plus investies, plus empathiques) alors que sur le long terme, il peut même mener au burn-out.

C’est un fait, le syndrome de l’imposteur peut être vécu comme terriblement pénalisant en matière d'épanouissement professionnel. Et si l’intelligence émotionnelle et la confiance en soi permettaient à ceux qui en souffrent d’en éviter les écueils et de révéler tout leur potentiel ?

Un syndrome potentiellement bénéfique ?

La société a une grande part de responsabilité alors qu’elle va trop loin dans l’individualisme négatif et dans le développement des valeurs de compétition ou de comparaison et ce, dès le plus jeune âge. Pour exister, pour être heureux, pour être reconnu, nous devrions être les meilleurs, les plus intelligents, les plus riches, les plus admirés, etc. Saupoudrez sur cela le fait que dans bon nombre de domaines, par la complexité et les changements qui accélèrent, nous devenons autodidactes par obligation et non des experts reconnus comme tels. Ajoutez à cela une dynamique de la performance “à tout prix” dans le monde professionnel et cela donne un contexte aux antipodes de la confiance en soi et amène de plus en plus de salariés à faire cette expérience de l’imposture qui, mal identifiée mène, au mieux au manque d'épanouissement, au pire tout droit au burn-out, et en passant parfois par une baisse de l’estime de soi.

Or pour certains, comme la psychologue Basima Tewfik, ce syndrome pourrait être un atout dans le monde professionnel. Pourquoi ? Parce que les personnes concernées sont souvent plus investies, donc plus performantes et dotés de meilleures compétences interpersonnelles. Cette enseignante du MIT a même poussé une étude auprès de managers, à la conclusion (pas tellement) étonnante : ceux qui ont le moins confiance en eux sont aussi les mieux évalués par leurs supérieurs.

Une chose est certaine : tout salarié peut, avec plus ou moins d’intensité, traverser une période transitoire de syndrome de l’imposteur. Sachant qu’il nuit au bien-être du collaborateur mais renforce l’investissement dans ce qu’il entreprend, le tout est à présent de développer des compétences humaines permettant d’en prendre conscience et surtout, de le dépasser. Et ce, au bénéfice de tous, à commencer par l’entreprise.

1. Développer son estime et sa confiance en soi

L’estime de soi et la confiance jouent un rôle fondamental dans le fait de ressentir, ou pas, le syndrome de l’imposteur. J’entends ici par l’estime de soi l’évaluation que nous faisons de notre être et par la confiance en soi, l’évaluation liée à notre capacité à réaliser quelque chose avec succès. Quand on manque d’estime et de confiance en soi, on appelle plus de sévérité envers soi-même et on laisse toute place au doute quant à notre capacité à réussir quelque chose. On se perçoit alors comme illégitime.

Il s’agit ici de développer notre estime personnelle pour agir et réagir avec sérénité au quotidien :

  • apprendre à se connaître pour booster son estime de soi ;
  • développer sa confiance en soi dans toutes les situations ;
  • s’appuyer sur ses points forts pour muscler sa confiance en soi ;
  • développer sa confiance en soi et son assertivité dans son rapport aux autres ;
  • entretenir sa confiance en soi dans la durée.

2. Nourrir son intelligence émotionnelle

Face à ce syndrome de l’imposteur, il est nécessaire d’utiliser ses émotions comme levier de réussite individuelle et collective. Dire que l’émotion (quelle qu’elle soit) n’a pas sa place dans une entreprise est un non-sens ! Les émotions seront là quoi qu'il arrive, donc autant s'en servir pour alimenter une prise de décision raisonnée. Comment ? En comprenant la logique du processus émotionnel, il est possible de reconnaître ses émotions, de les transformer en critères de décision et leviers d’action. Grâce au développement de son intelligence émotionnelle, il est également possible d’instaurer une culture de la reconnaissance et de la gratitude qui vont permettre de cultiver un climat de travail positif pour garantir son plein épanouissement.

3. Développer la culture du feedback

C’est un fait, nous sommes rarement bons pour nous auto-évaluer. On se sous-estime naturellement assez facilement car dès que l’on commence à devenir bon dans un domaine, on découvre aussi et surtout l'étendue de ce qu’on ne maîtrise pas encore ! Et quand on s’auto-évalue mal, il est difficile d’avoir une bonne base pour progresser. C’est la porte ouverte à l’expression du syndrôme de l’imposteur…

Au coeur de l’entreprise apprenante, la culture du feedback offre à la fois des feedbacks positifs pour se conforter sur ses points forts (et oser capitaliser dessus) et des feedbacks constructifs pour savoir là où on devrait mettre de l’énergie si l’on veut progresser. Cet art du feedback est un socle solide pour éviter tout engrenage lié à l’expérience de l’imposture, pour engager et valoriser et faire progresser les collaborateurs en pleine confiance.

À condition de savoir, et de vouloir, recevoir des feedbacks en toute humilité.

 

Auteur

  • Pierre Monclos