Nicolas Revel, ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée, prend la direction de la Caisse nationale d'Assurance maladie. Il va devoir affronter des chantiers très sensibles comme la généralisation du tiers payant.
Un (presque) inconnu pour remplacer une figure emblématique. Nicolas Revel, désormais ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée, succède à Frédéric Van Roekeghem, en poste depuis dix ans en tant que directeur général de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam). Sa nomination, qui a surpris les observateurs, a été actée le 12 novembre en Conseil des ministres après avoir reçu l’aval du conseil d’administration de l’organisme la semaine précédente.
Cet énarque de 47 ans n’est pas un habitué des cénacles et autres commissions où se discutent l’avenir et la gestion de la protection sociale. Conseiller maître à la Cour des comptes depuis 2010 après avoir travaillé dans des cabinets ministériels et des préfectures, il est surtout un « Delanoë boy », comme de nombreux collaborateurs du président de la République. Il fut porte-parole du maire de Paris dès 2001, puis son directeur adjoint et directeur de cabinet entre 2008 et 2012.
Intérêt général
Là, il a pu toucher du doigt des questions liées à la santé, en supervisant notamment la restructuration de l’AP-HP et les relations avec l’Assurance maladie. « Il a le sens de l’intérêt général et une expérience des situations complexes », affirme un conseiller de l’Élysée. Qui ajoute, laconique : « C’est la rencontre entre un homme et une circonstance. » Traduire : alors que la Cnam prévoit un déficit de 7,7 milliards d’euros cette année, Nicolas Revel est l’un des seuls à avoir accepté la charge risquée de prendre la relève de « Rocky », surnom de l’ancien directeur général.
Celui-ci laisse en effet une empreinte forte après avoir accompagné nombre de réformes, telle la loi hôpital, patients, santé et territoires de 2009. Quitte à se dresser contre le gouvernement. Nicolas Revel, lui, fait figure d’émissaire de l’Élysée. « Mais sans être un factotum ; ce n’est pas son style », assure un ancien collègue à la présidence. Sa proximité avec François Hollande serait une qualité, selon William Gardey, le nouveau président CFDT de la Cnam. « Cela montre qu’au plus haut niveau de l’État une attention forte est portée à l’Assurance maladie », veut-il croire.
Mission ultrapolitique
D’autant que, dès sa prise de poste, le quadragénaire doit affronter des chantiers d’importance. Il va notamment devoir renouer le dialogue avec les partenaires conventionnels. En particulier les médecins généralistes et les spécialistes libéraux, vent debout contre la loi santé remettant en cause la convention nationale et généralisant le tiers payant. Une grève est d’ailleurs prévue entre Noël et le Nouvel An.
Autre défi de taille : gérer un tournant déterminant de cette même loi qui prévoit de confier une bonne part de la gestion du risque, actuellement assurée par la Cnam, aux agences régionales de la santé. Une mission ultrapolitique, « structurelle », selon William Gardey, où il devra faire preuve d’habileté pour naviguer entre des partenaires sociaux attachés à l’« esprit Sécu paritaire » et l’État qui souhaite assurer – voire contrôler – une cohérence territoriale de la politique de santé.