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Le travail, cet impensé

Organisation du travail | publié le : 21.05.2023 | Benjamin d'Alguerre

Du mépris à la colère, essai sur la France au travail. Seuil. 12 euros.

Du mépris à la colère, essai sur la France au travail. Seuil. 12 euros

Crédit photo Éditions Seuil

Ce pourrait être le testament syndical de celui qui, après avoir piloté la CFDT pendant onze ans, s’apprête passer le relais à Marylise Léon au mois de juin prochain. Une feuille de route adressée aux futurs dirigeants de la centrale pour garder le cap du chemin parcouru. Mais non. L’opuscule de 140 pages que vient de sortir Laurent Berger au Seuil sonne plutôt comme un coup de gueule contre une classe politique qui ne pense guère plus la notion de travail. Et si le syndicaliste réserve quelques coups de griffes à une droite qui ne considère plus la « valeur travail » que sous le seul angle du coût qu’il représente pour l’employeur, il réserve l’essentiel de sa diatribe à une gauche française qui n’a « jamais été travailliste » et qui a « souvent vu le travail comme un élément d’exploitation avec une vision misérabiliste. Sans doute parce que cette gauche n’a pas réuni en son sein assez de travailleurs ». Une critique qui n’oublie pas les centrales syndicales – à commencer par la sienne – qui, focalisées sur la seule lutte contre le chômage de masse en ont négligé des années durant de phosphorer sur le concept même de travail.

« Les politiques de la gauche et de la droite sociale devraient, je crois, réfléchir sur cette question sans œillères idéologiques », suggère Laurent Berger. Car, selon lui, de l’explosion des gilets jaunes aux promesses non tenues faites aux « travailleurs de deuxième ligne » pendant la crise sanitaire, en passant par la généralisation du télétravail ces dernières années, il y a urgence à produire à nouveau de la doctrine sur cette question. Sous peine que le vote RN ne devienne le seul débouché du mécontentement sourd de toute une classe non reconnue de travailleurs. « Refuser de se confronter à ces sujets, les ignorer, c’est nourrir le sentiment de mépris ou d’abandon que l’on a entendu s’exprimer dans les cortèges hostiles à la réforme des refaites et qui pourrait se transformer en une colère mortifère pour la société, l’économie et notre cohésion sociale », prévient le cédétiste, qui appelle aussi le patronat à lâcher du lest en matière de temps de travail, d'organisation du travail ou d'instauration du dialogue professionnel au sein des entreprises. Autant de dossiers brûlants, alors que s'engage, à Matignon, une concertation sur la qualité de la vie au travail.

Du mépris à la colère, essai sur la France au travail. Seuil. 12 euros.

 

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre