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Comment combiner représentation syndicale et expression directe des salariés ?

Organisation du travail | publié le : 02.05.2022 | Gilmar Sequeira Martins

Les multiples voix d’expression des salariés peuvent-elles être coordonnées pour améliorer la qualité du travail et la performance des organisations ? C’est le thème de dernier livre publié par La Fabrique de l’industrie. Rédigé par quatre spécialistes1, "Dialogues social et professionnel : comment les articuler ?" dresse d’abord un état des lieux. Il constate que deux formes de dialogues coexistent dans les entreprises. D’un côté, le dialogue professionnel, soit l’ensemble des échanges entre les membres d’une équipe de travail, les collaborateurs et les managers, ou encore entre les départements d’une entreprise ; de l’autre, le dialogue social, soit les échanges entre représentants du personnel ou syndicats et les représentants de la direction. Les auteurs admettent que ces deux formes de dialogues sont souvent présentées comme opposées. Plusieurs raisons y concourent : d’abord, elles n’impliquent pas les mêmes acteurs, ensuite les auteurs relèvent que le modèle de relations sociales en France est très centralisé et donc moins favorable à la "voix directe" que les systèmes qui favorisent les accords locaux ; enfin, ils estiment l’expression directe des salariés constitue un point de tension entre syndicats et direction, les premiers y voyant un levier pour les contourner.

Ce processus classique n’a pourtant rien d’inéluctable. Exemples à l’appui, les auteurs plaident pour une autre articulation entre ces deux modes d’expression des salariés. Ils notent en particulier que la pratique du dialogue professionnel est une forte attente des salariés, constituant même selon eux un facteur d’autonomie et de santé au travail à travers le développement de leurs "capabilités" ainsi que des dynamiques d’intelligence collective et coopérative. Ils estiment donc nécessaire d’associer les deux modes d’expression des salariés afin de placer la qualité du travail au cœur d’une démarche coopérative impliquant des acteurs – salariés, managers, directions et syndicats – aux objectifs pourtant différents. Les syndicats auraient beaucoup à y gagner selon les auteurs. Cela leur permettrait de renouer avec un plus grand nombre de salariés alors que la désyndicalisation continue de gagner puisqu’à peine un salarié sur dix en moyenne est syndiqué. Les syndicats ont-ils vraiment intérêt à soutenir une démarche favorisant le développement de l’expression directe des salariés ainsi que leur autonomie ? L’ouvrage a le mérite de poser la question et de nourrir le débat.

(1)  Michel Sailly, ancien ergonome chez Renault, conseiller et formateur sur le travail pour la CFDT ; Aslaug Johansen, ancienne consultante du travail à l’ARETE ; Per Tengblad, ancien consultant en travail et chercheur en vie professionnelle à ATK Arbetsliv (Suède) ; et Maarten van Klaveren, ancien consultant social et chercheur sur la vie au travail à STZ (Pays-Bas).

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins