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«  Les pouvoirs publics pourraient à terme imposer un système de retraite de type anglo-saxon »

Entreprise & Carrières | Protection Sociale | publié le : 19.12.2014 | Hélène Truffaut

La société de conseil Eres observe l'évolution des retraites en Europe. Olivier de Fontenay, l'un de ses associés, prévoit que les entreprises auront à compenser le recul du taux de remplacement des régimes publics, y compris en France. Avec, peut-être, une généralisation des régimes de capitalisation sur le modèle anglais.

Vous avez publié, le 15 décembre, les résultats de votre Observatoire des retraites européennes. À quoi cet outil sert-il ?

Nous l’avons créé en 2010 pour analyser, sur la base d’informations issues de l’OCDE et de statistiques d’associations professionnelles, les systèmes de retraite publics et privés, collectifs et individuels en Europe. Le premier objectif est d’observer comment se répartit l’épargne retraite financière (hors immobilier) des Français, le marché hexagonal se distinguant, notamment, par le poids beaucoup plus important des retraites publiques par rapport aux autres pays. Poids qui va forcément décroître.

En Europe, les régimes publics par répartition vont converger vers un taux de remplacement de 40 % en moyenne. À travers ce qui se passe dans les autres pays, où la retraite par capitalisation se généralise, à l’instar de l’auto-enrolment britannique*, nous voyons se dessiner l’avenir du système français.

Quels sont les points saillants de l’édition 2014 ?

En France, les encours de l’épargne retraite financière s’élèvent à 700 milliards d’euros en 2013, en hausse de 3 % par rapport à 2012. Ils représentent 22 % de l’épargne financière totale des Français et 34 % du PIB – la moyenne étant de 77 % du PIB dans les pays de l’OCDE. L’assurance-vie occupe la première place avec 45 % du total. La part de l’assurance retraite collective est de 13 %, celle de l’épargne salariale, de 6 %.


Le point clé est que, sur les dix dernières années, la croissance de l’épargne retraite a été tirée par le développement des produits d’épargne retraite pure et par l’épargne collective. Dans dix ans, l’épargne retraite collective – Perco et article 83 – atteindra, à elle seule, près de 500 milliards d’euros.
Autre enseignement : dans la plupart des pays, la part des régimes à cotisations définies a augmenté. C’est un mouvement inéluctable : les entreprises vont avoir de plus en plus de mal à financer des régimes à prestations définies.

Que retenir de ces faits et chiffres ?

Les entreprises doivent prendre conscience qu’elles devront jouer un rôle de plus en plus important dans la préparation de la retraite de leurs salariés. Et il n’est pas impossible qu’à terme, les pouvoirs publics leur imposent un système de type anglo-saxon. Mieux vaut se préparer à cette éventualité, voire anticiper. En choisissant des régimes à cotisations définies, qui ne sont pas affectés par l’évolution des marchés financiers comme ceux à prestations définies.


* Obligation, pour les employeurs, d’inscrire automatiquement leurs salariés à des régimes d’entreprise (la cotisation étant répartie entre l’entreprise, le salarié et l’État), les salariés ayant la possibilité de sortir du dispositif.

Auteur

  • Hélène Truffaut