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Conditions de travail, l'enjeu clé du recrutement

Organisation du travail | publié le : 27.02.2023 | Gilmar Sequeira Martins

Dans de nombreux secteurs, parmi lesquels le secteur dit « HCR » (hôtellerie-café-restauration), mais aussi les activités médicales et médico-sociales (aide à domicile, etc.), les conditions de travail restent un obstacle au recrutement. Plus de 200 000 salariés travaillant dans les restaurants et les hôtels ont bifurqué durant la crise sanitaire et manquent encore cruellement à l’appel. L’Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) a dû se résoudre à chercher de nouvelles recrues en Tunisie et son nouveau président, le cuisinier Thierry Marx, n’a pas hésité à soutenir l’initiative des pouvoirs publics en vue d’accorder des titres de séjour spécifiques pour les secteurs « en tension » afin de satisfaire les besoins en main-d’œuvre. En Moselle, des représentants locaux de l’Umih ont même imaginé un dispositif permettant de prendre en charge durant la période d’essai le loyer des candidats venant d’autres régions. Ces difficultés ont d’autant moins de chances d’être aplanies que deux phénomènes vont réduire encore les marges de manœuvre. La réindustrialisation de l’économie française ainsi que la transition énergétique et écologique vont susciter une forte demande de talents.

Faute de latitude sur les salaires, nombre d’entreprises n’auront guère d’autre option que de proposer des conditions de travail améliorées. Une étude publiée en 2018 à partir de données provenant des cinq dernières éditions de l’enquête européenne sur les conditions de travail place la France en mauvaise posture. Elle montre en effet que les travailleurs de l’Hexagone, tout comme ceux de Grèce et d’Espagne, sont parmi les plus exposés. Dans ce groupe, la France se distingue par la « dégradation lente, mais persistante, des conditions de travail » qui engendrent « une vulnérabilité face aux risques liés au travail supérieure à la médiane européenne ». La même étude relève que les pays nordiques, à l’exception de la Finlande, de même qu’une majorité des pays d’Europe centrale mettent en œuvre de meilleures conditions de travail et se distinguent par une moindre vulnérabilité de leurs travailleurs.

Que faire ? Une étude sur les relations entre conditions de travail et formes d’organisation peut nourrir utilement le débat. Elle établit en effet les liens pouvant exister entre quatre types d’organisation – les modèles d’organisation apprenante, en lean production, taylorienne et simple – et les conditions de travail (contraintes physiques, horaires et cadences de travail). Si l’auteur en déduit que si l’organisation apprenante est, sur la plupart des critères, celle qui est associée aux meilleures conditions de travail, il indique aussi que les « innovations organisationnelles » mises en place depuis la fin des années 1980 ont rarement pris en compte l’amélioration des conditions de travail. Le changement de paradigme du marché de l’emploi va peut-être débloquer cette situation.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins