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Majda Vincent, DRH France Sodexo : "La Covid a accéléré notre projet de transformation"

Organisation du travail | publié le : 31.01.2022 | Laurence Estival

Pour Majda Vincent, la DRH de Sodexo, les augmentations générales de salaires accordées à tous ne sont que la première étape d'un vaste processus de transformation qui va permettre une meilleure reconnaissance des travailleurs de première ligne. Dans un contexte post-Covid, Sodexo fait partie des entreprises qui ont décidé, malgré les incertitudes, de revaloriser les salaires. C'est donc possible, contrairement à ce que disent certains employeurs….

Majda Vincent : le contexte est certes difficile et incertain, et la restauration collective a souffert pendant la période du Covid. Mais nous avons malgré tout décidé une revalorisation générale de 5 % pour les employés, de 3,1 % pour les techniciens et de 2,8 % pour les cadres qui s'applique à partir du 1er janvier. C'est une façon de reconnaître les salariés qui ont été en première ligne.

Est-ce que vous avez, comme certaines entreprises, en contrepartie de ces augmentations, raboté les sommes affectées à des périphériques tels que l'épargne salariale, la santé, la prévoyance ?

M. V : Non, cela n'a pas été notre choix car cette revalorisation n'est qu'une première étape dans notre projet de transformation de Sodexo qui vise en effet à aller plus loin. Notre secteur doit innover pour s'adapter aux changements des habitudes et des attentes. Demain, les salariés qui dans nos restaurants "tendent " un plat devront présenter une offre plurielle, un service supplémentaire et développer pour cela des qualités de vendeur, par exemple. Nous avons réalisé une cartographie de tous les métiers, travaillé sur les tendances et regardé comment accompagner nos salariés à relever les défis. Avec une volonté de proposer à chacun une montée en compétences pour pouvoir occuper les emplois du futur. Nous sommes d'ailleurs en train de négocier un accord de GEPP afin de faciliter cette transition. C'est ambitieux, mais c'est aussi pour chacun un moyen de continuer à progresser et de se développer. Montrer que l'ascenseur social continue de fonctionner est aussi un signe de reconnaissance.

Vous voulez dire que l'évolution professionnelle est aussi une autre manière d'obtenir une augmentation de salaire ?

M. V : C'est effectivement le cas, mais progresser c'est aussi se développer et apprendre à mieux se connaître. C'est pourquoi nous allons les inciter à se former. Nous avons l'ambition d'investir dans l'apprentissage mais aussi de lutter contre l'illettrisme qui empêche encore trop de salariés de progresser. Parallèlement nous avons lancé un programme de leadership empathique et collectif car nous souhaitons renforcer le lien dans les équipes et épauler les managers pour qu'ils puissent accompagner les salariés dans cette transformation. Cela va prendre du temps.

La restauration collective souffre-t-elle comme les cafés et les restaurants d'un nombre conséquent de départs ?

M.V : Nous avons surtout des difficultés à recruter. Si notre stratégie structurée et volontaire vise également à garder nos talents, son objectif est aussi d'attirer de nouveaux profils. On parle d'employabilité, de futur, de compétences clés, autant de sujets mobilisateurs… Les organisations syndicales ne s'y sont pas trompées : elles ont été associées à ce travail dès le début dans une démarche de co-construction. Nous avons signé un accord de méthode avec la volonté d'aboutir à la fin février. Elles nous ont par exemple sensibilisés sur le sujet de l'illettrisme. Je ne peux pas me prononcer sur la possibilité d'arriver à un accord, mais j'ai l'impression que nous avons tous déjà fait un long voyage…

Vous avez dit en préambule que votre démarche et notamment les augmentations générales de salaires étaient un moyen de récompenser les salariés qui étaient en première ligne. Est-ce que cela veut dire que vous n'auriez pas engagé cette démarche de revalorisation et de montée en compétences sans la pandémie ?

M.V: Le projet de transformation était déjà dans les cartons. La Covid l'a en revanche, il est vrai, accéléré…

Auteur

  • Laurence Estival