En matière de pensions, les agents du public doivent eux aussi se serrer la ceinture. Leur régime de retraite additionnelle par capitalisation prend des mesures sévères pour rééquilibrer ses comptes.
La dégringolade des taux d’intérêt réglementaires, combinée à l’allongement de l’espérance de vie, rattrape le régime de retraite par capitalisation des fonctionnaires. Malgré l’opposition unanime des huit syndicats de la Fonction publique, qui dénoncent « une mascarade », le conseil d’administration de l’Etablissement de retraite additionnelle de la fonction publique (Erafp) a adopté une modification de ses principaux paramètres de pilotage lors de sa réunion du mois de février.
« Le changement d’environnement financier et démographique rendait l’opération vérité inéluctable », plaide Philippe Desfossés, le directeur général de l’Erafp. D’un côté, le taux de rémunération des 20 milliards d’euros d’actifs était devenu inférieur à celui de l’actualisation du passif. De l’autre, l’espérance de vie des affiliés apparaît très supérieure à celle envisagée à la création du régime : de l’ordre de 95 ans contre 87 ans.
Baisse des droits servis
La réforme repose sur trois mesures. D’abord, l’âge à partir duquel la rente (ou le capital) est assortie d’une surcote est décalé de 60 à 62 ans, de façon à « l’aligner sur le nouvel âge de liquidation des droits », justifie Philippe Desfossés. « Cela induit une diminution des droits servis comprise entre 8 et 10 % », dénoncent les syndicats.
Ensuite, la valeur d’achat des points octroyés en contrepartie d’une cotisation obligatoire de 5 % sur les primes versées est relevée de quelque 9 %, à raison de 4,5 % en 2015 puis en 2016. Si la première mesure concerne davantage les agents proches de la retraite, la seconde va plutôt toucher les jeunes.
Débat à venir
Enfin, la valeur de service du point, autrement dit des rentes, restera stable en 2015. « Ce qui ne nous empêchera pas de procéder à une revalorisation en fonction de l’évolution de l’inflation, conformément à notre charte », indique Philippe Desfossés.
Dénonçant cette « baisse brutale de 17 % des droits », les syndicats demandent l’ouverture d’un débat sur l’avenir de ce régime. Un chantier de plus en perspective pour les partenaires sociaux, déjà engagés dans une très délicate négociation pour pérenniser les retraites complémentaires Agirc-Arrco du secteur privé.